Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

lundi 15 décembre 2014

Images découpées, reliées par Claire Berrebi


Comme sur un fil tendu, le canard avançait.
Se balançant de gauche à droite, hors de la mesure, entre les arbres.
Imaginant son mécanisme interne.
Chaque partie assemblée, devenait dans l'esprit, l'image du corps humain découpé.
Puis, ré-assemblé, mélangé ou ordonné.
À cet instant, sous la pluie, ma brûlure rappelait à mon cerveau la douleur.
Là, je voulais être automate, ou découpée, pour changer de pied, et continuer à avancer.

L'avenue était interminable.

Claire Berrebi

Claire Berrebi va loin

Les cartes

Prendre Tverskaya ulitsa et continuer sur 123 m 0 m 0 min
Prendre à  droite Tverskoy bul'var et continuer sur 927 m 123 m 0 min
Continuer tout droit Malaya Nikitskaya ulitsa et continuer sur 131 m 1,1 km 2 min
Prendre à  droite Spiridonovka ulitsa et continuer sur 806 m 1,2 km 3 min
Prendre à  droite Sadovaya-Kudrinskaya ulitsa et continuer sur 321 m 2,0 km 4 min
Continuer tout droit Bol'shaya Sadovaya ulitsa et continuer sur 233 m 2,3 km 5 min
Prendre à  droite Triumfal'naya ploshchad' et continuer sur 338 m 2,5 km 5 min
Continuer tout droit 1-ya Brestskaya ulitsa et continuer sur 974 m 2,9 km 6 min
Prendre à  droite Tverskaya Zastava ploshchad' et continuer sur 91 m 3,9 km 8 min
Prendre à  gauche Tverskaya Zastava ploshchad' et continuer sur 4,2 km 3,9 km 8 min
Moscou - Madrid 07:00 – 10:20 Iberia 3143 5h20 Madrid – Lisbonne 22:45 – 23:00 Iberia 3118
1h15
Prendre à  gauche et continuer sur 101 m 0 m 0 min
Prendre à  droite et continuer sur 28 m 101 m 1 min
Au rond-point, prendre a  gauche et continuer sur 14 m 129 m 2 min
Prendre à  gauche et continuer sur 584 m 143 m 2 min
Prendre à  droite et continuer sur 105 m 727 m 11 min
Fin de zone pi®¶tonne : Continuer avec votre v®¶hicule et continuer sur 17 m 832 m 12 min
Au rond-point, prendre à  droite et continuer sur 9 m 849 m 12 min
Prendre à  droite et continuer sur 264 m 858 m 13 min
Au rond-point, prendre à  gauche et continuer sur 750 m 1,1 km 13 min
Au rond-point, prendre à  gauche Avenida Eug®¶nio de Andrade et continuer sur 570 m 1,9 km 15
min
Prendre à  droite Eixo Central et continuer sur 683 m 2,4 km 17 min
Au rond-point, continuer tout droit Avenida Santos e Castro et continuer sur 901 m 3,1 km 18 min
Prendre à  gauche Avenida do Brasil et continuer sur 268 m 4,0 km 21 min
Prendre à  droite Avenida de Roma et continuer sur 353 m 4,3 km 22 min
Continuer tout droit Praça de Alvalade et continuer sur 115 m 4,6 km 23 min
Continuer tout droit Praça de Alvalade et continuer sur 1,2 km 4,8 km 24 min
Prendre à  droite Avenida João XXI et continuer sur 147 m 6,0 km 27 min
Prendre à  gauche Avenida João XXI et continuer sur 170 m 6,1 km 28 min
Prendre à  droite Avenida de Roma et continuer sur 122 m 6,3 km 29 min
Continuer tout droit Praça de Londres et continuer sur 730 m 6,4 km 29 min
Continuer tout droit Largo do Leão et continuer sur 60 m 7,2 km 31 min
Prendre à  gauche Rua Carlos Jos®¶ Barreiros et continuer sur 274 m 7,2 km 31 min
Prendre à  gauche Rua de Arroios et continuer sur 597 m7 ,5 km 33 min
Continuer tout droit Largo de Santa Bárbara et continuer sur 29 m 8,1 km 35 min
Prendre à  droite Largo de Santa Bárbara et continuer sur 72 m 8,1 km 35 min
Prendre à  gauche Rua de Santa Bárbara et continuer sur 300 m 8,2 km 35 min
Continuer tout droit Paço da Rainha et continuer sur 196 m 8,5 km 36 min
Continuer tout droit Largo do Mitelo et continuer sur 50 m 8,7 km 37 min

Continuer tout droit Campo dos Mártires da Pátria et continuer sur 156 m 8,7 km 37 min

Bangkok-Tunis-Rémi-Hertich




GOGOLMAP.CON

Indiquez votre recherche :
Position initiale : Hôtel Bangkok
Destination : Marché des boucheries de Tunis

Type de trajet : Le moins cher
Véhicule : Aucun



1. Sortez de votre lit il est 17h, il serait peut-être temps de faire quelque chose de votre vie. 

2. Fermez la porte en sortant

3. Prenez les escaliers, sans courir.

4. Dites bonjour à la dame de l'accueil en sortant.

5. Couvrez - vous la tête le soleil frappe fort dehors.

6. Prenez le passage piétons et marchez à l'ombre il fait moins chaud.

7. Tournez à droite.

8. Tournez à droite.

9. Après un certain temps tournez à droite.

10. Allez à gauche ça vous changera les idées.

11. Après, 10 fois votre âge divisé par votre poids multiplié par la somme de votre compte en Suisse plus 30 mètres tournez à droite. 

12. S’il est 17h45 allongez-vous sinon attendez 2 minutes et ensuite allongez-vous.
(Important : Il est primordial d'être allongé en travers des rails du tramway)

13. Ça porte malheur.

14. Mourez et réincarnez-vous en Youssef.
(Ne vous plaignez pas vu votre Karma)

15. Ça n'en finit pas…

16. Sortez du lycée Al kader sans se faire voir du surveillant.
(C'est ça de retourner en seconde).

17. Débrouillez-vous pour aller au marché des boucheries après-tout vous êtes né ici.


ANNULER L'ITINERAIRE



GOGOLMAP.CON

Indiquez votre recherche :
Position initiale : Hôtel Bangkok
Destination : Marché des boucheries de Tunis

Type de trajet : Très cher


404 - Erreur
Page not found



dimanche 14 décembre 2014

Maëly Massereau regarde attentivement deux fragments de plans

Ils s'étaient vus pour la première fois à l'école. Elle, était en première année, lui, en troisième. Un matin, alors qu'ils ne se connaissaient pas encore, ils allèrent tous les deux se promener, à l'aube. Lui, habitait rue Stalingrad, elle, rue Berthelot. Ils se dirigèrent tous les deux près du fleuve et se retrouvèrent subitement l'un devant l'autre. La rue était exiguë, le soleil presque levé. Ils continuèrent à marcher à travers Toulouse. Ils ne partageaient pas les mêmes centres d'intérêts mais la même folie enfantine les animait. La fin de l'année arriva si vite qu'elle n'avait pu entreprendre ne serait-ce que la moitié de ce qu'ils avaient prévu de faire ensemble. Tandis qu'elle avait été acceptée en deuxième année, son projet à lui était de retourner en Amérique du Sud pour travailler et y faire ses études. Elle ne pouvait pas le suivre, il ne pouvait pas rester. L'été terminé, chacun repris ses études de son côté. Elle, avait travaillé durant toutes les vacances, lui, était parti commencer sa nouvelle vie en Amérique. Il se retrouva dans la ville de Valparaiso. Il se croyait dans un véritable arc-en-ciel. Toutes les maisons étaient colorées. La gaieté et la bonne humeur embellissaient chaque coin de rues. A Toulouse, les rues étaient maussades. Un soir, elle s'allongea sur son tapis. Il faisait nuit, les lumières de la ville illuminaient sa fenêtre. La cheminée était allumée et lui faisait oublier la fraîcheur de l'hiver. Tout à coup, son téléphone sonna...

Maëly Massereau

samedi 13 décembre 2014

Deux textes de Marine Biron

Premier texte (dialogue) :

- Ils sont tous partis...
- Tu crois que les chiens sont sur lui ?
- Peut-être bien...
- Mais ça ne te fait rien ? Tu dis ça d'un air agacé, est-ce que je me trompe ?
- Oui, non... enfin non. Tu as bien raison, mais que veux-tu, on est planté là dans une grange à attendre que ça se passe. Et ça me tracasse, parce que je me dis que ça aurait pu être n'importe qui, toi, moi, ta famille, la mienne... Vois-tu ce que je veux dire ? 
- Oui, je suis entièrement d'accord avec toi, mais si on était intervenus, il serait peut-être pris entre les pattes de ces molosses. Là, je suis sûre qu'il a réussi à s'en tirer. Du moins, se cacher en attendant, que nous, les animaux de bonne foi se réunissent demain pour s'organiser afin de le retrouver sain et sauf. 
- Parfait ! Nous allons faire cela, tous s'unir contre cette vermine ! A nous tous, nous arriverons à vaincre ces molosses !

Deuxième texte :

Energie potentielle, énergie cinétique, pesanteur, force de frottement, vitesse, accélération, fréquences, célérité de la lumière, relativité, physique quantique, mécanique...
Tant de termes qui nous entourent, tant de théorèmes, tant d’hypothèses, tant de découvertes, tant de recherches, tant de calculs, tant de sciences, tant de phénomènes.
Tant de choses, de comportements encore que nous ignorons, il nous reste tellement de choses à découvrir.

Marine

Leïla Grandin voyage

Oisif


J’étais étendu dans l’herbe en plein milieu de Brookside Park. Il faisait beau, c’était la pause du midi, et les yeux fermés, j’entendais, les gens parcourir la rue Sherman Dr, quelques pigeons qui picoraient les miettes de sandwich tombées sur les trottoirs, et le bruit sourd des voitures qui filaient sur la 70. J’étais bien, je m’imaginais parcourir les rues de New York, à l’aise, à sentir le parfum des roses du fleuriste du quartier,
À Marcher dans la rue. 
Simplement.
Rencontrer des femmes.
Observer les gens attendant leur train sur le quai d’une gare.
Et se retrouver seul sur le pont d’un bateau.
Lier conversation avec un inconnu.
Parler du temps qu’il fait.
Être irresponsable.
Être oisif.
Dormir jusqu’à midi.
Ne pas savoir comment on va faire pour payer les plaisirs de la vie.
Rêver.
Avoir faim.
Avoir soif.
Rêver ! 
(…)
J’étais étendu dans l’herbe en plein milieu de Sengoku Ryokuchi Park. Il faisait gris, c’était la fin de l’après-midi, j’avais la bouche pâteuse, celle que l’on a après une longue sieste, et j’entendais les vitrines des restaurants du coin s’ouvrir, il n’y avait pas grand monde, c’était calme. Il y avait une odeur de coriandre et de citronnelle qui commençait à chatouiller mes narines. J’avais dormi pendant 2h, et j’étais fatigué. Fatigué. Je pris la décision d’aller manger un bout à l’un des bons restaurants de Sengoku pour refaire le plein d’énergie. Je ne savais plus trop si j’étais à New York dans un quartier chinois, ou bien ici. 
J’errais… 
Je marchais lentement. 
Calme. 
Seul. 
Dans la nuit.
À me laisser guider par l’incertitude.


D’après des cartes de Google maps.



mercredi 10 décembre 2014

mardi 9 décembre 2014

Une ombre se balançait…

Une ombre se balançait…1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4… Elle était là debout sur cette balançoire et fixait un point devant elle…1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4… et c’est au retour, au point 1, que l’ombre, si haute dans son élan, se décomposa ! L’ombre, d’un seul coup, s’était perdue entre les lignes d’un nouveau visage, plus précisément d’un passant qui marchait par là, près de cette balançoire jaune, située au bout de cette avenue nommé « Goway ». Ce passant avait une très longue barbe, il était directeur d’une usine de charbon, et remontait l’avenue Goway pour retrouver son ami physicien dans un café du coin. Une fois au café, le passant serra la main de son ami. Ce dernier le regarda dans les yeux, et lui dit : _Tu as les lignes du visage sombres mon amis, repose-toi, tu as l’air habité par de mauvais esprits ! Le passant lui répondit : _Non, non, tout va bien, il s’agit sûrement de vieilles traces de charbon et d’un peu de sueur, cette journée fut très éprouvante.
Le passant qui parlait à son ami avait vraiment l’air d’avoir perdu ses esprits…L’ombre était coincée et pesait sur l’esprit du passant. Fiévreux il n’écoutait plus son ami, et comptait jusqu’à 4 dans sa tête, sans arrêter…1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4… sa tête commençait à fumer, le physicien le remarqua, et l’emmena près de la statue au « pied brûlé », et lui dit : _Tu es au point B, mais le point A veut que tu passes par C, D et E pour arriver vite au point F. F, c’est-à-dire prendre conscience que tu dois laisser partir cette noirceur qui t’habite aujourd’hui. Laisse-la partir ! Le passant, qui avait le regard dans le vide, se mit à regarder la statue, et au bout de 4 temps, fit partir l’ombre et tomba dans le sommeil. L’ombre repartit sur sa balançoire… 1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4…


Léïla Grandin d’après un corpus d’images proposées par Claude Lothier

Léïla Grandin

L’épi de blé

Will à part, se dit que Van ne se laisse pas aller à ce qui l’habite, ni ne le repousse. Il a l’énergie d’affronter l’énergie.
Van : Je t’entends penser Will, je te conseille d’abandonner la croyance d’après laquelle des puissances qui sont au-dessus de nous se mêlent personnellement de nous aider mais ce n’est pas ça… je te conseille de faire un tas de bêtises et de ne plus penser.
Will : Décidément… et si je ne suis pas mes pensées, que suis-je Van ?
Van : Si tu prends un épi de blé, tiens en voilà un, et que tu enlèves un par un chacun de ses grains, que reste-t-il ?
Will réfléchit…: la tige de l’épi de blé avec ces petites particules vides…
Van : Et qu’est-ce qu’il y a dans ces petites particules comme tu dis ?
Will : Il n’y a rien.
Van : Mais si regarde bien, ne réfléchis pas !
Will : Quoi donc ?
Van : Il y a de l’air, des petits bouts d’univers. Ton art de vivre se trouve là-dedans, dans ces petites particules VIDES comme tu dis.
  


D’après un extrait de Van Gogh ou l'Enterrement dans les blés 

de Viviane Forrester

lundi 1 décembre 2014

Lumière éteinte, par Elise André

Lumière éteinte
Air chaud Air froid
Air froid Air chaud
Un pendule balance
En un tic tac potentiel / cinétique
Pendule perturbé
Perdu entre ces membres tordus et élastiques
Mouvement de circulation
Air chaud Air froid
Air froid Air chaud
Ca chute
Ca perd l'équilibre
Ca chute et chut !
Ça n'en peut plus de ce pendule qui balance
Allongé là, comme un bloc
Ca tire, ça froisse
C'était la chute et zut !
C'est bloqué là.
Fauché comme les blés
Ça se sert et ça se desserre 
Ça refroidit doucement.
Ça agrippe son poignet
Ça le saisit de la main droite
Le pendule est là, toujours là.
Air chaud Air froid
Air froid Air chaud
Cette mécanique de chair
Cet instrument non accordé
Ça tourne, hélice infernale
C'était la chute, et ça a fait mal
C'était la luthe-
terie tout entière en "la"
Une note mal jouée ça donne ça
Et ce pendule qui ne se freine pas
Chut
Chute
Chut
Chute
Air chaud Air froid
Air froid Air froid.

Elise André 

Cadavre exquis par Quentin Geslan

Cadavre exquis


D'un trait se dessine une ride
au-dessus du front,

Deux yeux observant le balancement d'une silhouette
droite,

étude des énergie variables du corps en mouvement, en apesanteur.
Balançoire balance automatique à peser la carne
finira 
en
Fumée

émanant d'une pauvre combustion re-fluidifiant l'organique dans un sens qui lui est propre. Posture accroupie. De bas en haut.

Et toujours d'un trait se dessine un nez une bouche faisant penser au geste de Matisse. 
Collage fragmenté découpe en deux

un portrait
un canard mécanique
à l'arrêt.

Entre deux arches du pont de briques
circulent sur des rails
dans des bacs
de la matière première
décomposée, recomposée

en apesanteur

Deux hommes barbus
détachés de l'extérieur, des autres,
des discussions et des bruits de verres,

sans doute installés sur une assise molle et confortable,
attendent impassibles l'arrivée de leur train.

Il leur faudrait un tour de passe-passe, une étincelle
pour
vers l'avenue
revenir
à la réalité.

Quentin Geslan

Gabrielle Choi, Rituels

Peut-être pour la soixantième fois maintenant, je me dirigeais comme chaque matin vers le petit garage. Mes pas s'enfonçaient légèrement dans la terre battue humide. L'air chargé de minuscules gouttelettes d'eau m'engourdissait dans la torpeur dont je m'étais arrachée quelques instants plus tôt. Il faisait encore nuit, une ambiance grise, de brouillard, mais étrangement l'hiver n'était pas encore là. Arrivée face à la vieille porte en bois, j'exécutai pour la énième fois le même geste machinal. Ma main droite saisissant dans ma poche le trousseau de clés, cherchant la bonne d'une seule main du bout des doigts, j'introduisis la clé dans la serrure, pour faire élever dans le silence matinal un grincement aigu par un pivotement sec de la porte bleue à la peinture écaillée. A l'intérieur, je découvrais sans surprise mon vélo adossé au mur, resté là sans broncher toute la nuit. Nous voilà partis pour une course de 4 km. Le parcourt est plus ou moins difficile. Dès le départ, une petite pente s'annonce comme pour m'encourager. Douce et engageante je me laissais aller, mon poids me suffisait pour avancer. Pourtant très vite, par la vitesse, le vent froid s’engouffrait et s'infiltrait dans mes vêtements par les espaces qui avaient échappé à mes précautions d'emmitouflement. Les frissons me gagnaient. J'avais le sentiment de n'être pas encore tout à fait réveillée, et la présence de cette brume épaisse transformait le réel en fantôme. Les seules touches de couleurs n'étaient que les yeux flamboyants des voitures qui se succédaient le long de ma route et au loin, passant sur le pont au-dessus de la Sarthe, la grande silhouette de pierre, vieille bâtisse religieuse se dressait dans ma vision troublée.

Gabrielle Choi

Maëly Massereau perdue dans ses pensées à partir de quelques images

Elle était assise sur un rocking-chair, une bougie posée à côté d'elle. Sa main, qui flottait au-dessus de la flamme, lui suffisait à se réchauffer. Perdue dans ses pensées, elle regardait les gouttes d'eau qui glissaient le long de la fenêtre du salon. Elle se balançait, s'aidant d'abord de ses jambes. Elle les replia ensuite afin de se laisser bercer. Nous étions en hiver, la radio était allumée. La voix pleine de pureté d'Ella Fitzgerald embellissait la pièce et réchauffait son teint blafard. Elle portait une chemise en satin qu'elle avait trouvé au grenier le matin même. Elle avait l'air d'une femme. Le téléphone sonnait, mais elle ne répondait pas. Soudain, une main lui attrapa violemment le poignet...




















Maëly Massereau

Journal d'un Plasto-Ramasseur, par Rémi Hertrich

Jour 751

Voilà deux semaines que j'erre sans relâche à travers l'immense déchetterie qui fut autrefois Paris. A bord de mon canard mécanique à vapeur je parcours les décombres à la recherche de plastique. Voilà 751 jours que tout pétrole à disparu de la terre. Le plastique recyclable est l'or nouveau de ce monde. 

Jour 752

Plutôt satisfait de mon achat, le canard mécanique à vapeur est de loin le moyen de transport du plasto-ramasseur le plus commode. Son bec, puissant et précis permet d'extirper la moindre matière plastique incrustée dans les parois. Le système à balancier de ses jambes en fait un véhicule tout terrain mais paradoxalement confortable. Son maniement me rappelle la balançoire de ma jeunesse. Ce sentiment de flottement quand le balancier est à son potentiel maximum pour se relâcher jusqu'à basculer à son potentiel opposé me repose. 

Jour 760

Je tombe sur une usine à charbon. Un autre élément fossile de notre planète mais celui-ci est substituable. Tous les arbres de toutes les avenues de Paris y sont passés. Quand il n'y eut plus d'arbres, ce fut la fin de la feu capitale. Le dernier train qui menait à Paris coûtait très cher pour acheminer le bois et la vie urbaine devenait impossible, par son prix, par sa fumée noire épaisse polluant l'air. 
Cette usine est belle et bien nettoyée. Pas une trace de charbon. Mon canard commence à en manquer. Il me faut une alternative. 


Jour 763

Suis-je bête, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt… Les standards téléphoniques. La fin du plastique et de la vie moderne aidant, le téléphone à charbon était revenu de mode. Les gens avaient brûlé tout le bois mais en avaient oublié les téléphones. 

Jour 770

Mon canard est foutu. Il me faut trouver un émetteur et un récepteur à lampe d'urgence pour contacter de l'aide. Au cas contraire il me faudra marcher jusqu'à mourir de faim.

Jour 789

Quelle triste faim. 


Rémi Hertrich


Archives du blog

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist