Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire
mardi 27 octobre 2009
Vous vous changez, changez de Kelton
Changements : C'était mieux avant par Rose Mansion
C'était mieux avant, je n'avais pas peur d'après.
C'était mieux avant, j'étais malade, mais c'était mieux.
C'était mieux avant, j'avais juste à apprendre, rien de vraiment utile, mais je savais.
C'était mieux avant, je ne bougeais pas, maintenant je titube.
C'était mieux avant, je pouvais encore dire: « J'ai pas fini ma croissance. ».
C'était mieux avant, je savais où j'allais, dans le mur, mais je savais.
C'était mieux avant, j'avais encore 20 ans, quand on m'appelait madame, je pouvais me rassurer toute seule.
C'était mieux avant, ils me connaissaient, maintenant ils croient seulement.
C'était mieux avant, je pouvais dire: « J'ai réussi »; désormais, il faut que je réussisse.
C'était mieux avant, il me restait encore des recettes à tester dans mes livres de cuisine.
C'était mieux avant, l'absinthe, c'était de la vraie.
C'était mieux avant, les rails n'étaient pas protégés.
samedi 24 octobre 2009
Changement, par Maëlle Simon
engloutissement dans une bouche de métro
engloutissement de mauvaises pilules successives
engloutissement d'une culture par une autre
engloutissement de mots qui ne font plus sens
engloutissement de ce texte indigeste
engloutissement dans nos draps
engloutissement du linge par la machine à laver
engloutissement du fric par la caisse
engloutissement engourdissement
engloutissement alourdissement
engloutissement d'un monde poussiéreux par l'aspirateur
engloutissement sans sens
engloutissement du petit par le plus grand contenant
engloutissement qui ne peut plus contenir
engloutissement éclatement
engloutissement jamais plus
engloutissement
Changement, par Agathe Lacoste
Changement, par Cécile Laporte
Citoyens, citoyennes,
En vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous instaurons aujourd'hui la règle du changement journalier. Le progrès réside dans le changement. Dorénavant, ce afin de servir le désir progressiste de notre gouvernement, chaque jour sera sujet au changement. Chaque règle établie jusque là devient obsolète. Revoyons toutes les bases de notre société.
Ainsi, chaque jour vous changerez de nom, vous changerez de famille, de lieu d'habitation, de travail. Vous changerez vos habitudes de vie, vos amis.
Tout citoyen se soustrayant à cette obligation se verra puni d'une amende sévère pour avoir fait obstruction à la bonne volonté du régime qui souhaite améliorer la vie de ses citoyens.
Pour le changement et le progrès.
Le parti progressiste.
Extrait du Times, 12 avril 2029
Pour répondre au communiqué d'hier, un homme a écrit à la bombe noire sur la façade de l'assemblée "Pour le progrès changeons de Régime et de gouvernement".
mercredi 14 octobre 2009
Le médiateur urbain selon Rose Mansion
Petit Manuel à l'usage des futurs médiateurs urbains
Votre mission, Ô combien importante dans notre société en pleine destruction, sera d'être le lien social, la conscience amicale des citoyens qui s'ignorent.
Quelques règles de base:
-N'essayez jamais de mettre en relation des êtres dont les convictions sont clairement et radicalement opposées : Supporter de l'OM et du PSG, fans de Lorie et de Craddle of Filth, membre de la jeunesse UMP et militant écologiste...
-En cas de conflit, fuyez, notre association rejette toute responsabilité en cas de dommages matériels ou humains lors de l'exercice de vos fonctions.
-Soyez polis, on n'est pas chez Doucet!
-Ne vous étonnez pas si vous avez des réponses du style : « J'ai pas le temps! », « J'ai pas de monnaie. », « J'ai déjà parlé à votre collègue ce matin. » Ces personnes pensent sans doute que vous œuvrez pour une quelconque œuvre caritative dont l'utilité est moindre comparée à celle de votre mission.
-Si les gens auxquels vous tentez de parler sont : au téléphone, branchés sur leurs MP3 ou sur une autre source sonore, quelle qu'elle soit; abstenez vous de la leur arracher en la piétinant par la suite pour le bien de la cohésion sociale. Vous êtes des pionniers, ne l'oubliez pas. Les gens ne sont pas habitués, ni conscients de l'utilité de votre tâche, il ne comprendraient pas votre action.
-N'interrompez jamais une conversation contenant les mots : « permanente, laque, coupe, shampoing ou couleur. ». Les coiffeuses ont un rôle prépondérant dans notre quête de la communication citoyenne, il n'est nul besoin de leur expliquer qu'elles doivent parler.
-De même, ne vous approchez pas si vous entendez des expressions telles que : « Non, j'hallucine!!! », « Ah nan mais trop, quoi! », « Sérieux? C'est grave de la loose! ». Ces conversations sont sans doute d'une importance capitale.
-Si les gens s'enfuient à votre approche, il vous est interdit de leur faire un croche-pied ou de les frapper avec votre sac pour les forcer à s'arrêter. En tout cas, si vous le faites, assurez-vous de ne pas aller jusqu'à mettre en péril leurs capacités d'élocution.
-Ne vous asseyez pas dans la rue avec un cahier pour écrire en attendant que des gens arrivent, ils risqueraient de vous regarder bizarrement.
Bon courage!
samedi 10 octobre 2009
Médiateur urbain : Karine Blin
vendredi 9 octobre 2009
Le médiateur urbain de Maëlle Simon
Le médiateur urbain.
Elle part. « Oui, on se voit plus tard » dit-elle à ses collègues, qui entre deux gestuelles de clopes, se parlent « taf ». « Ok, salut ». Elles sont submergées, ça se voit. L’heure de la reprise a sonné. Lui, (ce jeune garçon) qui semblait comme mis entre parenthèses, a finalement bien vu ces femmes filer et prit son sac Adidas, pour se caler à leur place. Son regard vogue dans le vide. Mais son oreille capte un air de guitare, d’un homme assis là-bas. Puis sonne la cloche, puis sonne encore le tramway. Un laps de temps. Un verre se casse. « Eh bien voilà ! Eh ben voilà ! » Dit-on. Cela interpelle le serveur et les tables avoisinantes.
Les autres qui n’ont pas l’air en lien, l’air de rien, s’appliquent à changer de trajectoire pour éviter la rencontre. D’autres se concentrent à baisser les yeux ou regarder à côté et prétextent un « je ne sais quoi, je ne sais qui » pour esquiver l’autre.
Qui êtes-vous ?
- Claude Lothier
- Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist