Deux ou trois fois, je crois.
C'était ce lieu, dans cette rue, dans cet espace, avec ces regards, ces mouvements et ces murmures.
Peut-être, quelques fois.
C'était un temps, une figure, du souffle, un demi-mot. En fait, les mots n'existaient plus.
Peut-être quelques fois. Peut-être.
Cet instant, un moment. La fabrication d'image et de langage. Composition passagère de lumière, que l'on effleure, à peine, de la pulpe de son doigt.
Une fois maintenant, une seule.
Atmosphère : passable, mais à peine chaleureuse. Et ce froid soudain. Le tiraillement dans les os, l'éclosion et l'explosion de cellules. Les informations se perdent dans la mémoire des autres.
Une fois, C'est certain. Mais quand ?
L'expérience, C'est elle, C'est lui, Cet espace tout entier, dans lequel la consommation d'oubli vient, Pour combler le précipice du vide.
Pas le temps.
Quand alors ? Était-ce une fois ? Ou plutôt, une demi-fois ?
Le temps, pas la.
Le ventre gargouille, Il s'étire. C'est la sensation qui s'étend, passe à un autre. Les bruits, ce que l'on perçoit d'eux, se chevauchent et se transmettent, d'une bouche à un œil, d'un œil à un autre, d'une oreille à ce doigt, d'une main à sa fesse, d'une tension à une autre, d'une mémoire au souffle court.
Combien de fois suis-je venue au monde ?
Une demi-fois ?
Peut-être, Il me semble, un quart de fois.