Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

lundi 19 janvier 2015

Elise André parle du paquebot France de 1913

- Plaisir de décrire -
L'extérieur et tout l'intérieur de ce grand corps
Ce grand corps allongé & puissant
A la ligne élégante et souple
Dont la force a je ne sais quelle grâce
Formidable et subtile.
Dédale des sens,
Dont l'idée seule suffit à donner le vertige
Perfectionné, beau et raffiné
Se laisser entraîner à parler du charme
où se mêle le spleen du mouvement de la mer
L'espoir des aventures,
La nostalgie des rivages abandonnés
Sur quelque palais des Mille et Une Nuits glissant sur les flots.

mercredi 14 janvier 2015

Hiver 1915


Je suis dans la salle à manger des enfants, dans ce grand corps élégant et puissant : le paquebot « France ». Le luxe et le style de ses aménagements lui valent le surnom de « Versailles des Mers ». Le paquebot incarne modernité et présente de nombreuses innovations technologiques. Ce qu’il y a de particulier dans ce paquebot, c’est le temps figé. Un temps comme arrêté par le spleen de la mer, un temps de rêveries sans fin. Les mots, faits et gestes, sont en fait totalement bouleversés, nous ne savons plus "quand" nous sommes. Comme dans un labyrinthe, la difficulté est de se retrouver.

Dans cette salle à manger, un enfant est endormi, son assiette encore pleine de sauce aux champignons, de viande froide, il est le seul assis sur sa chaise en osier 1er classe, la tête à peine sur la table, retenue par ses jeunes mains. On entend la mer. Pas de fenêtre, des tables bien lustrées, des chaises en osier raffinées, une lumière très douce. On entend la mer. Mais vers quel nouvel horizon allons nous arriver ? Cela n’a pas trop d’importance, à première vue, ici, les voyageurs sont terriblement silencieux, le moindre mot chuchoté dans un couloir, dans un salon, s’entend à plusieurs mètres. Ici, la discrétion est terrifiante. 

Leïla Grandin

Passible Géant


Ma physionomie improbable, décimétrique, rocambolesque a tendance à faire fuir le regard. 
Et pour cause, mon œil droit s’échappe vers un infini qui m’échappe.
Parfois lorsque le regard d’une belle, insulté par mon apparence, me rabaisse, je me rassure doucement. Je me dis alors que cette coquette maladresse, dont le destin a voulu affubler mon profil, me procure une certaine ivresse.

De là où je suis, les gens sont différents, pas étranges, mais dissonants. La mélodie qu’ils font réunis ne forme aucune cacophonie.
Au contraire, leurs mouvements forment une orchestration des plus intéressante. 

De là où je suis, les couleurs sont pastel. La lumière est claire. Cela donne l’impression que la matière est éclairée à revers.  Cela ne veut pas dire que les couleurs sont agressives au contraire, elles sont ternes.  Le bleu usé arrive par petites touches apeurées et le jaune délavé cingle le pauvre gris pommelé.

De là où je suis, l’espace a l’air de se craqueler. De longue et de petites écailles cernées de blanc se chevauchent, se côtoient. Leur organisation m’échappe.  Comme la destination finale de mon œil droit.

Peut-être cherche-t-il la suite de ce paysage ?

Koré Préaud

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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist