Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

mardi 27 octobre 2009

Vous vous changez, changez de Kelton

Changement d'air
changement de direction
changement de saison
changement de situation
changement d'heure
changement de partenaire
changement de pays
changement de patrie
changement de voiture
changement de chemise
changement de télé
changement de portable
changement de train
changement d'avenir
changement d'avis
changement de coiffure
changement de certitudes
changement de maison
changement de métro
changement de destination

changement
changement

on change bien d'âge ne pourrait-on pas changer de souvenirs cesser de ressasser à chaque saison recommencée les remembrances des jours anciens gravées dans le métal du crâne ? Comment changer ces refrains inépuisés - je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître - vous vous changez, changez de Kelton - tout change tout change - Changez-moi s'il vous plaît ces Aznavour et ces Boris Vian ; ou bien si, écoutez les chansons, gratuitement sur Deezer, lisez bien les paroles, gratuitement et tout aussi immédiatement sur votre écran, vite repaissez-vous de mes souvenirs, de mes refrains qui tournent en boucle, et trouvez-moi s'il vous plaît, puisque l'époque aime la mémoire jusqu'à épuisement, trouvez-moi ce refrain des années 70 vantant le changement de montre Kelton, qui s'en souvient je n'en ai jamais eu tandis que des Swatch oui mais de chanson avec les Swatch non.
Récompense assurée.
Trop tard, cliquez ci-dessous :


Claude Lothier


Changements : C'était mieux avant par Rose Mansion


C'était mieux avant, je n'avais pas peur d'après.

C'était mieux avant, j'étais malade, mais c'était mieux.

C'était mieux avant, j'avais juste à apprendre, rien de vraiment utile, mais je savais.

C'était mieux avant, je ne bougeais pas, maintenant je titube.

C'était mieux avant, je pouvais encore dire: « J'ai pas fini ma croissance. ».

C'était mieux avant, je savais où j'allais, dans le mur, mais je savais.

C'était mieux avant, j'avais encore 20 ans, quand on m'appelait madame, je pouvais me rassurer toute seule.

C'était mieux avant, ils me connaissaient, maintenant ils croient seulement.

C'était mieux avant, je pouvais dire: « J'ai réussi »; désormais, il faut que je réussisse.

C'était mieux avant, il me restait encore des recettes à tester dans mes livres de cuisine.

C'était mieux avant, l'absinthe, c'était de la vraie.

C'était mieux avant, les rails n'étaient pas protégés.


samedi 24 octobre 2009

Changement, par Maëlle Simon

engloutissement d'un grain de riz par le sac
engloutissement dans une bouche de métro
engloutissement de mauvaises pilules successives
engloutissement d'une culture par une autre
engloutissement de mots qui ne font plus sens
engloutissement de ce texte indigeste
engloutissement dans nos draps
engloutissement du linge par la machine à laver
engloutissement du fric par la caisse
engloutissement engourdissement
engloutissement alourdissement
engloutissement d'un monde poussiéreux par l'aspirateur
engloutissement sans sens
engloutissement du petit par le plus grand contenant
engloutissement qui ne peut plus contenir
engloutissement éclatement
engloutissement jamais plus
engloutissement

Changement, par Agathe Lacoste

Rencontre, une première fois, tout seul au milieu d'autres seuls. Ou presque.
La communication s'installe.
Se voir tous les jours, réfléchir ensemble.
Se voir tous les jours, ne plus partager.
S'entrevoir tous les jours et s'en détester.
Oublis entre fous rires niais.
Changement.
Rencontre.
S'apprendre.
Aimer.
Trouver et construire.
Et là, perdre.
Désormais construire sans.
Ça marche plus ou moins.
C'était mieux avant ?
Différent.


Changement, par Cécile Laporte

Communiqué du 11 Avril 2029
Citoyens, citoyennes,
En vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous instaurons aujourd'hui la règle du changement journalier. Le progrès réside dans le changement. Dorénavant, ce afin de servir le désir progressiste de notre gouvernement, chaque jour sera sujet au changement. Chaque règle établie jusque là devient obsolète. Revoyons toutes les bases de notre société.
Ainsi, chaque jour vous changerez de nom, vous changerez de famille, de lieu d'habitation, de travail. Vous changerez vos habitudes de vie, vos amis.
Tout citoyen se soustrayant à cette obligation se verra puni d'une amende sévère pour avoir fait obstruction à la bonne volonté du régime qui souhaite améliorer la vie de ses citoyens.

Pour le changement et le progrès.

Le parti progressiste.


Extrait du Times, 12 avril 2029

Pour répondre au communiqué d'hier, un homme a écrit à la bombe noire sur la façade de l'assemblée "Pour le progrès changeons de Régime et de gouvernement".


mercredi 14 octobre 2009

Le médiateur urbain selon Rose Mansion

Petit Manuel à l'usage des futurs médiateurs urbains


Votre mission, Ô combien importante dans notre société en pleine destruction, sera d'être le lien social, la conscience amicale des citoyens qui s'ignorent.

Quelques règles de base:


-Soyez souriants, mais pas trop, sinon on va croire que vous voulez vendre quelque chose ou défendre les pauvres petits enfants avec nos sous.

-N'essayez jamais de mettre en relation des êtres dont les convictions sont clairement et radicalement opposées : Supporter de l'OM et du PSG, fans de Lorie et de Craddle of Filth, membre de la jeunesse UMP et militant écologiste...

-En cas de conflit, fuyez, notre association rejette toute responsabilité en cas de dommages matériels ou humains lors de l'exercice de vos fonctions.

-Soyez polis, on n'est pas chez Doucet!

-Ne vous étonnez pas si vous avez des réponses du style : « J'ai pas le temps! », « J'ai pas de monnaie. », « J'ai déjà parlé à votre collègue ce matin. » Ces personnes pensent sans doute que vous œuvrez pour une quelconque œuvre caritative dont l'utilité est moindre comparée à celle de votre mission.

-Si les gens auxquels vous tentez de parler sont : au téléphone, branchés sur leurs MP3 ou sur une autre source sonore, quelle qu'elle soit; abstenez vous de la leur arracher en la piétinant par la suite pour le bien de la cohésion sociale. Vous êtes des pionniers, ne l'oubliez pas. Les gens ne sont pas habitués, ni conscients de l'utilité de votre tâche, il ne comprendraient pas votre action.

-N'interrompez jamais une conversation contenant les mots : « permanente, laque, coupe, shampoing ou couleur. ». Les coiffeuses ont un rôle prépondérant dans notre quête de la communication citoyenne, il n'est nul besoin de leur expliquer qu'elles doivent parler.

-De même, ne vous approchez pas si vous entendez des expressions telles que : « Non, j'hallucine!!! », « Ah nan mais trop, quoi! », « Sérieux? C'est grave de la loose! ». Ces conversations sont sans doute d'une importance capitale.

-Si les gens s'enfuient à votre approche, il vous est interdit de leur faire un croche-pied ou de les frapper avec votre sac pour les forcer à s'arrêter. En tout cas, si vous le faites, assurez-vous de ne pas aller jusqu'à mettre en péril leurs capacités d'élocution.

-Ne vous asseyez pas dans la rue avec un cahier pour écrire en attendant que des gens arrivent, ils risqueraient de vous regarder bizarrement.

Bon courage!


samedi 10 octobre 2009

Médiateur urbain : Karine Blin

médiateur urbain…


Fatiguée, elle vient d’aller prendre son bébé à la crèche. Elle pense déjà à ce qu’elle pourrait bien préparer pour dîner. Passage obligé à Monoprix. Le bébé pleure, elle tente de le calmer mais sans succès. Avec urgence elle choisit quelques légumes frais et entame une longue file d’attente à la caisse numéro 2. Le bébé s’est enfin calmé. Soulagement. A la sortie du Monoprix, comme à chaque fois qu’elle n’a pas le temps, elle croise une collègue, une pipelette qui ne se lasse jamais de raconter mille chiantises auxquelles il faut, bien sûr, sourire et feindre un certain intérêt. Comment s’en dépêtrer? Se demande-t-elle en cherchant un stratagème discret. Heureusement, son débit de paroles démesuré s’arrêta net :

suite 1: elle vit arriver avec un air qu’elle sentit menaçant un homme grand, vêtu bizarrement, plutôt avec un mauvais goût certain. Il les aborda avec un franc bonjour, et dit tout calmement et bien distinctement « ça fait déjà plusieurs fois que l’on vous voit en train de papoter au nez de gens qui n’en ont que faire et qui ne savent comment vous le faire savoir gentiment ! En tant que médiateur urbain je dois vous interrompre et vous demander de cesser cette pollution auditive car elle s’étale beaucoup trop dans le temps et a toutes sortes de répercussions infécondes. Je vous remercie de votre compréhension et vous prie de maintenant dire au revoir. La ville vous remercie de votre collaboration. ». Après ça, bien obligée de tourner les talons, la mine fermée; désarçonnée par cette intervention qu’elle espérait ne pas revivre encore, elle s’en alla sans plus qu’un au revoir discret, presque muet.

Ou suite 2: quand elle entendit son portable sonner. Le « je te laisse » qu’elle émit fut comme une libération. Le tram vient de passer, on va être en retard ti moun, dit-elle à mi-voix à son enfant. Assise à l’arrêt, la poussette à ses côtés, 11mn d’attente. Une femme à vélo traversait la place, la suivant du regard ses yeux tombèrent sur une autre femme, stéréotype même de la cinquantenaire BCBG brillante des chaussures au fard à paupières en passant par la ceinture et le sac évidemment. Cette caricature ambulante marchait d’un pas décidé, surement pressée elle aussi. Cette image la laissa songeuse, elle se mit à repenser à une autre femme à la même allure, à ce même maquillage pseudo-chic et ne put s’empêcher d’avoir des regrets. Il s’agissait d’une de ses belles cousines. Celle-ci l’avait beaucoup inquiétée lorsqu’elle était encore enceinte, et lui ayant transmis son stress à travers de trop nombreux récits plus catastrophiques les uns que les autres. Cela allait des malformations qui n’avaient pas été décelées aux échographies, en passant par des placentas qui ne nourrissaient plus le bébé, aux poumons trop peu développés des prématurés… toutes ces histoires l’avaient angoissée durant sa grossesse. Sortie de ses pensées par l’arrivée du tram bondé, elle prit place et se replongea dans ses souvenirs. Elle avait envie de revoir cette belle cousine et de lui dire le fond de sa pensée. Puis, en un mouvement elle saisit son portable et l’appela. Sans aucune introduction, ni quelconque politesse elle lui dit qu’elle ne voulait plus jamais avoir affaire à elle et que sa maladresse n’avait d’égal que sa stupidité et ô combien elle avait été blessée de ce comportement. Les gens interloqués d’entendre une telle discussion regardèrent tous le médiateur assis là et enfin il se décida à aller la voir. Une fois la conversation terminée, il lui dit de ne plus reproduire d’échange aussi virulent dans un lieu public sinon les médiateurs urbains devraient agir en conséquence. Il la salua et retourna à sa place, encore une intervention bienveillante du médiateur urbain.

vendredi 9 octobre 2009

Le médiateur urbain de Maëlle Simon

Le médiateur urbain.

Elle part. « Oui, on se voit plus tard » dit-elle à ses collègues, qui entre deux gestuelles de clopes, se parlent « taf ». « Ok, salut ». Elles sont submergées, ça se voit. L’heure de la reprise a sonné. Lui, (ce jeune garçon) qui semblait comme mis entre parenthèses, a finalement bien vu ces femmes filer et prit son sac Adidas, pour se caler à leur place. Son regard vogue dans le vide. Mais son oreille capte un air de guitare, d’un homme assis là-bas. Puis sonne la cloche, puis sonne encore le tramway. Un laps de temps. Un verre se casse. « Eh bien voilà ! Eh ben voilà ! » Dit-on. Cela interpelle le serveur et les tables avoisinantes.

Les autres qui n’ont pas l’air en lien, l’air de rien, s’appliquent à changer de trajectoire pour éviter la rencontre. D’autres se concentrent à baisser les yeux ou regarder à côté et prétextent un « je ne sais quoi, je ne sais qui » pour esquiver l’autre.


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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist