L'œil du sphinx
Submergé par les émotions, le corps maladroit, il avançait en s'appuyant sur une branche morte.
Entre les arbres, il voyait beaucoup d'autres choses, toutes propices à lui donner d'utiles pensées. Il
se sentait étouffé au point que son corps lui paraissait privé de coordonnées spatiales et
pratiquement incapable de distanciation.
Explorations microscopiques, troubles visuels et nomades, il observait, tout autour de lui. Mais il
oubliait instantanément. Son esprit était face à des apparitions lumineuses, floues, mouvantes.
Ce genre de pensées il en avait déjà pléthore, elles se bousculaient dans sa tête, pareilles à une foule
d'appelés à la caserne.
L'œil fixe, droit devant lui, semblable à l'œil du sphinx, son lourd masque de pensées le faisait
avancer. C'était elles qui lui mesuraient le chemin et non les bornes kilométriques, inexistantes, car
lorsque sa tête, tel un pommier fertile, croulait sous leur poids, il s'arrêtait tranquillement avec le
bâton sauvage et se disait :
- Tu as assez marché, Löris.
Et tout s'évacuait, il ne pensait plus à rien. L'esprit, la tête légère, la branche flottante, il évoluait.