Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

jeudi 20 novembre 2008

samedi 8 novembre 2008

Merci aux éditions Zulma



Chaque rédacteur du jeudi 6 novembre se sera rendu depuis un ordinateur sur le site des éditions Zulma pour y suivre les instructions d'écriture proposées aux visiteurs lecteurs d'après les livres d'Hubert Haddad.

http://www.zulma.fr/jeu.html


Rose Mansion

Le monument des lettres closes

Une femme se penchait sur la rivière par-dessus le parapet rouillé. Une veuve, à la tristesse ridicule, jetant un regard plein de dérisoires espérances vers le lieu de son crime, un regard empli de promesses oubliées et de tortures passées. Plantée sur ce semblant de balcon comme un poignard factice dans le corps d'une piteuse comédienne de théâtre, elle avait caché, loin dans le labyrinthe de son esprit, le mouchoir carmin de sang qui gisait dans sa main. Le noir se faisait de plus en plus profond. Assurée des prodiges de la miséricorde chrétienne, elle répétait ses prières comme des litanies de mendiant, errant comme endormie parmi des arceaux d'abbaye. Un duel au pistolet aurait mis fin à cette nuit de carbone, mais elle était seule. Un bijou aux reflets troubles ornait son poignet blanc, presque transparent. Un souvenir d'une nuit d'ivresse. Muette, elle enveloppa le corps dans les draps et le porta jusqu'à la grève, on eût difficilement trouvé de plus grand monument.

Repas avarié

Je suis bien placé pour savoir que personne, personne dans ce monde, n'est totalement innocent. Même la casserole est responsable quand le caramel brûle, ça rassure les cordons bleus à la petite semaine. Vous savez, ceux qui pensent que des pâtes trop cuites sont le petit jésus en culotte de velours.
Qui aurait pu s'attendre à une telle abomination, même si depuis longtemps la rumeur faisait état des mœurs hors normes de monsieur le professeur, de ses relations pas toujours très recommandables. Il paraît qu'il fréquente beaucoup le lido, et aussi une de ces maisons bien particulières, celles avec des dorures et des glaces, même au plafond. Celles où se tiennent les pages les plus croustillantes de la littérature de gare, celles d'où l'on sort avec des griffures dans le dos. Dès l'entrée, une furieuse envie de pousser la fille dans la soupente de l'escalier et d'en fermer le verrou à double tour lui traversa l'esprit. Il n'aurait plus alors, qu'à offrir des chrysanthèmes à sa mère et des roudoudous à son fils. En bon fasciste repenti qu'il était il garda une expression plus plate qu'une limande à cette pensée.
C'est alors que je vis la branche poindre au-dessus du mur. Près des violettes qui avaient dépéri à cause du trichloréthylène. Celui qui tue les rapaces protégés tout en nettoyant la faïence, elle avait disparu cette teigne. Crachant son venin derrière son éventail parfumé. Le genre de démon poudré, une guimauve au poivre, qui nettoie sa gorge à l'hypochlorite de sodium..

Guillaume Bure

Tu vas maintenant connaître le malheur, tout ce qui a pu te paraître mauvais jusqu'à maintenant ne sera plus que désir. Tu ne connais plus rien maintenant, le vent va devenir un gaz très dangereux et tout le reste va aussi se transformer pour te détruire. Tout en le touchant avec un air malsain mais droit, en affichant toute son arrogance, il n'a pas hésité à lui rappeler qu'il aurait pu subir bien pire et que ce qu'il subissait était une loi moins violente que les précédentes. Malheureusement la glace ne se brisa pas et elle devenait de plus en plus solide. On se rend enfin compte que les phrases bien longues ne sont que de la merde.

Patrick Gaïaudo

QUANT A LUI :
Il grimpait dans la boue sans penser au lendemain, et savoir qu'il allait bientôt rencontrer sa fille, ne l'éprouvait pas, ne lui provoquait aucune angoisse, bien au contraire.
Grimaçant, et couvert de terre rouge, il rayonnait de tous ses gestes...
Une fois sur la cime, son carnet à spirale dans les mains, il lut les retranscriptions de ses rêves ; tous ceux d'une année et d'une traite.
Il savait que cela le motiverait à dévaler la pente, mais quels liens pouvait-il bien faire entre cette rencontre et ce défi de grimper d'un trait cette montagne dans la journée ?

QUANT A ELLE
Sans candeur, elle recula la peur au ventre. "Est-ce lui"??
Suspendue à cette angoissante question, sa seule réponse fut de courrir vers l'avant, comme le font sans doute les nuages poussés par le vent. "La fuite est un piège à con, mais je préfère encore cela que voir la mort sous un réverbère, je choisis de fuir."
Elle fit volte-face. Ebouriffée, elle sauta dans le bus 112, sans égard pour le lieu qu'elle quittait et avec l'espoir que l'autobus l'amènerait sans tarder à son appartement. A son arrivée, elle lâcherait c'est sûr une grande émotion nourrie de larmes...
Ce sentiment d'abandon n'avait jamais été aussi intense qu'aujourd'hui. Avant cet événement elle évoquait toujours le mauvais sort pour parler de ce père, qu'elle n'avait vu qu'à sa naissance..

Marion Parpirolles

Être rongé par l'ennui, cela faisait partie de son charme. Lors d'une nuit trop chaude il comprit que ce sentiment serait vain. Peu lui importait qu'il fût loin d'être beau ou laid . Ailleurs, il commencerait une marche pour ne plus être mal. Soudain un hurlement retentit de la fenêtre ouverte, suivi d'un silence de plomb au centre de la pièce. C'était une femme qui était toujours seule et qui avait perdu la tête.

Avec une habitude majeure, la tache noire sur sa joue et ses mains très froides, chatoyaient. Elle se mit à balancer ses cheveux très courts et ses jambes, en une union envers le vide du ciel qui ne touchait pas le sol. Fallait-il pouvoir y voir un signe ou un motif du destin ? Des gâteaux trop cuits ou bien un trouble ? Sa grâce est d'autant plus convoitée qu'elle semble imprenable telle la glace des ténèbres. Crie fort ! Prends un verre d'eau. Avant ça, il y a d'abord eu une utilisation d'un autre événement noir, majeur et primordial en ce qui nous concerne. Arrête! j'ai peur, ça me fait mal au dos!.

Emma Bourgin

C'était ces mêmes motifs ridicules qui faisaient de sa robe un pyjama avec lequel il était possible par je ne sais quelle opération du Saint Esprit de se retrouver téléporté aussi bien dans Tetris que dans n'importe quelle église du trou paumé où nous vivions dès l'instant où l'on fermait les yeux. Ah Tétris... Que de couleurs ! Que de souvenirs de fins de soirées passées à pianoter sur la console les cheveux décoiffés par le grattement des méninges. L'arrivée de l'obscurité à cet instant m'amena à LA révélation. C'est non sans courage qu'en déployant un à un chaque orteil de mes pauvres pieds, en m'appuyant lourdement sur mes talons râpés par les cailloux qui servent de sol, déployant mon corps meurtri et levant les bras au ciel, boulversé, je compris qu'une croix était l'assemblage d'un même élément fondateur : la ligne. Et que cette dernière pouvait aussi bien être verticale qu'horizontale sans être déformée. Elle m'évoquait vaguement l'eyeliner de mon œil calciné à cause des longues soirées passées devant ce jeu au caractère malsain. "L'aube approche et que tu es en pleine crise d'insomnie mon chou. Tu es sans nul doute encore sous le choc de notre dernier week-end culturel. Je ne pensais pas que le traumatisme serait si difficile à évincer. Tu ressembles plus à la croûte d'un triste fromage moisi qu'à la rosée dépareillée du matin. Oui, un malheureux bougre bohème qui au lieu de sombrer dans l'alcoolisme décida de noyer sa peine dans la fusion des lignes, cher amour. Il avait une sœur qui était jalouse du leggins rose dont il se servait pour éponger la tache d'huile de tournesol répandue sur la moquette après une soirée frites. - Evidemment, plutôt que d'avoir à soutenir la loque humaine qu'est son frère au moindre verre de daïquiri, elle préférait le voir se salir les mains et inhaler toutes ces fioritures toxiques. Son altruisme étant inexistant il était clair qu'elle préférait qu'il se suicide seul en toute intimité..

Estelle Kongo-Bacary

VOYAGE

Avant d'y parvenir, j'étais dans les transports en commun. On n'y voit ni le ciel, ni les arbres, ni les toits de Paris. Seulement la foule qui s'agglutine contre les vitres. On n'y voit rien. Dans le métro, je lisais un livre dans lequel le mot "rivière" m'a interpellé. Une certaine corrélation avec les tunnels dans lesquels je passais.

Je l'avais déjà vu. Ma gorge s'est resserrée, ma langue gonflait, ma mâchoire me semblait trop étroite. L'autre fille s'est marrée. Il se recroqueville sur lui-même. Elle prend un sac en plastique et l'étouffe dans son lit.
Cela n'a pas suffi. Elle est alors d'une humeur électrique, perd son contrôle... Il suffoqua. Je ne sentais plus mes lèvres, elles étaient endolories. Je ne voyais pas de solution à mon problème. Je l'ai enfermé dans la réserve où était disposé tout l'outillage. J'ai alors paniqué. J'ai entendu le grincement de ses ongles creuser dans la porte.

Un vieu marabout m'a conseillé de faire bouillir l'eau iodée à la bougie pour soulager la douleur. J'ai eu une hallu ? C'était lui ? J'ai enfilé ma robe de chambre, et acheté des billets d'avion sur internet pour fuir. Le liquide est devenu noirâtre. Avant de partir, j'ai mis le tout dans la sacoche. Il trébucha. Il n'avait pas vu la chaise. Le sang ruisselait sur les carreaux de faïence.

Cette histoire est insensée. Ma mémoire flanche.

Ophélie Gélu

Je m'étais assise à la table. Deux personnes pouvaient s'y installer mais une chaise restait vide. Regardé de loin, le bouquet de fleurs bleues posé sur la table devait ressembler à une étoile. Je restais là à me souvenir d'images de mon enfance. Je me souviens de maman, ce matin-là elle portait un plat qu'elle sortait du four. Quant à mon père, dans son pantalon vert, celui que maman détestait, se dirigeait vers la bibliothèque les bras surchargés de livres. Mes souvenirs se brouillent à partir de ce moment-là je ne sais plus pourquoi mais je sais que peu de temps après il est parti très énervé en faisant ronfler le moteur de la voiture alors qu'elle restait à la maison rangeant les assiettes dans le placard. Elle avait racommodé la veille cette horrible chose verte qu'il portait en partant. Elle avait remplacé l'élastique trop tendu par un autre plus lâche, puis s'était occupée de la nappe. Je me souviens aussi de l'école... le film que l'on a dû regarder nous montrait comment les enfants fabriquent nos chaussures à la main. Il leur est impossible de laisser leur trousse remplie de matériel fermée, au risque de retrouver la porte de leur atelier fermé le lendemain. Aujourd'hui mes parents forment toujours ce même couple. Lors de leur promenade ils se sont assis sur le même banc. Ils restent là, assis l'un à coté de l'autre, l'air pensif. Tout deux regardent la foire installée non loin de là. Le vent faisait voler en tous sens les ballons que tenait un petit garçon. Sa veste ouverte claquait à cause du vent. En passant devant une petite maison tout à fait charmante il regarda par la fenêtre pour voir si quelqu'un y habitait.

À titre d'inspiration, ont été utilisées des citations des livres suivants :

> La Clef des ombres de Jacques Abeille
> Garden of love de Marcus Malte
> Les nuages noirs s'amoncellent de Chen Ming
> Silence d'un amour de Jean-Philippe Domecq

Etienne Safa

Le dernier Songe.

Le vent apportait des landes arides une odeur de possière, tandis que le murmure d'une cascade lointaine se transformait en une ode naturelle. Il imaginait l'eau agitée de l'étang qui devait certainement se former sous la chute d'eau. Il se voyait au sommet de la falaise, au centre du courant, se dressant sur un rocher éventrant la rivière et projetant son regard perçant dans tous les recoins du paysage. Il était comme piégé entre l'arbre et la terre, aplati par tant de masse, enveloppé de toutes parts dans ce linge naturel qui commençait à se transformer en linceul. Il pensait que ce matin, comme chaque matin, il avait mis son vêtement écailleux puis était sorti de sa tanière pour sillonner son territoire. Il était parti à la recherche de proies potentielles afin de satistaire son appétit qui, comme s'il n'en avait pas assez d'avoir l'estomac dans les talons, était en plus un fin gourmet et difficile qui plus est : ses mets devaient être de bon vivants, clairs et fruités au pelage et légèrement dodus sans pour autant être trop gras ! Il attendit toute la journée avant de voir passer un petit convoi comportant une lapine et ses progénitures... un grondement se souleva de son estomac, annonçant le glas de toute la petite famille. Il s'était assis sur une grosse pierre. Elle gisait sur la berge d'une petite rivière à présent tarie, formant un petit obstacle que le courant aurait contourné gracieusement. Il aurait bien aimé qu'il fasse un peu plus frais. Qu'il pleuve aurait été une bénédiction, mais dans cette région c'était trop demander. L'acoustique des lieux répercutait le chant de la cascade malgré la distance qui les séparait et le faisait résonner dans sa tête, attisant sa soif. Ses yeux étaient à moitié clos, et il commençait déjà à rêver : le murmure de la chute d'eau se transforma en grondement d'orage, et bientôt la pluie déferla sur les landes. Son esprit voguait à présent sur une mer déchaînée, assourdi par le tonnerre et aveuglé par les éclairs, quand soudain tout s'estompa : les eaux s'étaient transformées en un vaste champ d'herbes verdoyantes qui ondulaient doucement. Devant lui se tenait une petite fille aux cheveux roux. Un vent vigoureux mais cependant d'une tendre douceur soulevait ses cheveux et caressait son visage.

Justin Delareux

Un silence sporadique, un automne mélancolique en personne.
Un livre comprenant un titre rébarbatif, le genre de chose qu'on lit sous la pluie.
Son regard me perd et le temps se sauve comme un objet lointain.
Un monologue aux paragraphes ennuyeux, un horizon bien brumeux.
Le reflet de ses larmes irritait ma rétine.
Je ne trouvais aucun mot bien orthographié pour provoquer la résonance..
"undefined" répète la radio "undefined". Nous sommes seuls.Tout le temps.
Tout seul face à un livre au sujet peu passionnant avec un trop plein de lumière.
Par la fenêtre une neige fragile attirait mon regard, l'incertitude d'une chute, le vacillement de sa silhouette.
Eh bien voila une conclusion affligeante en peine de substantif...

Lola Dubois

Texte N°1-

"D'ailleurs, je ne connais pas plus ordonné qu'elle, si tu voyais son armoire, tout y est rangé d'une manière si ordonnée, à l'exception de ses chaussettes bien sûr !". Elle n'est pas comme toi tu sais, as-tu vu l'état de tes espadrilles craquées ?? Je croyais que tu prenais soin de tes affaires, et d'ailleurs, il me semblait qu'à l'école de gym tu ne faisais que des roues, roulades ou autres cabrioles de ce genre... Tu as besoin de tes espadrilles dans ce cas-là ? Elle dégoulinait comme si elle sortait de la douche, c'est alors que l'homme eut la gentillesse de lui offrir une pomme bien verte. Elle faisait peine à voir la p'tite avec son pull troué, on pouvait remarquer qu'elle n'osait même pas se regarder dans la glace. C'est alors qu'Alice lui proposa de l'emmener faire un tour de mobilette (rouge et toute neuve en plus!!), malheureusement, son long manteau se prit dans la chaîne, ce fut la fin de la découverte à mobylette... Pour lui, ce fut un choc, tel un verre brisé. Je crois même que s'il avait eu un miroir en face de lui, il l'aurait balancé à terre tellement la colère était forte.


Texte N°2-

Après lui avoir prêté son grand cheval de course, il lui avait ordonné de nettoyer la grange. Elle remonta donc ses manches trop longues et opéra la corvée tel un ouragan. Du matin au soir. La maison mal lavée était mon pire cauchemar, on aurait pu croire qu'une tornade avait traversé l'espace, en dévastant tout sur son passage. Tout comme après avoir inspecté la cuisine (le lieu du crime), je ne compris pas pourquoi il ne restait plus qu'une seule cuillère dans le lave-vaisselle. En revanche, la chemise tachée de sang aurait dû nous mettre sur la piste, elle était trop extravagante, elle lui aura porté malheur, au lieu de la porter à la campagne il aura dû s'envoler pour les tropiques... Car dans mon souvenir, il n'y avait aucune tache étrange dans l'évier, dans mon souvenir, il y avait tout de même une étonnante fuite d'eau. Du pain grillé était écrasé par terre, il y en avait PARTOUT!! Après avoir nettoyé, j'ai déposé toutes les poubelles sur le trottoir d'en face pour ne pas être remarquée ! Sur la table commune, une épée était enfoncée dans l'un des yeux d'un crâne, un crâne délicatement déposé sur un oreiller (pourquoi?). Dans l'assiette avoisinant la pièce funèbre, se dégageait la fumée de ses nouilles trop salées... D'une main je pris l'assiette à bout de bras et l'emmenai directement au plus profond de la poubelle.

Marielle Pottier

Mon père était parmi les chasseurs, le genre de chasseur qui vous tue avec son souffle.
le genre aussi, trop sévère qui ne vous donnera jamais une part de gâteau... Privant sa famille des plaisirs simple de la vie.
Sa cruauté lui joua bientôt des tours, il avait embauché une étudiante, et celle ci ne pouvait plus supporter son manque d humanité et dans un exces de colère, alla bidouiller la voiture avec un élastique afin que papa se retrouve avec le volant bloqué!.
Fallait-il y voir un signe du destin?
Bien entendu. La roue tourne et c est pas moi qui le dit! Mais je sentais dans la voix de papa que son humeur avait été ébranlé.
Il nous montra du doigt l'étudiante et moi, le doigt inquisiteur!
Il piqua une de ces crises qui fait retentir dans ma tête la voix d'un soldat hurlant "tous à couvert"!
Cette tempête nous faisaient pleurer l' étudiante et moi.
on essayait d' assécher nos larmes en faisant de nombreux travaux manuels ensemble
pour se soutenir mais au final c'est la boite à mouchoirs qui prenait une claque..
C'était seulement alors que mon père avait compris pourquoi l'étudiante avait chipoté de cette façon.
Et connaissant ses humeurs, je savais que les poussées violentes qui le caractérisait n'avait plus rien à voir
avec cette foutue morale qu'il se vantait de nous inculquer.
Je ne savais plus où me mettre. Peur de me retrouver seule avec lui, ou qu'il finisse par frapper l'étudiante si fort qu'elle pourrait finir comme Poppy !
Poppy c'était ce petit Whippet que l'on avait à la maison et qui avait disparu le jour où il avait mordu papa.
Souvent je divaguais et pensais à ma vie si je devenais une vis, une vis qui servirait à faire tenir une pièce avec une autre.
Le genre de vis qui a des yeux et qui parle comme à la télé dans ma série préférée "l'île imaginaire"!
Penser à ce genre de choses était ma façon de m'évader !
Maman dessinait à la peinture rouge des petites croix sur l'écorce des arbres.
Je crois qu'elle faisait ça, car elle était sous l'emprise de l'opium.
Elle avait même pris ce qu'elle croyait être des champignons hallucinogènes qui se révélaient être en fait de simple morilles...
C'était sa façon de s'évader et d'échapper à papa.
Mais elle avait bien d'autres techniques qui ont abouti au fait qu'elle n'avait plus qu'un nez sans narines,
car elle avait inhalé du café en poudre ! Tristes conséquences de notre situation...
Toutes les horloges se sont donné le mot pour aller désormais très très lentement.
Comme si le soleil était devenu volage ne s'occupant plus de faire tourner le système au rythme régulier des montres suisses ;
mais il allait rencarder la lune et allait lui préparer de bons p'tits plats, mijotés dans cette bonne vieille casserole, la grande ours !.
Je me glissais sous ma couverture polaire et observais ce ciel et cette bonne vieille casserole, la grande ourse.
lorsque j'eus l'impression qu'un canadair déversant de l'essence se dirigeait vers la maison....

Jocelyn Gasnier

L'éponge du temps
Dans les sabliers le sable est devenu du gravier. Dehors un chien court, il semble rattrapé par le temps, cette surface collante le tient, il ne court plus maintenant. A ces mots Marie baissa la tête, elle prit le balai pour ramasser les débris d'assiettes qu'elle avait jetés sur le sol puis se dirigea vers le sac poubelle. Elle s'assit devant la table et cassa quelque noix jetant les coquilles vides dans le tonneau à ordure. Sur cette valse au goût de neige je repensais à elle, n'arrivant plus à dormir. Elle est si légère, mais ces rêveries furent troublées par le disque rayé. Le son devint compote et je ne voyais déjà plus son visage. Un homme s'introduit alors dans mon rêve, il la prend violemment par la chevelure puis la frappe contre le carrelage orange. Sa tête n'est plus que de la pâtée écrasée. C'était une mouche qui avait dû être attirée par les gaz dégagés de sa pauvre peau de crapaud. Cette peau qui me rappelle ces fois ou elle allait se baigner dans le port, là où les dégazages étaient effectués. Elle portait son grand maillot de bain qui était bien trop petit pour son gros corps. Elle se faisait lacérer par son une-pièce formant des bourrelets ficelés. C'est pour cela que je suis aujourd'hui dans ce train. Après le grand pont je serai arrivé. Je trouverai cette éponge dont les médecins m'ont parlé à travers leur grandes tirades sensées aux airs scientifico-charlatans.

Thomas Dussaix

Telle la puce sur le chien cette petite fille gênante me dérangeait comme personne. La scène tenait du septième art, je sentis le crayon dans ma poche. Nous étions dans la sombre forêt d'automne typique, je vis un tuyau à mes pieds. L'orage dans l'air se sentait, l'électricité entre nous ne passait pas. Elle me parla de la machine à café cassée tandis que les nuages obstruaient le ciel. La chaise tombe au sol et l'un des barreaux se casse. L'artiste déchu que je suis se trouva devant le rocher froid de l'épreuve. Il remit le clavier et la souris, tomber de la table, sur le canapé. Le paysage abstrait qui nous entourait me rappelait le tableau de cet artiste français dont je n'arrive pas à me rappeller le nom.

Qui êtes-vous ?

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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist