Vos placards sont vides, nos rayons sont pleins et personne ne proteste.
Allons bon, vous alliez dire : « C'est l'Europe, c'est notre nation avec son commerce. Vive la République! »
Méfiez-vous ! La bonne nouvelle se répand, elle empeste les grands boulevards, soyez prêt à entendre les carillons des cloches de la chapelle. Les volontaires et invalides en sortent fourche à la main, ils partent s'aventurer dans ces sentiers perdus, où survivent encore quelques maraîchers et autres vendeurs de jasmin.
Adieu Madeleine, j'ai rendez-vous sur le quai de la gare, les gars m'attendent. Ne pleure pas, contiens-toi, je t'en prie. Derrière les Pyrénées, le long de ce chemin vert se trouve notre liberté. Alésia, Stalingrad, Rome nous ont rejoints et bientôt l'Argentine. J'ai conscience que pour arriver à la Concorde il ne suffira pas de montrer patte blanche. La gare nationale et les écoles militaires nous attendront. Ils nous attendent peut-être, en ce moment. En rang, la crosse à la main le long de leur buste. Si nous arrivons à faire tomber la Concorde et avoir la main mise sur nos bourses, promis je t'appellerai, et sinon, souviens-toi que nos placards sont vides et que leurs rayons sont pleins.
Perrine Clément