Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

jeudi 7 février 2019

Solaine Jauréguiberry

Le froid brûle mes jambes. Le bruit du jogging d'Edusha occupe toutes mes pensées, j'ai la chanson de Lomepal en tête. Je me refais la série d’événements qui va suivre cette promenade. Comme très souvent je marche sur une ligne de pavé, ça me fait regarder la démarche du reste du groupe. On est placé comme une formation d'équipe de foot, on est assez espacés. Kevin est devant. Claude lève la tête vers le mur de l'école comme si c'était la première fois qu'il regardait ce mur alors qu'il est sans doute passé là une centaine de fois. Il sourit puis contourne un arbre, je crois que beaucoup de gens font ça, sans doute parce qu'on se dit que les chiens font pipi là. Puis la chanson revient. Tout le monde se met à traverser la route n'importe comment. Louis me pousse légèrement avec son épaule. Un bus arrive, le ciel a le bleu comme j'aime, ça donne une vraie impression de coupure avec les toits. Dans la petite montée le long du Barouf je retombe sur le jogging d'Edusha, il est si beau, il faut que je le prenne en photo. Les chips que mangent les deux filles du bar me donnent envie. Je suis perdue dans mes pensées sans vraiment savoir ce qu'elles regardent pour autant. On se dirige vers l'arrêt de tram, j'entends des voix au sous-sol. Ils sont trois à monter les escaliers qui donnent au milieu de la place, je crois qu'ils parlent de voiture mais je n'arrive pas à me concentrer pour écouter ce qu'ils disent. La lune est si petite, et ce bleu qui change doucement. Tout à l'heure Claude s'est arrêté pour prendre une photo, il semblait heureux, il l'a montré à plusieurs, la légende disait "On ne parle pas". Les autres sont déjà arrêtés, sous l'arrêt de tram, je les vois s'amuser de la vitre qui a sans doute été cassée pendant les manifestations des gilets jaunes. On est maintenant tous sous l'arrêt, un tram arrive. Plusieurs personnes montent et descendent, je suis contente de ne pas avoir à me serrer parmi eux. Une femme descend en colère avec son enfant, elle lui parle pas toujours très bien, je pense qu'elle doit être à bout parce qu'elle a fini par lever la main. Alors je repense à toutes ces discussions autour du fait que l'on ait le droit ou non de taper les enfants. Je sens que les autres aussi sont happés par cette scène mais, je ne suis pas sûr qu'ils aient vu la maman frapper le petit. Mélanie hésite à partir puis finit par le faire sans que l'on s'en aperçoive. Je la vois déjà au bout de la place. 

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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist