Leurs échappées champêtres étaient fréquentes, ils partaient à la redécouverte de cet espace
qu'ils connaissaient par cœur. Leurs escapades furent pendant de longues années un
échappatoire à tout ce bourdonnement, ils fuyaient les mêmes rues mornes, les mêmes souks
grouillants et incompréhensibles, car c'était dans les panoramas, dans les horizons qu'ils
retrouvaient leur sensibilité. Tout au long des saisons, sous le soleil, sous la pluie, sous la
neige, ils marchaient pendant des heures dans cette vaste nature. À la recherche du calme et
de paysages merveilleux, ils déambulaient dans la montagne à travers les arbres, sous leurs
pieds le crépitement des branches les faisait frissonner. Ils se contentaient toujours de choses
simples pour être heureux. Après quelques dizaines de kilomètres parcourus, ils arrivaient à
leur repère ; une oasis de paix loin de la ville bruyante. Ils découvrirent cet endroit en haut
d'un piton lors d'une randonnée un mois d'avril, il y avait très longtemps. Pas très loin de là, ils
aimaient s'amuser dans les restes d'un palais, d'un temple, on ne sut jamais. Ils y passèrent
des heures et en connaissaient les moindres recoins, jamais ils n'y emmenèrent quelqu'un
d'autre, c'était leur secret. Ils aimaient la conquête de l'espace, du temps, ils étaient fascinés
par la splendeur des arbres. À l'automne, ils avaient un rituel, ils venaient le samedi, à six
heures du soir, ils s'asseyaient en haut du piton sur un rocher, toujours le même et observaient
les couleurs de la nature qui étaient d'une splendeur chaleureuse. Jamais ces charmes ne les
lassèrent et ils y demeurèrent toujours aussi spontanément sensibles qu'aux premiers jours.