Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

lundi 26 novembre 2018

Edusha Lassissi d'après une idée formulée par Sei Shônagon


Choses qui ne servent plus à rien mais rappellent le passé
Un stylo qui ne fonctionne plus
Un chargeur d’un appareil qui ne fonctionne plus
Un ticket de cinéma (ou métro bus train tram parc d’attraction spectacle concert)
Une photo (n’importe quelle photo, toutes les photos)
Le compte facebook d’une personne décédée
Un jouet dans une maison sans enfant
Une vieille éponge qui salit plus qu’elle ne nettoie
Une bouteille de shampoing vide (ou de gel douche, ou de crème, ou de dissolvant, ou de lessive, ou d’adoucissant)
La moitié des choses qui traînent chez moi ne servent à rien mais me rappellent des choses, alors je n’arrive pas à les jeter. Parfois même, elles me rappellent des choses qui ne se sont pas encore passées. Je pense à tous ces cartons, ces planches, ces bouts de bois que je gardais dans le but de… Faire de l’art. Globalement, je pensais peindre dessus. Mais je ne peins pas tant que ça. Et ces objets n’étaient pas si pratiques à peindre. Alors j’ai gardé longtemps, trop longtemps, ces objets, dans mon entrée, et ils m’ont emmerdée longtemps. Jusqu’à ce que je décide enfin de m’en débarrasser. Et même après avoir pris cette décision, je les ai uniquement mis dans mon couloir et ils y sont encore. Je m’en suis presque débarrassée.

Choses qui gagnent à être peintes
Les choses qu’on ne voit pas

Choses qui perdent à être peintes
Le ciel, dans tous les cas, perd carrément à être peint. Ou pris en photo. Ou représenté graphiquement, dans l’ensemble. Parce que quand on regarde le ciel, c’est beau, c’est vraiment beau. Un coucher ou un lever de soleil, c’est plein de couleurs. Assez difficile à décrire ou même à se remémorer. On se dit que les couleurs sont magnifiques et qu’on va prendre une photo (pourquoi, d’ailleurs ?) . Et puis c’est moche. C’est peut-être parce qu’on est mal équipé, mais sûrement parce qu’une photo ne retranscrira jamais, JAMAIS un putain de lever ou coucher de soleil. Mais c’est pas fini, parce que j’ai dit ciel. Ciel. Il y a un truc pire que la beauté des couleurs provoquées par le soleil qui se déplace. Il y a la nuit. Il y a les étoiles. Vous avez déjà vu un ciel étoilé ? Ben voilà. Vous avez vu une peinture de ciel étoilé ? C’est moins bien. Je trouve qu’il y a des choses dans la nature qui sont bien trop belles pour être représentées correctement, et ça y perd. Un peu comme une mauvaise reprise en musique.
Parlons-en, tiens. 
J’aime beaucoup les reprises, parce que c’est une réinterprétation personnelle d’un titre. L’artiste a entendu une chanson en particulier, qui a son identité propre, et il décide de la réinterpréter à sa sauce. C’est la même mélodie et les mêmes paroles, en général, à peu près, et ce qui change, ce sont les arrangements, les instruments, les voix, tout en fait. Et c’est ça qui est magique, je trouve. Donc j’aime les reprises quand elles sont bien faites. Et je déteste les reprises quand aucun travail nouveau n’est fait et qu’on a vraiment seulement un artiste qui rechante la chanson d’un autre artiste sans rien insuffler de nouveau à la chose. Dans ce cas-là, quel intérêt a cette reprise ? Autant écouter l’originale.
Donc voilà. Si on revient aux choses de la nature qui selon moi ne devraient pas être peintes, photographiées, dessinées ou que sais-je ; il y a une chose que je vais clarifier : de la même manière que ça ne sert à rien de reprendre un titre musical si on ne crée rien de nouveau à partir de celui-ci, ça ne sert à rien de photographier un énième coucher de soleil ou ciel étoilé si on ne crée rien de nouveau, si on ne crée pas, graphiquement, quelque chose à partir de ça. 
Pour conclure, je dirai que tout perd à être peint si on n’y ajoute pas quelque chose.

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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist