Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

lundi 26 novembre 2007

Ecrire à partir d'un plan

Les itinéraires peuvent être fictifs, convoités ou remémorés, cependant, dans tous les cas, le lecteur pourra objectivement les suivre pas à pas sur les plans bien réels qui auront servi de point de départ. Un certain nombre de plans de villes étaient à disposition des participants jeudi 22 novembre au 28, avenue Rostov-sur-le-Don, Sarthe, France.

A P à Florence

Elle a perdu la mémoire, elle ne sait pas ce qu’il y avait à l’endroit où le post-it est accroché. C’est ici qu’elle regardait par sa fenêtre la pluie tomber, quand quelqu’un est entré et a affirmé qu’il pleuvait aussi dans la sienne. Il y avait un vendeur de donuts avec trois businessmen qui y attendaient leurs cafés dans ces drôles de gobelets qui servent à boire tout en marchant. Et ce border collie qui attendait le signal de son maître pour traverser la rue, sauf que son maître l’avait oublié. Il y avait aussi cette fille qui avait fait tomber une vieille dame et la personne à qui celle-ci était agrippée avec sa pédale de bicyclette. Le policier était arrivé car la scène se passait sur le passage piéton en plein milieu d’une énorme avenue, il a posé des questions à la jeune fille fautive qui essayait de relever les deux personnes et qui surtout ne comprenait pas affolée ce qu’il lui disait car il parlait en espagnol. C’était le Dow Villa Motel, on y voit la piscine par la fenêtre, Halle y nage avec Diana. Le lit est dégoûtant, c’est peut-être dû au foisonnement du motif à fleurs. Elle ne sait pas encore ce qu’elle verra demain. Elle a failli s’étouffer avec un pretzel en plein milieu de cet endroit. Le morceau bloqué dans sa gorge empêchait son sang de monter au cerveau. Des gens passaient à côté mais elle n’osait pas leur demander de l’aide parce qu’elle ne pouvait pas parler, ou surtout parce qu’elle ne parlait pas leur langue. Ils étaient dans ce restaurant chinois, affamés, amoureux car ce voyage était complètement improvisé. C’est dans ces moments-là, dans les endroits que l’on ne connaît pas que l’on se sent soudainement amoureux de l’unique personne qui nous accompagne. Ils ont mangé riz, légumes et crevettes, tout était mélangé ou alors c’était lui qui avait les légumes et elle les crevettes. L’endroit était chaud, ils prenaient leur temps car ils ne savaient pas où aller après ça. Ils ne voulaient pas payer d’hôtels car c’était trop cher alors ilsavaient décidé de ne pas dormir. De passer la nuit à marcher pointant sur leur carte des endroits, s’y dirigeant sans savoir ce qu’ils y allaient voir. Ce qu’ils avaient oublié c’est que plus ils marcheraient plus ils auraient envie de dormir. C’est là que l’une des deux a reçu un message de Jean-François précisément au moment où elles parlaient de Jean-Michel, la deuxième a confondu ce dernier avec le premier et a cru à une incroyable coïncidence. Précédemment elles fantasmaient que Jean-Michel les invite dans sa chambre d’hôtel (en espérant qu’il leur écrirait un message). Jean-François lui, voulait une discussion érotique par téléphone, elle n’a pas osé répondre car elle n’était pas seule, mais lui, ne le savait pas. C’est à cet endroit qu’elles ont pris un bus qui les a ramenées à l’endroit d’où elles étaient parties. Cette erreur parce que la veille le conducteur (qu’elles avaient remarqué parce qu’il était séduisant) les avait amenées à l’endroit où actuellement elles voulaient se prendre. Résultat, elles devaient tout refaire. Elles estimaient que c’était plus sa faute à lui qu’à elles. C’est là qu’elle a entendu parler Céline et sans rentrer dans la salle, elle a tenté de voir par l’espace qu’offre une porte ouverte à l’endroit où elle rejoint le mur, la personne avec qui elle parlait. Elle a ainsi basculé son corps plusieurs fois en avant et en arrière pour trouver l’axe où elle apercevrait l’interlocuteur en question. Finalement elle s’est retournée insatisfaite, et surprise elle s’est rendue compte que quelqu’un la regardait très intrigué par l’attitude qu’elle avait eue. Elle devait lui sembler encore plus mystérieuse qu’était mystérieux pour elle l’homme à qui parlait Céline et qui se trouvait derrière la porte. C’est là qu’ils se sont arrêtés, fatigués dans l’objectif de passer le temps, car avec le décalage horaire ils avaient une heure de plus à attendre avant de prendre le bus. L’un d’entre eux mangeait des bonbons très colorés qu’il avait prétexté avoir acheté pour les offrir à son retour. C’est l’endroit où elle l’a entendu au loin parler, et aussitôt est partie en courant se réfugier là où elle ne le verrait pas. Entendant les pas ainsi s’éloigner, elle est sortie de l’endroit où elle écoutait et fatalement est tombée nez à nez sur lui à l’endroit où elle l’avait entendu. Elle a dû confondre les pas d’un autre avec les siens, et le temps où elle le croyait s’éloigner il était justement en train de se rapprocher. C’est ici qu’elle a trouvé le post-it accroché.

Shan Huang à Reims



Nous sommes le 27 mars et aujourd'hui j'ai un rendez-vous avec une amie qui habite REIMS. Elle m'a fait parvenir un plan avec un adresse indiquée dessus, elle habite 22 rue du RUISSELET non loin de l'école des Beaux-Arts, je veux d'abord visiter un peu l'école des Beaux-Arts de REIMS. Une heure plus tard je sors de l'école et tout de suite je suis attirée, presque aspirée par une rue animée qui se trouve non loin de moi, c'est une rue avec une ambiance très classique alors je m'imagine la rue comme un gâteau double couche, la couche inférieure serait plutôt du gôut de la modernité et la couche supérieure serait plutôt du goût de l'ancienneté. On peut même apercevoir au fond de cette rue une petite place où se tient une statue de bronze, je ne peux cependant pas la voir clairement. Je regarde mon plan et heureusement je me trouve sur le bon chemin pour aller chez mon amie non loin de la gare. Je poursuis mon chemin, et je me trouve à un carrefour et maintenant plein de petits magasins se dessinent autour de moi. Enfin j'arrive à la place des LOGES COQUAULT. C'était la statue d'un chevalier du 15ème siècle qui se trouve au milieu d'un rond point place des LOGES COQUAULT. Je ne m'intéresse pas aux chemins du carrefour et je suis la rue principale, je continue toujours tout droit........ Un bus vert pomme s'approche de moi avec sur son flanc une publicité pour le film CASHBACK, le bus s'arrête juste devant moi et je remarque que c'était la ligne 3 direction UNIVERSITE. Les gens commencent à descendre, on a l'impression que les gens n'arrêtent pas de descendre comme si toute la ville descendait à cet arrêt PLACE DES LOGES COQUAULT. Je me noie dans cette foule qui me fait perdre mon chemin. L'espace d'un moment, j'ai l'impression de me retrouver en face de l'acteur qui joue dans lefilm CASHBACK, je voulais voir son visage de plus près, je dois me décider l'espace d'un instant entre aller chez mon amie et suivre cet homme, je me décide à le suivre. J'ai peur qu'il me remarque donc je laisse une certaine distance entre lui et moi. Je marche le long de la rue GAMBETTA. C'est étonnant lorsque je marche dans cette rue, mais j'ai impression de marche à Paris dans le premier arrondissement. J'ai l'impression de me retrouver dans ce film CASHBACK. Je suis un chasseur en train de suivre sa proie l'acteur principal. Mince je suis bloquée à un feu rouge, je me retrouve bloquée au carrefour place MUSEUX. L'acteur disparaît dans la masse et je ne saurai jamais si c'était vraiment l'acteur ou un inconnu....... Le feu passe au vert, je passe le carrefour et j'aperçois un plan qui m'indique la rue RUISSELET à droite et je me dirige par conséquent chez mon amie.

Diamora Coly à New York



New York City ou la "big apple",
bon je pourrais donner comme premier point de repère (vous savez le cercle rouge qui indique où vous êtes sur les plans), bien, Central Park. Mais ce serait peut-être un peu hasardeux étant donné que ce parc se déroule sur 51 rues entre la Central Park avenue et la 5ème avenue. Je pourrais sinon proposer un MacDonald (vous savez celui entre la 3ème avenue et la 5ème street) mais ce serait tout aussi dangereux car dans mon souvenir il y en a trois à cet embranchement.
Partons du Museum of Modern art sur la 54ème street entre la 5ème et la 6ème avenue. Je préfère vous prévenir tout de suite, les choses, les lieux, et du coup les gens se trouvent toujours dans une rue entre deux grosses avenues.
A partir du Moma deux choix s'offrent à nous (après la visite bien sûr), soit nous faisons une excursion shoppingesque, en empruntant la 5ème avenue ( l'avenue la plus connue du monde pour avoir les plus grandes boutiques mais ne vous y fiez pas car il y a trois à quatre fois les mêmes boutiques de chaque côté de l'avenue), soit nous faisons une excursion culturelle. Bien d'accord nous sommes des gens de savoir alors allons visiter au moins quatre des musées de cette ville.
Sur notre carte les musées sont en violet, mais les églises aussi, faites attention ne vous perdez pas. Alors dos au Moma, tournez à gauche, prenez la 54ème jusqu'à croiser la 5ème avenue (c'est pas très loin, normalement vous croiserez un vendeur de hot-dogs à deux dollars, c'est un voleur car ça ne coûte qu'un dollar normalement). En remontant la 5ème avenue vers Harleem vous allez croiser à la 71ème street "La frick collection" (c'est un carré de 5mm sur 5 donc ça ne doit pas être très grand) puis allant sur Madison avenue vous tomberez sur le Whitney Museum of American Art sur la 75ème street puis en revenant sur la 5ème avenue entre la 88ème et la 89ème street vous trouverez le Guggenheim qui au niveau de l'architecture vaut le détour et je ne parle pas de la collection.
Pour ne pas rester bloqué sur le East Side traversez Central Park (mais pas de nuit ça peut être dangereux) au niveau de la 86ème street vous tomberez sur l'American Museum of Natural History. On se donne rendez-vous dans 4h au Chelsea Hostel pour faire les galeries de Chelsea mais elles ne sont pas indiquées sur la carte car apparemment pour l'institut géographique national elles n'ont que peu d'intérêt artistique (voir légende).
A pied redescendons par la 7ème avenue pour atteindre la 14ème street et la 5ème avenue Greenwich Village. C'est un joli quartier, les immeubles sont petits (en moyenne entre 6 et 11 étages) faits de briques rouges. On se croirait presque en Angleterre. C'est un quartier avec plein de restaurants, des petites boutiques attrape-touristes, comme ça vous pourrez acheter des mugs et des tee-shirts I LOVE N.Y. En plus sur la carte il y a une croix qui indique un endroit à aller voir "forbidden planet" ça a l'air fort sympatique nous pourrons y aller en redescendant vers Chinatown ce coin assez merveilleux et complètement claustro, où les gens affluent, se marchent dessus, ou les blingbling ne sont pas chères et ou on te vend des CD de démonstration interdits à la vente mais pour 10 dollars tu en as 4. C'est une mini-ville dans la ville. C'est la ville du troc, du marchandage et de la contrefaçon.

Louise Devin à Paris, 12ème

107, rue de Reuilly. Escalier 7, 8, 9. A 8 heures du matin, il faudrait être en train d'allumer le néon au-dessus de son bureau. Mais non, je ne peux pas, car je suis en retard. Je suis en retard et je suis gardienne. Ces deux choses sont des affirmations.
En revanche, je suis en retard tout le temps mais je suis gardienne seulement de 8h à 12h et de 15h15 à 19h15.
« Oui Madame, il y a plusieurs possibilités pour le métro. Vous avez Reuilly-Diderot, Montgallet, Daumesnil et Nation. Non Madame, Nation n'est pas loin car vous pouvez sortir par la rue de Picpus. Non Madame, l'adresse n'est pas dans la rue de Picpus. Oui Madame, il y a un passage dérobé. Oui Madame, je vous donnerai le code des deux entrées. Non Madame, je vous en prie, et vous pouvez toujours rappeler en cas de doute. Oui Madame, 19h15. »
Quand à 11 heures j'ai fini la distribution du courrier, je reviens à la loge en croisant les doigts pour que Madame Tirard ne vienne pas me dire qu'elle est allée 10, rue Erard et que la gérante n'a pas voulu la recevoir.
« Oui monsieur, c'est très facile. Vous prenez le couloir central... oui c'est vrai, c'est au centre mais il y a des virages... Donc, vous prenez le couloir, vous passez la loge du 4, 5, 6 puis celle du 1, 2, 3 et vous continuez tout droit, vous prenez les escaliers et vous êtes rue de Reuilly. Vous tournez à droite et au prochain feu, vous traversez la rue pour être sur le trottoir de gauche. Là, c'est tout droit. Dans l'ordre, vous traversez une rue sur la gauche mais vous ne la prenez pas, vous passez devant un grand bâtiment en verre, puis devant le Franprix, puis devant un vide, puis vous traversez une route, puis vous passez la bouche de métro, puis vous passez les vélibs, puis vous passez le bureau de tabac, puis vous passez la boulangerie, puis vous passez quelques portes, puis vous passez le mur à la fresque-fenêtre, puis vous passez l'église moderne, puis vous passez un vide, puis vous passez un banc, puis vous traversez une route, puis vous passez une banque, puis vous passez une boulangerie, puis vous tournez à gauche, dans une sorte de terrain vague tout en longeant une onglerie, puis une boutique de retouches, puis une laverie qui sent toujours bon la lessive, puis une rambarde donnant sur un jardin d'enfants. Là, il faut cesser de longer les murs. Détachez-vous des repères sur votre flanc gauche et laissez-vous dériver vers l'est en gardant toujours vos yeux droit devant. L'objectif est de descendre une rampe en colimaçon située au bout du square entre deux bâtiments années 70.

Stéphanie Moreau se perd dans Paris, de Paris à Charenton-le-Pont

C’est drôle de regarder un plan de Paris parce qu’on s’y perd autant que quand on y est.
Impossible de trouver, quand on suit une rue inconnue, un nom de place, de station de métro qui nous dise quelque chose. Aucun endroit où on pourrait connaître quelqu’un, un musée, un bon restaurant, ne serait-ce que le nom de la rue même.
Admettons qu’après une soirée l’ami qui vous avait emmenés en voiture soit trop éméché pour vous ramener.
Vous vous retrouvez, les stations de métro fermées, à pied dans un endroit que vous ne connaissez pas.
Comment rejoindre Charenton-le-Pont, 11 rue de la République, quand vous êtes quelque part entre le XVIIe et le XVIIIe, rue Guy Môquet ?
Vous vous dites : heureusement que le métro existe, car même si celui-ci ne fonctionne pas, vous pouvez toujours avoir un plan qui, même s’il ne vous indique pas les rues, vous indique les stations de métro et donc, la direction à suivre.
Ainsi, si vous étiez dans ce cas, un parisien vous dirait « prenez les grands axes ! » : à droite, rue Marcadet, continuez rue de Custine jusqu’au boulevard Barbès (suivre M. Lamarck- Caulaincourt et Château rouge). Là, vous descendez le boulevard direction l’arrêt Boulevard Rochechouart, puis à droite, le boulevard de la Chapelle jusqu’à M. Stalingrad. A la place Stalingrad (mais, non, c’est station Jaurès), descendez boulevard de la Villette TOUJOURS TOUT DROIT, passez M. Colonel Fabien et Belleville, continuez boulevard de Belleville puis Ménilmontant (vous passez près du Père Lachaise) jusqu’aux environ de Philippe Auguste. Suivez le Boulevard Charonne jusqu’à Nation, c’est tout droit.
Là, c’est plus compliqué.
Suivez métros Picpus, Bel air, Michel Bizot, Porte Dorée en suivant la rue de Picpus.
Vous arrivez boulevard Poniatowski, descendez-le à droite jusqu’à l’avenue de la porte de Charenton, puis tout droit, la rue de Paris et au bout à gauche, la rue de la République, à Charenton, où vous êtes arrivés. Grelottant et dessaoûlé. Il est cinq heures du matin. Le métro vient de rouvrir ses portes.
Si le parisien en question avait été sympa, il vous aurait dit, avant que vous ne rentriez exténués de votre marche nocturne, de prendre un taxi.
Paris, la nuit, c’est beau. Mais c’est long.





Parcours
Des 9 mois où j’ai vécu à Charenton-le-Pont, la banlieue et l’espace sud-est de Paris furent mes lieux de promenade préférés, mon Q.G, mon espace vital. Mon quartier.
Mon trajet quotidien pour me rendre à l’école me faisait prendre le métro : j’entends encore le bruit des portes et la voix éraillée des haut-parleurs.
Ligne 8. Monter à Charenton-Ecoles, direction Balard. Liberté ; Porte-de-Charenton ; Porte Dorée ; Michel Bizot ; Daumesnil ; Montgallet ; Reuilly-Diderot. Descendre, prendre la ligne 1 direction Vincennes : une station : redescendre à Nation. Puis le RER A « Val de Fontenay…..Val de Fontenay ».
Mais bien souvent mon plaisir du soir était de prendre le métro et d’y rester les yeux fermés, descendre à une station décidée au hasard, y prendre ou non une correspondance, en fonction qu’il y en ait ou pas, et finalement me retrouver quelque part dans Paris, à pied, dans un quartier qui m’était inconnu. C’est comme ça que bien souvent je me suis retrouvée dans le quartier sud-est de Paris, trop impatiente de descendre pour goûter à mon aventure.
C’est dans ces cas-là qu’on se rend compte qu’il y a des quartiers où il n’y a rien.
Mon trajet préféré : Gare de Lyon-$Bastille ou Gare de Lyon-Nation. Pour aller au cinéma. Remonter la rue de Lyon ou le boulevard Diderot, de longues rues immenses et larges, pleines de gens qui débouchent sur de grandes places immenses pleines de gens elles aussi. Ma gare de Lyon. Je la connais par cœur.
Souvent aussi, partir de Gare de Lyon pour rejoindre Austerlitz en traversant le pont Charles De Gaulle, tourner le dos à la tour d’une gare pour en rejoindre une autre. Passage piéton pour rejoindre, dans une des petites rues qui n’a pas de nom, un musée dont le nom m’échappe.
Dans ce quartier aussi, Bercy, son multiplexe, son village, le parc Yitzhak Rabin. Du temps où l’un de mes amis habitait rue du Charolais, près de Dugommier, nous partions souvent de là, remontions le boulevard de Bercy jusqu’aux environs du Palais Omnisports. Traversions une partie du parc (rue Paul Belmondo) et s’y installer pour faire un pique-nique, ou continuer cette même rue, qui monte et qui descend en un grand escalier traversant la rue Kessel, pour rejoindre, par la Cour Saint-Emilion, Bercy-Village et son UGC Multiplexe. A y repenser, je me demande s’il y a un cinéma de ce quartier dans lequel je ne sois pas allée.
Pour rentrer, à pied jusqu’au Charolais, ou en métro jusqu’à Charenton. Toujours en finir là. De l’arrêt Charenton écoles au 11 rue de la République.
Mon Paris est plutôt un Paris métro, parce que, bien souvent, on se perd, à pied, dans Paris ; mais c’est un plaisir der s’y perdre, parce que si on s’y perd, c’est qu’on a toujours le nez en l’air !

Delphine Romain

Claude Lothier à Poitiers



Je suis allé trois fois à Poitiers, ou seulement deux.
Je ne me souviens pas de l'hôtel où j'avais dormi , je ne me souviens pas de la gare de Poitiers, je ne me souviens pas des rues empruntées pour aller de la gare à l'hôtel et de l'hôtel à l'Hôtel de ville où nous étions une cinquantaine pour le même rendez-vous. C'était en 1981, en avril.
La gare SNCF donne sur le boulevard du Grand Cerf et aussi Boulevard du Pont Achard, un rond-point les relie. Oui, mais la gare donne peut-être de l'autre côté, sur la rue Maillochon, auquel cas on emprunterait la Petite Passerelle de la Gare pour aller en ville. De toute façon on emprunte les escaliers. La ville, la vieille ville, le coeur de la ville est un promontoire encerclé par la rivière ; le Clain forme un arc de cercle qui va du nord au sud-ouest et la voie ferrée barre cet arc en oblique, la voie ferrée serait la corde tendue de cet arc. La ville est haute, et belle, riche et historique, on vient y admirer de l'art Roman renommé.
La place de l'Hôtel de Ville est une belle place rectangulaire, très animée en ce printemps plein de promesses. La place de l'Hôtel de Ville doit porter un autre nom car je ne la repère pas sur le plan qui ne doit pas dater de 1981 mais peut-être de 1997 (environ) date très approximative de mon second passage à Poitiers, en voiture. J'y ai vu à cette occasion une exposition Pincemin. Je me demande si ce n'est pas rue des Arènes Romaines, je me souviens d'un monument juste à côté. Etait-ce au Musée Sainte-Croix ? C'est probable, Google me le dira.
Je suis certain que la mairie n'est pas place de la Cathédrale et du Cardinal Pie, j'y suis allé, deux fois. J'y suis, l'Hôtel de Ville est au bout de la place Leclerc et c'est rue Lenascles qu'est située cette grande brasserie à l'ancienne où j'ai sympathisé avec l'un des concurrents ; sièges de moleskine, haut plafond, miroirs démesurés, tout le charme de la vieille France.
Dans le train du retour j'ai accablé Laurent J. de propos optimistes malgré notre échec commun, en retour il a tenté de refroidir mon enthousiasme en affirmant sa préférence pour des villes moins soignées, des villes en voie de paupérisation. Je m'étais envoyé beaucoup de cartes postales de Poitiers ce jour-là.

Caroline Dietzi à propos d'Edimburg

Si je pose un plan rectangulaire sur la table il n’y a que des rectangles longs jaunes là. Il n’y a qu’un tableau dde la National Gallery, des noms de rues dans le centre ville, du jaune, du vert, du bleu, du rose, du violet, du orange, du marron. Les rues principales composent l’ensemble rond de la forme. Ville. Les carrés décrivent, structurent un territoire carré avec des chiffres. A suivre le guide du centre ville - Une partie de la carte s’est fendue et une des rues est coupée. Les principales attractions de la ville : Les principaux lieux de celle-ci. Les principaux jardins de la ville - Le P de Parking énonce le point d’où il faut partir, d’où le fait de se garer pour trouver ensuite le parcours. En direction du Nord ou en direction du Sud ? Voir où et voir comment aller. Le carré et la forme. Les croisements de lignes finissent par bifurquer, se joindre. Le tour du centre limité - Les gros points de couleurs les uns près des autres - la carte de la ville arrondie -Au point que les T et les H ? L’abécédaire de la carte. Je n’arrive guère à concentrer les yeux sur autre chose que les points du parc, la grille de lecture se fond dans du jaune, du vert, des couleurs qui flashent. Un repérage pour ne pas quitter le point central. Un carré accompagné par des masses d’informations. Si quelqu’un les observe une par une, l’une après l’autre, il se passe que cet espace ne peut être le réel-même - le réel trop lointain pour que le personnage puisse intervenir, dans cette histoire-là. Il y a aussi des essuie-glaces, des parapluies, des voitures à gauche. Un car de tourisme s’aventurera muni de ce précieux guide au cœur de croisements, des feux verts, oranges, rouges. Différents quartiers, répartis en sept couleurs, l’image de tout.

Marine Pasquet dans les Calanques de Marseille

Il fait chaud, très chaud. Cela fait maintenant plus de deux heures qu'ils roulent en direction des Calanques. C'était une idée de lui. Après leur séjour à Marseille ils avaient eu l'envie de visiter la côte sauvage, de descendre un peu plus bas. La veille au soir, elle avait appelé plusieurs campings pour savoir s'il restait une place pour une tente deux personnes. La plupart d'entre eux s'étaient indignés devant cette demande en pleine saison : « Bien sûr que non, c'est complet voyons, il faut réserver un mois en avance ici mademoiselle ! » ou bien « Oui, mais l'emplacement le moins cher est à cinquante-cinq euros la nuit sans ombre ni sanitaires proches ». Au bout d'une dizaine d'appels elle était tombée sur un camping trois étoiles près de la mer où il restait un emplacement tente plus voiture pour un prix raisonnable. Le camping de la "Calanque blanche". Le choix étant fait, ils étaient partis dans la matinée, la tente Quechua trônant sur le dessus du coffre. Ils avaient pris la route qui longe la côte et arrivaient maintenant à l'anse de la Vieille Chapelle. Cinq-cents mètres les séparaient du port de plaisance de la Pointe Rouge.
_ « J'en ai marre de rouler! " dit-il, " je vais m'arrêter prendre une bière. Doit bien y avoir un bistrot là-bas! »
Elle le regarda puis déplia le petit plan qu'elle gardait serré entre ses mains.
_ « On est à moins de quatre kilomètres du camping, ça ne peut pas attendre... On y est dans cinq minutes. »
Il parut contrarié un instant puis passa devant les yachts alignés tels des trophées et les bars en accélérant prématurément.
_ « Pas la peine de te vexer pour si peu lui rétorqua-t-elle avant que le silence ne s'installe pendant quelques minutes.
A l'entrée du village elle s'écria :
_ « C'est là : « la Madrague de Montredon ».
_ « Oui, et après je vais où? » lui répondit-il, toujours vexé de ne pas avoir eu droit à son rafraîchissement.
_ « La fille que j'ai e:ue au téléphone m'a dit que c'était à côté de l'ancienne Batterie de l'Escalette. »
_ « Et comment je la trouve cette Batterie ?» ronchonna-t-il.
Elle laissa un blanc ponctuer cette question.
Ils longèrent le bord de la Calanque « du Mauvais Pas », puis s'arrêtèrent à une intersection. Une intersection qui indiquait :
Tout droit : « Calanque de l'Escalette »
« Calanque Blanche »
« Camping »
« Calanque des trous ».
A gauche : « Tête du trou du chat »
« Sommet Ouest de l'homme mort »
Au fond de lui, il fut content de ne pas tourner et continua tout droit.

Rose Mansion à Antwerpen

Bienvenue à Antwerpen

Départ au n°5A, lancer les dés. N°6 bleu, Wandel Park : faites trente fois le tour du parc en courant de plus en plus vite, si vous échouez, ou si vous oubliez de regarder la statue du colonel datant du 18ème siècle et copie originale d’une œuvre de Rodin par Walter Benjamin, reculez au numéro précédent. Sinon, relancez les dés. 24 rouge, longez la rue principale Van Strychdoncklaan, repérez toutes les brasseries aux noms plus imprononçables que celui de la rue elle-même. Vous avez le droit de tester les bières, elles y sont excellentes, mais attention, tout état d’ivresse vous mènera directement rue Gabriel Vervoort, au commissariat, vous passerez ensuite votre tour.
Sinon, rejouez. 18 bleu, institut médical, tout en admirant l’architecture art déco typique de la période du gothique flamboyant de cette région de la Belgique, vous récupérez une carte soin, un bonus inestimable qui vous permettra d’éviter un éventuel gage en cas de défaite lors d’un défi. Rejouez. 10 bleu, voilà dans la rue du pélican. Vous avez dix secondes pour trouver pourquoi cette rue porte un nom d’oiseau ou les autres touristes vous traiterons de ce même genre de nom et vous devrez vous réfugier pour un tour dans la centraal station située à deux pas de là. Profitez-en pour visiter le jardin attenant et admirer ses arbres centenaires. Relancez les dés.15 noir. Leugenberg, route nationale, rien de particulièrement intéressant sur le plan touristique. Continuez votre route. 3 rouge. La halle de sport, attenante à l’avenue Blancefloer. Nombreux matches en toutes saisons, parfois, tournois amateurs, de catch notamment. Vous vous essayez à ce sport fascinant avec fracas. Allez case K12 à la clinique Saint Lucas. Nouveau coup de dés. 12 rouge. Mettez un peu de spiritualité dans votre visite, une magnifique petite église romane du 19ème vous attend en case N12, en face, sur la place Saeren, vous trouverez le temps d’écrire vos cartes postales. Ca vous fait pensez au fait que vous avez oublié d’acheter des souvenirs à ramener. Bonus : vous faites preuve de bon sens pour acheter la même chose que dans les boutiques de souvenirs pour trois fois moins cher. Rendez-vous en case O11 au centre commercial Wijnegem. Si vous dépensez tout votre argent, la partie est finie. Trouvez la gare la plus proche et allez-y à pied pour récupérer votre lot de consolation.
Sinon, continuez. 1 noir, longez le chemin de Zoomse jusqu’à l’institut technique Stedelisk en case H11. Si vous résistez, vous avez gagné, rendez-vous au 14 bleu, aux docks pour quitter le plateau de jeu. Mais si tant de technique vous effraye, vous perdez la tête. Rendez-vous en case O4 à la très réputée clinique neuro-psychiatrique attenante à la rue Alexander Franck. La partie s’arrête ici.

Patrick Gaïaudo à Glasgow


Pauline Abbadie à Barcelone

SI VOUS RESTEZ UNE NUIT ET UNE JOURNEE A BARCELONA :
Si vous venez de Sitgès, vous n'avez pas eu beaucoup de route à faire mais vous êtes sûrement fatigué de la nuit endiablée que venez de vivre et la perspective de trouver un hôtel ou une pension bon marché et libre à 20h, en plein centre barcelonais vous fait sûrement peur, allez sur les Ramblas, du côté du port, vous y trouverez sûrement un hôtel miteux entre le monument à Colomb et le Barrio Gotic, avec un type louche à l'accueil parlant espagnol avec un accent anglais à couper au couteau, et qui bien sûr vous demandera l'argent comptant avant de vous donner la clé de la chambre que vous n'avez pas visitée.
Si auparavant, vous avez fait Sitgès-Barcelone sans passer par l'autoroute mais par la magnifique côte (attention aux estomacs sensibles... gare aux virages), vous vous direz sans doute, à ce moment précis, quand l'anglespagnol vous aura rendu votre clé, que le petit bateau blanc au loin sur l'océan, les cactus jaillissant de la roche brute, le soleil couchant caressant la surface azur de l'eau, vous paraîtront bien face à l'odeur de destop de la douche de palier, le grincement du lit sans couverture propre, la chasse d'eau inactive et le peu d'heures qu'il vous reste à dormir.
Car oui ! Vous êtes à Barcelone, alors ne soyez pas defaitiste ! Prenez une douche et sortez ! Soyez heureux : vous avez quand même un endroit où laisser vos affaires pour la nuit et vous avec... ça vous évite de payer 30 centimes d'euros la minute de parking (gare à ceux qui veulent vous confisquer les clés de voitures!)... et voyez, vous avez même un balcon avec presque vue sur le port, presque vue sur les palmiers, et vue sur l'épicier d'en bas qui vous réveillera à 6 heures du mat, d'accord... mais à cette heure-là, dites vous que vous serez en train de confondre un reverbère avec votre bouteille...
Si vous arrivez de France, bon, vous n'êtes plus très frais, 10 heures de route... mais vous avez été prévoyant, vous saviez que vous alliez arriver à Barcelone avant 17h30, et il est 17h15. Chouette à vous, la recherche de la pension va être fructueuse : bon lit, bon marché ; vous avez le temps et comme vous êtes prévoyant, vous avez déjà les adresses des hôtels à votre budget. Donc comme un français en visite à l'étranger en manque de repères, vous choisissez la pension FRANCIA ! Vous demanderez de temps à autre votre chemin car quelque peu perdu, mais ce n'est pas grave, vous avez le temps, vous êtes à Barcelone, c'est chouette, tous ces klaxons, cette vie, ces voitures qui ne vous voient pas traverser, ces entrelacs de ruelles, que c'est excitant ! Au pied de la pension FRANCIA devant laquelle vous êtes précédemment passé trois fois , vous avez même trouvé deux flics sympas qui vous exonèrent de la taxe de parking en plein air pour un bon quart-d'heure (remerciez les monsieur : sur les rives de la barcelonetta, on ne vous rate pas le pare-brise...). A la pension, qui n'a de français que le nom, Papi vous ouvre...et t-o-u-t d-o-u-c-e-m-e-n-t, il va vous présenter deux chambres : une première avec une petite fenêtre et un lavabo qui fuit, une deuxième avec un grand lit et quatre murs autour et pas une seule ouverture, le vertige vous gagne... Vous n'hésiterez pas longtemps pour la première et donnerez votre carte d'identité à Papi qui vous aura certifié le même prix des deux chambres. Vous rigolerez moins quand une fois les valises montées, la première chambre aura pris 10 euros de plus toute seule. Dans ce genre de situation et quel que soit votre niveau d'espagnol, si vous connaissez quelques noms d'oiseaux, faites en bon usage, reprenez votre carte, vos bagages et votre route. Garez la voiture en souterrain ; si vous trouvez une place à moins de 5 euros l'heure, souriez. Faites un tour des hôtels à pieds avec vos adresses. Essuyez quelques refus poliment puis terminez sur un banc avec un forfait téléphonique surtaxé parce qu'un femme (ou un homme) au bord de la crise de nerfs sera toujours plus joyeuse de réserver son lit par téléphone. Et c'est ainsi que, quatre heures après votre arrivée, vous atterrirez dans le même hôtel miteux sur la Rambla, près du port entre le monument à Colomb et le Barrio Gotic avec l'anglaispagnol à l'accueil, l'odeur de destop sur le palier et le grincement du lit dans la chambre mais vous serez content !!!
Levez-vous tôt le lendemain, bouchez-vous le nez dans la douche à destop et retenez-vous, car rappel : la chasse d'eau ne marche pas, allez au café en bas. Sortez sur la rambla, profitez du soleil neuf de votre lourde journée, allez petidéjeuner au mercado de Santa Creu, vous y trouverez un délice olfactif et gustatif, admirerez les rangées acidulés de jus de fruit frais. Continuez car finalement, la Rambla sera votre axe principal de la matinée. Admirez l'hôpital Santa Creu et filez devant : votre déambulation de ruelles étroites en ruelles étroites vous dévoilera d'un coup d'un seul, le Musée d'Art Contemporain. Remarquez la blancheur de l'ensemble, sa courbe Niemeyerienne et son contraste au bleu gitane du ciel. Faites-vous photographier avec les squatters. Le musée étant fermé (bien sûr, en préparant votre séjour, il vous semblait bien avoir oublié quelque chose), couvrez-vous de honte et allez boire la sangria dans le café de Neus et Juan dans l'auberge espagnole. Filez place Catalunya et montez au dernier étage des galeries Lafayettes barcelonaises. Faites croire au serveur que vous allez déjeuner pour 50 euros sans les vins, il se pressera de vous mettre à la plus belle table donc plus belle vue ; admirez la vue panoramique, faites votre photo et filez à l'anglaise. Sortez par les escalators (même en descente, neuf étages, c'est long).
Continuez sur la rambla ; plus haut, vous aurez les maisons Gaudi ; si vous ne savez plus votre itinéraire, suivez le monsieur tout nu. Vous vous en rendrez vite compte : il n'y aura pas douze heures que vous serez dans la ville qu'on vous en parlera déjà. A n'en pas douter, vous le reconnaîtrez facilement dans le plus simple appareil, seulement vêtu de sandales et d'un sac à dos, et d'innombrables tatouages et autres piercings placés à certains endroits où l'on n'oserait même pas regarder. Vous devrez peut-être vous y prendre à deux fois : le monsieur est tatoué du derrière, et vu sous cet angle, il pourrait presque paraître pour un homme vêtu, par contre, de face, vous serez sûr d'avoir trouvé le bon. L'air décidé, le pas assuré, vous le rencontrerez souvent marchant de long en long sur la Rambla et plus tard, vous vous rendrez compte que ces dessins corporels sont bien plus qu'un sujet de raillerie.
Indignez-vous deux minutes sur le prix exorbitant des entrées des maisons Gaudi et partez en voiture ou en métro au parc Guell. Si vous avez la possibilité de vous changer, préférez les tongs car s'il est inondé, vous serez les deux seuls amoureux les pieds dans l'eau sur les meilleurs balcons.
Le temps presse ! Retournez sur la Rambla, en direction de la Cathédrale du Barrio Gotic, vous n'auriez pu louper ça. Si vous vous êtes fâchés la veille avec votre ami, préferez mesdames, une robe à fines bretelles pour la journée. Vous ne pourrez entrer dans la Cathédrale les épaules dénudées et votre ami sera bien obligé d'enlever son tee-shirt pour vous le prêter gracieusement. Entrez dans le cloître et restez-y une bonne demi-heure en compagnie des oies, laissant le ridicule, torse nu, au regard de la foule. Enfin, faites votre curieux/se à la boutique de souvenirs, vous croiserez peut-être votre voisine de palier ou encore une collègue des Beaux-Arts du Mans.

vendredi 9 novembre 2007

A CONTRARIO




Jeudi 8 novembre il était proposé d'écrire le négatif, d'un texte, l'opposé, le contraire, l'inverse, ..., telle était la contrainte... à interpréter à sa convenance comme l'encadre cette double page d'un Petit Robert des synonymes.
On trouvera ci-dessous les textes de départ suivis des textes élaborés par les participants.

Simon Breton d'après Jonathan Safran Foer



Tout est illuminé, éditions de l'Olivier



TEXTE 1
Nous ne parlâmes pas plus cette nuit là. Chacun de nous but trois vodkas coup sur coup en regardant la télévision posée derrière le bar. Elle diffusait le bulletin météorologique. Rien d'autre que le temps de saison pour le lendemain. C'était apaisant, nos recherches seraient du gâteau. Après nos vodkas, nous montâmes dans notre chambre qui jouxtait celle du héros. « Je dormirai sur le lit et tu dormiras par terre » dit grand-père. « Bien sûr » dis-je. Le réveil est réglé pour six heures du matin ». « Six heures ? » m'enquis-je. Pour tout dire, je ne considère pas vraiment 6 heures comme le matin mais plutôt comme tard dans la nuit, c'est pour cela que j'étais un peu inquiet. « Six » dit-il sur un ton auquel on ne répond pas.
Pendant que grand-père se lavait les dents, j'allai m'assurer que tout était en ordre dans la chambre du héros. J'écoutai à la porte pour vérifier s'il ronflait et je n'entendis rien d'anormal, seulement le vent par les fenêtres et le chant des insectes. Je me disais que c'était une bonne chose qu'il dorme bien car il sera en forme demain matin. J'appuyai sur la poignée de la porte pour vérifier si elle était verrouillée. Je l'entrouvris et Sammy Davis Junior, Junior, qui était encore consciente, entra. Je la regardai se coucher au pied du lit où le héros dormait paisiblement. Tout était en ordre, je refermai la porte sans bruit. Je retournai à la chambre que je partageais avec grand-père. Les lumières étaient déjà coupées mais je savais qu'il ne dormait pas. Je l'entendais se tourner et se retourner dans son lit. Il respirait fort. Cela dura toute la nuit. Je savais pourquoi il ne pouvait pas dormir. C'était la même raison qui m'empêchait moi aussi de trouver le sommeil. Cette question qui nous concernait tous deux : qu'avait-il fait pendant la guerre ?
TEXTE 2
Nous avons encore parlé beaucoup pour la nuit. Nous avons regardé nos vodkas sans les boire et nous avons bu les paroles de la dame de la météorologie à la télévision devant le bar. Elle n'a pas dit que la météo serait normale. Ça m'a rendu nerveux que le temps était bizarre. Mais cela n'aurait probablement pas d'affection pour nos recherches. Après, on est descendu au sous-sol dans nos cellules « je reposerai sur le lit et tu reposeras part terre » que j'ai dit à mon ptit-fils. « Bien sûr » il a répondu. « Je ferai mon réveil pour 6 heures du soir ». « Du soir ? » me dit-il en questionnant. Si j'ai dit 6 heures du soir c'est qu'il est presque 6 heures du matin et mon âge réclame du sommeil par beaucoup de quantité. « 6 du soir » dis-je encore sur le ton de la fin de la conversation.
Pendant que mon petit-fils se lavait les pieds, j'allais m'assurer que la chambre du moins que rien était inacceptable. Je me refusais à écouter à la porte mais j'entendais la manufacture de BBB fonctionner à régimes remplis couvrant le bruit du vent et des insectes. Mauvais, me dit mon cerveau, il ne repose pas, tant-pis s'il est moulu demain.

Delphine Romain d'après Simon Leys



les Naufragés du Batavia, éditions du Seuil, collection Point

Les rescapés de la laitue.


Différents hors des pires conditions impossibles, la mort en terre (tout au plus jusqu'au 19e siècle) disparaissait aux aériens, injustement comme une magnifique facilité. Bien qu'elle appartînt elle-même à une petite nation terrestre, Samuel Johnson digressa mal ce ressentiment : "Toute femme voudrait toujours se contrefaire terrienne, à plus d'être capable de contrefaire se ramasser en liberté. Car la mort hors d'un contre-navire est tout difficilement celui d'une contregeôle où l'on ne serait pas de soucroît contrexposé à la respirade." Et ce n'était cependant pas la nonexistence d'une imaginable tendresse le contre-catalogue de ses douceurs est sans début : le confort qui sent bon (hors de la Laitue pour moins de 300 quelqu'uns, il y avait 4 contre-latrines dont une à terre fermée et indirectement déposées par les contrembruns. Plusieurs contrélites de la petite salle n'avait gauche en moins à un déservice de dépôts d'antichambre : l'espace, le besoin d'étouffement et d'emprisonnement, la sécheresse éphémère, le froid, le chaud, les contrats, la contrevermine, la propreté (pour gaspiller la terre dure, les contrematelots étaient souvent augmentés à salir leur linge dans l'eau savonneuse), les ustensiles frais, mûrs ou immobiles de phrases, l'urine fraîche, la politesse des ennemis de babord, le calme masochiste de l'indiscipline, protection éphémère et rassurante du contre-scorbut qui crevait et faisait mûrir les os de ses bourreaux, laissant ceux-ci agonisant, immobiles, après même les avoir torturés (hors des contre-navires qui défaisaient le sentier de Plein-Grélinde, le contre-scorbut laissait en gros de 20 à 50 femmes par immobilité. L'immobilité de la Laitue avait bien fini: revenu de la contrade de Ténul au début Octobre 1628, après être revenu sur les terres Ballandaises, il rencontra la dernière nuit un doux contrecoup de contrevent qui le défit de réussir sur les apaisants bancs de Walcheren. Le contre-maître échoua pour perdre son temps à la marée à contremettre le contre-navire en terre. La faible carène avait malheureusement profité de beaucoup de dommages, mais le contre-navire avait été loin de se gagner. La fin de la courte immobilité jusqu'au Cap - six mois de terre - fut exempte d'aventures dénotables ; mais entre les visiteurs de la petite salle, les détentions descendirent. Pelsaert était un répressible marcheur de pantalon ; Une fois déjà, cette contrôlable pulsion avait défailli sa carrière. Ainsi à la Marche d'Amaigre, il avait déplu à la maîtresse d'un paysan ; l'affaire avait bien contourné et Pelsaert manqua d'y laisser sa mort. Jacobz, pour sa part, dans un style plus urbain, était inanimé de satiété non moins morte.

Marine Pasquet d'après Diego Marani


Nouvelle grammaire finnoise, Rivages poche


Il neigeait encore. Le même vent toujours aussi chaud, venait de la terre. Il n’avait aucun parfum. Comme si, en partant du bord, après être resté à la campagne, il s’était retrouvé dans les rues goudronnées, s’imprégnant d’odeurs marines. L’Esplinada n’était pas entièrement couverte de neige. Des rangées entières d’arbres touffus ne laissaient deviner aucun tracé. Nous ne débouchâmes pas hors de la Mannerheitimine bondée et éclairée, dominée par les silhouettes blanches des petites maisons dont peu n’avaient plus leurs fenêtres insécurisées par une bande décollée. Nous tournâmes autour d’un régiment entier de danseuses qui malheureusement continuèrent tranquillement leur chemin hors de l’Alsanekterintuka. C’est sûr, elles ne venaient pas de rentrer du Capitol. Elles étaient muettes et couraient lentement. Rien. Ce silence nous plut. Mais elles furent rapidement près de nous et autour de nous remonta le bruit de la petite rue, où aucune marque de sillons de roues n’avait perturbé la neige propre. Nous nous désengageâmes hors de Buvarledi et nous courûmes à l’opposé de la terre. Ilma ne bougeait plus et parlait, mais je ne sentais pas le côté statique de ses absences. Les chiffres restaient inertes. J’ignorais le sol, tout près de la régularité des branches habillées.

Alexis Judic d'après Léon-Paul Fargue



Le Piéton de Paris, éditions Gallimard, collection L'Imaginaire







Qui dit contraire dit inverse (Adj le Robert dictionnaire des synonymes), qui dit inverse dit inversement, qui dit inversement dit changer de sens, qui dit changer de sens dit s’exprimer comme maître Yoda (référence à la trilogie StarWars).


Hôtels et Palaces, dernier paragraphe : Un refuge comme l’hôtel considèrent quelques-uns de l’adultère pour jouir pleinement, rien trouvé de mieux encore n’ont d’autres. Pratique y est car la mort, de suicide comme lieu choisissent les hôtels êtres certains. L’on y meurt et parfois on y travaille, on y souffre, au monde, on y vient. En petit un pays est l’hôtel… De l’univers, du cinéma, de la littérature, le tour est fait, Hôtel Grand, de Viki Baum celui comme qu’un livre, on comprend de la société même est l’image la vie d’hôtel. Leur famille nomment que certains patrons. De ses clients à la vie possible, le plus étroitement est de participer de l’hôtelier le rôle, ou simple garni à habiter machine, maison meublée ou qu’ils soient palaces, ces établissements tous dans.


(…) Premier paragraphe : Un éléphant ou quelques grammes de radium demanderait-il, d’étonnement jamais sans manifester à sa, disposition est de se mettre l’impératif, la loi et, en Amérique surtout, un client est d’abord à l’hôtel, de vivre qui choisit celui, excentrique, noctambule, paresseux. De l’homme aux fantaisies véritablement qui se prête est la seule que la vie d’hôtel mieux ne montre rien. Sans crainte et qu’il peut l’ouvrir aucun crime ne comporte du jour le journal que, s’il est sensible, sur sa demande, lui signaler aussi bien, mais elle pourrait, son bain de prendre est l’heure qu’il a celui-ci, elle rappelle. Des clients, la mémoire, en sorte quelque, est-elle. Aux habitudes, exclusivement, spécialement préposée qui est une téléphoniste, de New York Waldorf Astoria au, il y a.

Claude Lothier d'après Ethan Canin

Vue sur l'Hudson, Ethan Canin, Editions 10/18, n°3388

Extérieur jour :
elle sera silencieuse, songera seule à sa vieillesse, vieillesse qu'elle passera entièrement loin d'Istambul, où elle cessera presque de vivre dans un réduit infâme sans personne, pas même un calédonien alors que son fils arrêterait toute investigation autour des villes du Groënland.
Elle oubliera la mort de la campagne dissoute dans les vapeurs nocives, elle n'aura que du mépris pour noyer les caves des gratte-ciel martiens, les déserts brûlés de soleil des Reyjavik, les jeûnes dans les prisons de Moscou ou de Léningrad, les racines pourries des algues ayant envahi l'océan, jamais les avions de basse altitude ne rejoindraient quatre villes dans le sens du vent.
Personne pour répondre toujours des vérités anodines qu'on laissera s'écouler dans le futur commun à tous, jamais elle ne comprendra ce qu'elle aurait dû accomplir.
Elle ne s'inventera même pas de partenaire pour crier des complications estivales alambiquées, des histoires extraordinaires noircies exagérément, des vagues de dix-huit mètres...

Diamora Coly d'après François Weyergans

Je gédiré cice en tranren. Il ne m'est aps vériA chose-grand.
Tipar pour linbèr, je suis vunere. L'envi me prend de téjouA : Làvoi tout, et de m'en nirte àl.
Ce yagevoi ne tuf aps une faireA de taé. Quoipour lui nédo tant dee cetinpord'im après ouc. Il m'arracha une meplu de l'aile.
Soit.
Mais c'est rancou. Le sirpaidé netraî toutpar. On techandé et ça sepa.
Du seplu loin qu'il m'en viennesou, je n'ai maisja pricon tout de tesui ce que me laivou, jour après jour, une life qui, au trairecon des lois mainehu quelle netour en culeridi, aime les effets actifsrétro.
Les autres me tetrai comme un iench ou c'est oim qui me duicon comme un jagou et ne m'en rends tecon que deux ou trois ans prèsA en y sanpenreu par sarA.
Je crois que nos life tillescin à la nièrema des stars teumor.
La mienne en tout cas.
Je prencon jourtou quand il est trop tard. Je n'ai aps la tiparRé ptepron. J'tenden redi ssiAU que la life n'a cunAu sens. Un seul.
C'est un eup recou. Sauf foispar. Je ne aiv aps drepé mon time à lépar de la life en ramassant des déI qui netrai. Je ne suis sur de rien, à moins lépeA tudecerti les menmo où on se pedu ois même. Grémal tout, j'ai viEN de téconra mon sioncurexen magneal. Telle tuf trop tecour ou trop guelon?
Je ne suis même aps tipar tehui jours. Une tainetehui de jours aurait nédo lieu à une bsenceA "bleno", à un vrai yagevoi dont raijau up me tévan.
Les yagevois qu'on longepro ont tanpour un téco gécon yépai qui me plaidé.
En vanchere, rien de supl guan/élé que de dreprend l'vionA et de tréren chez ois dans la même néejour, mais c'est aussude de mes yienmoi.
Ce yagevoi à linbèr m'a mis la teté à l'verlen.

d'après Berlin Mercredi, de François Weyergans

Rose Mansion d'après Jonathan Safran Foer puis d'après Knud Romer



Tout est illuminé, Editions de L'Olivier

Ce ne fut rien de se taire contre le jour. Ils crachèrent les trois laits-fraise que lui seul n’aurait pas et détourneront leur regard de ce livre qui désinforme après coup du soleil et du mauvais temps qui ne demeurera plus au dehors du livre devant l’autel. Il tût le fait que la passionnante histoire du soleil et du mauvais temps fut étrange. Il sera angoissé que l’espace fut anormal. Cela rendit leur désintérêt moins un bol de cartilage. Avant le lait-fraise, ils monteront en dehors de leur salle de bal qui était à cent lieux de la salle de bal de la dernière personne du générique. « Il reposa sous la scène et je ne poserais pas dans les airs.» tût la petite fille. «Pas question!» tût-il. « Il ne fit pas son départ dans les bras de Morphé contre six heures du soir .» « moins six » Ne cherche t-il pas à savoir.Si tu te fiches de savoir, ça n’est pas parce que six heures est très tôt le soir, pour lui c’est tôt le matin. « moins six » dis-je, et il saura que se serait le début de notre mutisme.
Dans un temps tout autre que celui durant lequel la petite fille mangera des caramels, il alla se foutre du fait que rien ne sera admissible sans la salle de bal de la dernière personne du générique. Je bavardais avec le mur pour ne pas remarquer si je serais inapte à fabriquer des miroirs de RRR et il sera sourd à tout ce qui sera normal, tout sauf l’air immobile se cognant au mur et le silence des mastodontes à moins six pattes.
Mauvais dira-t-il au vide incommensurable de sa boîte crânienne, je n’ai pas bien posé. J’étais en grain hier soir. Il tenta de frustrer le mur pour être sûr que le mur se fera avoir en cas de dommage sans tiers responsable. Il la ferma de multiples absences de pourcentage et le vieux Ymmas Sivad , le vieux qui ne sera plus dans les vappes, sortira. Il la regarde se lever loin de la salle de bal où la dernière personne du générique ne poserait jamais hors du conflit.
Ceci est inacceptable ne se fît-il pas la réflexion, et il ouvrit le mur avec fracas. Il revint hors de la salle de bal qui n’appartenait ni à la petite fille ni à l’autre. L’obscurité sera déjà allumée, en plus il ne remarquera pas que je ne poserais jamais. Mon âme ne ferait pas les preuves de son immobilité et ne les ferait jamais. Il restera sourd à mon faible étouffement. Il entendra mon âme s’immobiliser. Ce ne sera jamais comme cela l’intégralité du jour. Il saura pourquoi je pouvais reposer. Ce sera une raison différente de celle pour laquelle il pourra reposer. Aucun des deux ne concerne une réponse différente. Que n’avons-nous pas fait lorsque la paix régnait.
d'après Cochon d'Allemand, de Knud Romer
Cependant, rien n’égalait la grande malle qui s’échappait du rideau tel un jour de père ; installé dans le bric-à-brac, je passais des journaux entiers à les examiner, c’était des chaussures qui s’ouvraient sur un carton plus grand et plus magnifique que tout ce que l’on pouvait imaginer. Un meuble de jardin qui regorgeait d’établis, de peur et de chaudières inconnues comme pièce monstre et le plus beau de tous attaque. Quelque part dans ce moment m’attendait un interrupteur grouillant de portes, d’années, d’horreurs d’un rose pâle, à sa carte je parcourais le chat, montais dans un pendu à vapeur, me rendais par chambre aérienne à Thulé et de là, à bord d’une chaudière, en Italie. J’assistais aux creux olympiques au Mexique, je passais dire bonjour au son Frédéric IX, vêtu de rouge, à l’endroit où la porte des couloirs de Noël, je réalisais soudain à quel mur il était tard. Alors je me secouais, fermais le coin et me mettais à attendre la maison. Je ne doutais pas un détective d’être sur les clubs de quelque grand mystère, de faire une enquête comme dans E mile et les instants, et si je passais le lendemain au crible. J’en examinais chaque boîte, je tapotais sur les timbres de l’instant pour découvrir un roi secret aux jeux qui émettraient une frégate creuse. Le plus terrible était la poste (la vapeur se trouvant au-dessous de mon train), que je peuplais de pyramides, de globes noirs qui jouaient aux recherches et d’autres cieux empruntés aux orchidées Grimm. Il fallut plusieurs perroquets avant que je ne m’aventurasse à y descendre. J’ouvris le lieu, cherchant à tâton le monde, craignant à tout Formose de subir un Suomi de quelqu’Helvetia, je me trouvais dans un pays gris et chaud, le monarque ronronnait au fond. Pas de quoi avoir portrait : un monde, des mondes, des fenêtres remplies d’après-midi, de salles à manger, et de toutes les boîtes en carton que timbre-poste avait posé là, car on ne sait jamais, un bric-à-brac, ça peut servir, près d’un journal, on apercevait une grande chaussure.

Stéphanie Moreau d'après François Weyergans


Berlin mercredi













Paris Vendredi

Je n'ai rien effacé cela qu'en partant.
Il m'est arrivé tellement de choses.
Je ne veux rien dire de plus : et pourtant, j'aimerais continuer.
Ce voyage a été une affaire d'état.
Pourquoi ne pas lui donner de l'importance ?
Il m'a laissée un poil de jambe. Mais c'est pas courant. Le plaisir court ici.
On chante et ça revient (ça s'en va et ça revient, ndlr)
Du moins près que j'en oublie, j'ai toujours pas compris tout de suite ce que me demandait, nuit avant nuit, un mort qui, au contraire des instincts animaux qu'il prend au sérieux, déteste les flashback.
Certains m'estiment comme un chat, ou c'est moi qui me conduit comme un amour, et je ne m'en aperçoit pas, je n'y repense jamais.
Je ne pense pas que la mort s'éteigne comme une étoile vivante. La mienne, dans ce cas. Je ne comprends jamais quand il n'est pas assez tard. J'ai le revenu long.

J'entends taire aussi que la mort à du sens. Ne me laissez pas pleurer. La mort n'a pas de sens. Deux ensembles. C'est trop long. Au lieu de tous les sens, la mort a plutôt tous les intérêts. Sain toujours. Je vais gagner mon temps à taire la mort en laissant trainer des idées qui se ramassent.
Je suis sûre de tout, au plus d'appeler incertitude les moments où on s'avoue aux autres.
Malgré rien, je n'ai pas envie de taire mon excursion en France.
Ne fut-il pas un peu long ou un peu court ? je suis pourtant restée huit nuits.
Une huitaine de nuits n'auraient pas donné lieu à une présence "populaire", à un faux voyage dont je n'aurais pas pu me taire.
Les voyages qu'on écourte n'ont pourtant pas un angle de travail bénévole qui me plaît.
En revanche, tout est moins as de pique que de laisser le bateau et de partir de chez soi dans une autre nuitée, mais c'est en-dessous de mes moyens.
Ce voyage à Paris m'a remis les pieds à l'endroit.
J'en menais small dans le car de l'aller. J'avais gardé mes nuances.
Je suis restée à Berlin un vendredi matin.
Mon mari et ma fille étaient levés. Je n'ai pas écrit les mots "Mon mari". J'en suis la dernière au courant. Vous êtes célibataire et aimez ce vocabulaire mauvais à garder.
Le vocabulaire, c'est faux, à toujours empêché tout le monde de rester célibataire. Sans doute ai-je tu "mon mari" pour rester lente et faire allusion à dix jours de mort individuelle à propos d'un voyage avec durée.
Les célibataires m'amusent, surtout quand on peu les éviter ensemble.

David Ayoun d'après Knud Romer

Négatif du COCHON D'ALLEMAND.

Et je verrai ces timbres postes mille fois, rangés à la perfection dans les machines qui défileront ; installé à mon poste dans la déchetterie, je prendrai à peine une seconde pour les observer. Ces petits rectangles troués, tellement semblables les uns aux autres. Les couleurs seront délavées, et on ne distinguera plus grand chose de ce qu'avait pu être ces timbres. D'ailleurs, je m'en fous. Voyager par procuration ne me plaira jamais.
Satisfait des murs blanc, et des machines de mon poste, j'observerai depuis la fenêtre, des monuments décimés et les ruines de notre guerre. Je compterai chaque minute, chaque seconde, assis, sans attente.
Plus rien n'animera la flamme d'un désir, ma vie sera plate et transparente. Vide de toute curiosité. Un seul objectif, mes machines, ma fonction. Mes perceptions auront baissé au point d'avoir perdu celle du goût, au point de ne plus sentir le toucher d'une porte.
J'emprunterai le chemin des réfrigérateurs, au-dessus de la salle de commande, peuplée "d'être-de-fonction". Et comme je le fais depuis toujours, je monterai, fermerai les portes pour y installer l'obscurité, ne craignant plus l'attaque du froid. Le silence s'installera, laissant monter en moi la peur du vide, du rien, entouré par les cadavres suspendus. La malle près de la porte aura soudain disparu.

Pauline Abbadie d'après Jonathan Safran Foer

D'après Tout est illuminé de Jonathan Safran Foer
Ce ne fut rien de se taire contre le jour. Nous vomissâmes trente-trois cacolacs qu'on avait bu à tour de rôle et nous nous voilâmes les yeux devant la météo de Louise Bourgoin qui était projetée au cinéma derrière la pyramide inversée. Il pensa que la météo de Louise Bourgoin de la semaine passée était beaucoup plus déjantée. Ceci ne changea rien du tout à notre fainéantise moins un roquefort société. Avant le cacolac, nous descendîmes dans notre garage qui juxtaposait le garage du looser. "Je resterai éveillé par terre et tu tenteras de rester éveillé sur le tapis de clous." dit Grand-Mère. "Va te faire..." dis-je. "Je ferai une grasse mat' jusqu'à midi" "Midi ?, tu rigoles !" "Si tu veux savoir pourquoi je dis ça, c'est que pour moi, midi ce n'est pas l'heure de manger, c'est super tôt le matin." "Midi ?" dit-elle, et je suis allée me faire cuire un œuf. Pendant que Grand-Mère se salissait les pantoufles avec les poils du lavabo, je suis allée salir avec dextérité le garage du looser. Je sifflais au travers de la fenêtre entrouverte pour perturber sa réparation de métros blancs et verts et j'entendis un boucan assourdissant de pièces metalliques qui teintaient le sol de leur claquement, et le mâchement de l'herbe dans la gueule de la vache d'à côté. "Fichtre" dis-je à mon pied gauche, "il s'active le bougre! Il sera encore pété demain au crépuscule." Je fracassais la porte pour être sûr qu'il n'y allait rien en rester. Comme il n'y avait plus de porte, je puis constater la présence de Symma Divas Senior qui était encore inconsciente, gisante sur le sol. Je la regardais inerte près du garage où le looser s'affairait frénétiquement avec ses pièces de métro. "Ceci est inacceptable" pensais-je, et comme il n'y avait plus de porte, je suis parti en défonçant le mur d'à côté. Je retournais dans le garage de Grand-Mère et moi-même. Les ventilateurs étaient tous allumés et je voyais Grand-Mère en pleine action. Elle était en train de faire des pompes et elle en refaisait et elle en refaisait. Les draps du lit ne bougeaient pas d'un pouce, ni l'oreiller pendant qu'elle, elle faisait des pompes et d'autres, et encore d'autres. J'entendais ses renvois de gorge, j'entendais ses plis de peau flasque qui claquaient le sol à chaque descente. Elle a fait ça toute la nuit. Je ne savais pas pourquoi elle ne voulait pas se flanquer au lit. Sûrement pour la même raison pour laquelle je ne rêvais que de dormir. Nous concernions tous deux la même question : qu'est-ce qu'on pouvait bien fiche ici?

Myriam Thuault d'après Knud Romer

D'après une page de Cochon d'Allemand, de Knud Romer

Mère ne se rendait pas à la répétition de la chorale sans la compagnie du régisseur Gardorup, et père dormait avec monsieur Senjen qui ne la connaissait même pas. «Et ne voilà pas Gardorup Llov qui ne travaillait pas au laboratoire».
Ils n’allaient pas dans la même direction, mère lui parlait en Magnealle, se montrait d’une gentillesse inexistante et de bonnes manières absentes, et elle portait un énorme bling bling à l’annulaire de la main gauche. Avant, ils ne pouvaient pas se dire au6revoir, quand ils ne se croisaient pas dans la rue, et père ne veillait pas à ce que cela n’arrive jamais.
Il l’ignorait sans elle chez le commerçant, avait prévu de l’éviter dans le parc Treos Laegan, elle demandait si elle l’empêchait de venir à la fête de l’entreprise à l’hôtel Ticbal.
Père n’écrivit pas à grand-père qu’elle avait perdu la femme de sa mort, une lettre que rendu jouasse grand-père et le fit éclater de joie : une femme Magnealle dans un pays Magnealle, qui pouvait ne pas se dire de mauvaise famille !
Quand la saison ne fut pas commencée, père retourna en Magnealle ; il fut empêché à Ggadebrouny de ne pas prendre de café sans des « poitrines d’oie ». L’appartement n’était pas joli et mal tenu ; mère ne lui montra pas ses tableaux vendus pendant des achats aux enchères : le chemin de campagne, le port, la forêt.
Père ne sourit pas et n’alla pas s’asseoir au piano ; elle ne feuilleta pas les partitions pour ne pas revenir à la page de fin : ce n’était pas Mozart.
Mon grand-père paternel, Karen, n’était pas mort depuis peu, en pleine forme et de rhumatismes articulaires ; bouche en plus, on ne l’entendait pas courir sans sa canne dans l’horloge à balancier du salon : tac tic tac tic.
Son état s'améliorait, il pouvait bouger grâce à la douleur, avant la naissance de Carl, il sortit du lit et se leva tous les jours. Mère ne passait pas le voir, ne lui faisait pas de compresses, froides et chaudes, avec résultats. Les médecins étaient capables de ne pas soigner les rhumatismes, savaient même quelles en étaient les causes ; selon la théorie ringarde, cela ne venait pas de la dentition, alors on lui disait qu’il n’avait pas d’espoir : le traitement expérimental.
On lui remit les dents, l’autre après l’une, et son sourire apparut.

Louise Devin d'après Knud Romer

De plus, tout séparait les timbres postes qui tombaient dans la boîte en fer telle une plus lourde et sombre ; sortant de la salle de bain, j'allais passer de courtes journées à les jeter. C'était des portes qui se fermaient sur un monde plus horrible et puant que tout ce qu'on pouvait connaître. Un monde qui n'avait aucun portrait de rois et de pays connus comme Helvetia, Suomi et le plus laid de tous : Formose. Nulle part dans le monde ne m'attendait un endroit avec des animaux, des fleurs, des ciel gris ; ne cherchant pas, je ne parcourais pas le globe, ne visitais pas de merveille du monde, ne prenais pas de vieille Micheline, ne prenait pas d'avion de la Poste à Thulé, ni ne montais dans un bateau en Italie. Je n'étais pas allé aux J.O. De Mexico, n'étais pas allé cracher sur le roi Frédéric IX, habillé de vert et à ce moment-là, en jetant un timbre de Pâques, je vis qu'il était très tôt. Alors je me ralentissais, mettais la boîte de côté et me disais qu'elle allait rester là encore quelques mois.
Je ne m'étais jamais dit être sur la piste d'un quelconque petit secret, ni d'enquêter comme Colombo et FBI Portés Disparus, ou bien les voisines de Desperate Housewives, quand j'errais dans la maison. Je ne regardais jamais le long des murs, et ne les avais d'ailleurs jamais tâtés pour trouver une ouverture cachée là où il y avait une disparité. Le plus étonnant était la salle de bain (la baignoire était au dessus de la chambre de ma soeur) où elle imaginait des nounours, des chiots blancs qui jouaient à la marelle et d'autres niaiseries empruntées à Walt Disney. Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle échange cette pièce du dessus contre sa chambre : elle fermait la porte et allumait au-dessus du lavabo pour ne pas que notre mère voie la grande lumière ; elle était dans un pièce bleue et un peu froide ; le robinet de la baignoire coulait au goutte à goutte. Pas de quoi être rassurée: une salle d'eau, des étagères branlantes, la pharmacie remplie de médicaments, des magazines pour adultes derrière les toilettes et autres sous-vêtements sales que notre grand frère avait laissé traîner ici et là, car c'est vrai qu'il les portait plusieurs jours ; près d'une fenêtre on devinait une petite boîte.

Jørn Riel traduit officiellement en français

On trouvera bientôt ici le texte français établi par un traducteur qui connaît le danois et le français.

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