Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

samedi 8 novembre 2008

Rose Mansion

Le monument des lettres closes

Une femme se penchait sur la rivière par-dessus le parapet rouillé. Une veuve, à la tristesse ridicule, jetant un regard plein de dérisoires espérances vers le lieu de son crime, un regard empli de promesses oubliées et de tortures passées. Plantée sur ce semblant de balcon comme un poignard factice dans le corps d'une piteuse comédienne de théâtre, elle avait caché, loin dans le labyrinthe de son esprit, le mouchoir carmin de sang qui gisait dans sa main. Le noir se faisait de plus en plus profond. Assurée des prodiges de la miséricorde chrétienne, elle répétait ses prières comme des litanies de mendiant, errant comme endormie parmi des arceaux d'abbaye. Un duel au pistolet aurait mis fin à cette nuit de carbone, mais elle était seule. Un bijou aux reflets troubles ornait son poignet blanc, presque transparent. Un souvenir d'une nuit d'ivresse. Muette, elle enveloppa le corps dans les draps et le porta jusqu'à la grève, on eût difficilement trouvé de plus grand monument.

Repas avarié

Je suis bien placé pour savoir que personne, personne dans ce monde, n'est totalement innocent. Même la casserole est responsable quand le caramel brûle, ça rassure les cordons bleus à la petite semaine. Vous savez, ceux qui pensent que des pâtes trop cuites sont le petit jésus en culotte de velours.
Qui aurait pu s'attendre à une telle abomination, même si depuis longtemps la rumeur faisait état des mœurs hors normes de monsieur le professeur, de ses relations pas toujours très recommandables. Il paraît qu'il fréquente beaucoup le lido, et aussi une de ces maisons bien particulières, celles avec des dorures et des glaces, même au plafond. Celles où se tiennent les pages les plus croustillantes de la littérature de gare, celles d'où l'on sort avec des griffures dans le dos. Dès l'entrée, une furieuse envie de pousser la fille dans la soupente de l'escalier et d'en fermer le verrou à double tour lui traversa l'esprit. Il n'aurait plus alors, qu'à offrir des chrysanthèmes à sa mère et des roudoudous à son fils. En bon fasciste repenti qu'il était il garda une expression plus plate qu'une limande à cette pensée.
C'est alors que je vis la branche poindre au-dessus du mur. Près des violettes qui avaient dépéri à cause du trichloréthylène. Celui qui tue les rapaces protégés tout en nettoyant la faïence, elle avait disparu cette teigne. Crachant son venin derrière son éventail parfumé. Le genre de démon poudré, une guimauve au poivre, qui nettoie sa gorge à l'hypochlorite de sodium..

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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist