ROSTOV SUR LE DON

Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

mercredi 8 mai 2019

Edusha Lassissi décrit une photographie que nous ne voyons pas


Bleu. Bleu et brun.
Le sol est gris et rempli de bordel. Des sacs poubelles, des poubelles, des cartons, des planches. 
Une fenêtre qui ne donne sur rien. 
Les murs en sont remplis, de rien. 
Le plafond n’est pas droit, il est marron. 
Foncé. 
Le mur est marron clair.
Le sol est toujours gris.
Je ne comprends pas ce qui est carré et bleu au milieu ? C’est très bleu, pourtant. Je sais, ça n’a rien à voir. 
C’est lumineux.
Comment en sortir ? 
Il parait que ça n’existe plus. 
Qu’y a-t-il à la place ? Quelque chose de moins charmant, probablement. 
C’est bleu et brun et marron et beige, c’est lumineux et fermé et fenêtré et dérangé. 
Bleu et brun.

Edusha Lassissi marche regarde écoute sans parler puis écrit


jeudi 7 février 2019

Léna Guyon aime les silences et la lumière


On est partis, le soleil se couchait dans le silence. Nous avancions sous le ciel très bleu à la luminosité décroissante. Le vent était froid et chargé de fumée de Mélanie. Lorsque l'on est partis je ne pensais pas que cette expérience serait aussi agréable. Marcher en groupe mais dans le silence. J'ai ressenti plus profondément nos liens. J'aime les silences entendus. Il n'y a pas de sentiment de solitude, au contraire. Dans ce silence nous étions bien plus attentifs les uns aux autres mais aussi à nous mêmes. C'était très doux. Je nous ai trouvé beaux, là au milieu de la place dans les lumières de la nuit. Notre rythme était lent, nous nous sommes arrêtés mais nous n'étions pas perdus. J'avais l'impression d'assister à cet instant de vie des gens que nous croisions sans qu'ils me voient. D'avoir pris tant de recul... 
Encore là j'ai du mal à parler, c'était très beau. Une lumière que j'aime.


Mélanie Pelletier n'a pas parlé mais a pensé

Je suis rentrée,
en premier.
J'étais lassée
obsédée.

Je voulais vider le Mans
Comme Nicolas Moulin vide Paris
Et dans le même temps
J'aurais voulu taire tous les bruits

J'ai vu un ancien ami, il était dans le tram.
J'imagine qu'il rentrait de la fac, 
un peu en vrac.

J'ai vu deux autres connaissances, 
que j'aurais aimé
ne pas croiser.

J'ai entendu
une petite fille pleurer et sa maman bourrue,
un jeune homme disant à ses amis « Ta mère elle crèche à Pandora ? » fier comme un roi,
un couple se bécotant
pause
elle demande : « T'as vu mes ganglions ?
Genre ?
Dedans ? »

Je semble sûrement pessimiste,
Il n'en est rien !
Enfin...

J'ai_
Non !
Mes yeux !
Mes yeux ont aimé le ciel bleu,
les lumières

Mes mains et mon visage ont accueilli le froid, appréciant.
Mes oreilles, 
bien que brusquées lorsque les cris rentraient dedans,
se sont vues mélomanes de la circulation.

J'ai cru voir, mais je ne suis pas sûre, quelques gens heureux.

Lors de l'aller, 
Kevin en train de marcher,
je regardais sa silhouette évoluer avec grâce.

Pour le retour,
revoilà le démon vautour : je regarde mes pieds,
priant d'être bientôt arrivée.

Ça y est, l'école.
Plus bordélique que frivole.

Ici aussi la lumière est jolie,
j'y passerais bien la nuit.

J'ai oublié de raconter :
Claude que je sens dans mon dos, son arrêt résonne
le SDF qui hurle « puta puta » au téléphone
le tram qui sonne

Kévin Fromont n'a pas parlé en marchant

Marche silencieuse

Une fois les règles établies nous sommes partis.
Nous avons commencé à descendre la rue et dans mon coin d'œil gauche, j'ai vu une femme qui allait sans doute emprunter le même chemin que nous. Je marchais un peu plus vite alors j’étais devant. Pour traverse la route, je n'ai pas attendu le feu rouge. Plus de voitures, on traverse. Quand on atteint l'autre côté, le rythme est différent. Je suis toujours devant. Une discussion sur les juifs. "Bon week-end. A toi aussi." On continue de monter, on arrive bientôt sur la place. Place. Je m'assois, Mélanie me rejoint. Ainsi que les quatre, suivent le mouvement comme le début. Je me dis qu'il est temps de bouger après quelques secondes d'assise et nous allons vers un arrêt de tram. Là, une femme nous attend devant les sièges prévus. Je croise son regard. Quand on arrive, un tram arrive. La Ligne 1. Léna me photographie, et pendant qu'elle le fait, un homme la dévisage en face de moi à l'abri derrière sa paroi de verre. Le tram repart et un enfant, une enfant que l'on entend pleurer, crier, on ne sait pas trop. On entend la mère qui répète, a répété trois fois, à l'enfant, qu'elles étaient sorties du tram. Nous sommes toujours à l'arrêt. Elle se posent, au pluriel, sur des sièges situés à ma gauche tandis qu'un père et sa fille arrivent un peu plus tard. Pas du tout la même ambiance. Le père et sa fille sourient. Elle revient de là où elle a fait des pas chassés. "Des petits pas chassés, trop mignon.", disait le père. Il est temps de s'en aller entre les deux ambiances familiales. Nous partons, un tram arrive. Je ne sais pas quelle ligne. Sur le retour, on croise Guy Brunet, Claude lui parle. Nous le laissons. Et plusieurs fois nous nous retournerons pour voir s'il revient. De loin, je vois qu'Edusha et Solaine ont brisé la règle du silence dans l'intimité. Je les comprends, j'aurais fait la même chose. Je décide de traverser la route que quand il n'y aurait plus de voitures. C'est long, je marche. Le bus est loin. Je traverse. L'envie de parler est brûlante. Anaïs me dit "Bonsoir", je hoche la tête comme je n'ai pas me droit de parler. J'ouvre la porte à Léna. A l'intérieur, Edusha me propose des gâteaux, j'ouvre la bouche, enfin, pour lui dire : "Merci".

Solaine Jauréguiberry

Le froid brûle mes jambes. Le bruit du jogging d'Edusha occupe toutes mes pensées, j'ai la chanson de Lomepal en tête. Je me refais la série d’événements qui va suivre cette promenade. Comme très souvent je marche sur une ligne de pavé, ça me fait regarder la démarche du reste du groupe. On est placé comme une formation d'équipe de foot, on est assez espacés. Kevin est devant. Claude lève la tête vers le mur de l'école comme si c'était la première fois qu'il regardait ce mur alors qu'il est sans doute passé là une centaine de fois. Il sourit puis contourne un arbre, je crois que beaucoup de gens font ça, sans doute parce qu'on se dit que les chiens font pipi là. Puis la chanson revient. Tout le monde se met à traverser la route n'importe comment. Louis me pousse légèrement avec son épaule. Un bus arrive, le ciel a le bleu comme j'aime, ça donne une vraie impression de coupure avec les toits. Dans la petite montée le long du Barouf je retombe sur le jogging d'Edusha, il est si beau, il faut que je le prenne en photo. Les chips que mangent les deux filles du bar me donnent envie. Je suis perdue dans mes pensées sans vraiment savoir ce qu'elles regardent pour autant. On se dirige vers l'arrêt de tram, j'entends des voix au sous-sol. Ils sont trois à monter les escaliers qui donnent au milieu de la place, je crois qu'ils parlent de voiture mais je n'arrive pas à me concentrer pour écouter ce qu'ils disent. La lune est si petite, et ce bleu qui change doucement. Tout à l'heure Claude s'est arrêté pour prendre une photo, il semblait heureux, il l'a montré à plusieurs, la légende disait "On ne parle pas". Les autres sont déjà arrêtés, sous l'arrêt de tram, je les vois s'amuser de la vitre qui a sans doute été cassée pendant les manifestations des gilets jaunes. On est maintenant tous sous l'arrêt, un tram arrive. Plusieurs personnes montent et descendent, je suis contente de ne pas avoir à me serrer parmi eux. Une femme descend en colère avec son enfant, elle lui parle pas toujours très bien, je pense qu'elle doit être à bout parce qu'elle a fini par lever la main. Alors je repense à toutes ces discussions autour du fait que l'on ait le droit ou non de taper les enfants. Je sens que les autres aussi sont happés par cette scène mais, je ne suis pas sûr qu'ils aient vu la maman frapper le petit. Mélanie hésite à partir puis finit par le faire sans que l'on s'en aperçoive. Je la vois déjà au bout de la place. 

jeudi 13 décembre 2018

Kévin Fromont ne lit pas le suédois

...et fait comme il peut pour "traduire" une page puisqu'on le lui demande :

Des résultats pour donner des constructions haut feu pris, l'homme lait vint formé construit et salamandre, toi de au sens continu; grave dans la culture allemande avec un avisement pour signifier que là-bas du globe (exemple les Italiens) qui transgénoment à l'euphorie verte. Je dénonce depuis deux aspargus de Médéline qui s'avèrent être des grands hommes poilus et andriques de Médéline à la nature iconique. Ah tu es nu en-dessous ? Ô homme éliminé la-bas de sa pris sans ventre, et sans fin du l'allée quand vit ce substance informative. 
Je signifiais une fois depuis les constructions/les bâtiments de Médéline aux scènes réelles formelles, signifieront en somme de la forme que j'avais photographiée ; tu donnais l'interdiction mêlant des betteraves nuit butternut construction je devenais analogue sans grande fréquence entre langues au "arbitraire" (sans je parle), ça a du sentir l'enfer entre les langues les doigts de la nuit halte gérer compliquant mon effort a et train bougre avec avoir agora mais dans le physique sans grande fréquence de la forme.

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist