C’était un soir de décembre, un 24, la nuit de noël, la messe de minuit, de 19 heures trente en fait (même les prêtres ont compris qu’une hostie était rarement le seul repas des communiants, surtout à Noël).
Et ce soir-là, ce fut ma dernière messe de Noël.
Mais c’est toujours quand ça commence à devenir amusant que ça s’arrête. Jusque-là, à partir du moment où ma foi a commencé à vaciller plus que la flamme d’une bougie agonisante en remerciement à St Antoine, la messe de Noël offrait une palette de divertissement plutôt limitée. Le seul moment de suspense consistait dans le gloria in excelsis deo, chanté de telle sorte que le « o » de gloria soit une succession ininterrompue de notes durant environs 7 secondes. D’où ce mystère plus insoutenable que celui de l’immaculée conception : Tiendrais-je ou non? Cette question cruciale résolue, le temps paraissait peu enclin à passer. Mais ce soir-là, le prêtre avait semble-t-il décidé de nous offrir un prêche plein d’enthousiasme. Nous étions alors en pleine affaire dite de « la vache folle ». Dans un élan d’humour qu’il ne remarqua pas lui-même, il parla du bœuf dans l’étable de Bethléem et ajouta : « Ah, il lui arrive bien des malheur à ce pauvre bœuf en ce moment. » . Quelques-uns d’entre nous commencèrent à être secoués de tremblement nerveux, bientôt suivis par le banc sur lequel nous nous trouvions. Jusqu’à ce que le prêtre ajoute :« Prions. », complétant ainsi très judicieusement le champs lexical entamé. Avec l’arrivé du prion du bœuf fou, ce fut toute la rangée qui fut contaminée par un rire diversement réprimé. Pas assez cependant pour que les vieilles du banc d’à côté ne s’abstiennent de nous lancer des regards outrés et désapprobateurs. Allez, un peu d’indulgence, c’est Noël.
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Je crois que je n’ai jamais écrit de lettre au père Noël. Quel concept absurde, d’ailleurs, ce « père Noël ». Je suis d’avis qu’il ne faut pas commencer à bercer les enfants d’illusions dès leur plus jeune âge, après ils finissent par croire en dieu… ou en les publicités. Si on arrêtait de nous laisser penser qu’il y a quelque ou quelqu’un qui peut résoudre nos problèmes et satisfaire nos désirs dans je ne sais trop quel pays lointain, on comprendrait plus vite qu’on ne peut ni tout résoudre, ni tout avoir, sans lever le petit doit.
Les lettres au père Noël sont une prière à la société de consommation, les listes de Noël, en revanche, sont une commande de client à fournisseur, les deux parties étant conscientes du fait que « c’est la crise », et que par conséquent, tout n‘arrivera pas.
Je crois que je déteste profondément le père Noël dans son image la plus admise. Un vieil homme en surcharge pondérale, en robe de chambre rouge à fourrure et au nez couperosé. En plus, il fait des cadeaux aux enfants s’ils ont été gentils, c’est malsain tout ça. J’oubliais le travail des enfants, oh pardon, des lutins. Comme quoi, plus les mensonges sont gros, mieux ils passent. S’ils sont si petits, ces travailleurs exploités, c’est que ce sont des enfants voilà tout.
Mais Noël c’est aussi de grands moments de bonheur, comme chaque année. Les clients vont-il choisir le foie gras ou le saumon? Quels sont les jouets préférés des enfants? Comment va le père Noël ? Sans oublier les crèches régionales.« Magnifique. ». Oui, merci Jean-Pierre Pernault. Les victimes du conflit proche-oriental te remercient aussi, de là où elle sont : entre l’ouverture des magasins le dimanche et la fabrication des marrons glacés. Merci Jean-Pierre. Je vois que depuis des années le père Noël s’obstine à t’offrir des œillères. Pour information, la plupart des saumons d’élevage sont gavés de saloperies qu’on retrouve ensuite dans la tranche orange vif qui orne nos assiettes, les jouets qui inondent le marché portent dans leurs plastiques et leurs peintures des composés toxiques, le père Noël n’existe pas, et s’il existe, c’est de la merde, et les crèches régionales… Ah… Les crèches régionales… Au moins ça occupe les gens, ça leur évite de penser à la réalité précédemment décrite.
Il faut voir le bon côté des choses, on se retrouve tous, avec un peu de chance on réussit à pêcher le dernier chocolat fourré au prâliné et c’est le seul moment où on peut envoyer des textos à des gens qu’on avait soigneusement oublié pendant l’année.
Ah, au fait père Noël, si tu pouvais amener des médicament contre le VIH en Afrique, ce serait chouette, arrange-toi avec dieu, ça doit pouvoir se faire.
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On a mis le sapin en retard cette année, après Noël même. En fait, rien n’a été comme d’habitude. Noël, c’était dans le sud, il n’a pas fait beau non plus, mais c’était dans le sud. Chez des amis, vraiment chaleureux, mais c’était chez eux. On a ouvert les cadeaux à côté du sapin, mais celui-là, on ne l’avait pas décoré ensemble. On a attendu qu’on soit tous là, sauf qu’on était neuf. Personne n’osait ouvrir son cadeau en premier, d’habitude on fait ça tous ensemble; les parents finissent de boire leur thé, on s’assoit par terre et on plaisante en faisant semblant d’être surpris de ce que l’on reçoit. Chez les autres on fait ça vite, plus vite en tout cas.
Mais quand j’y pense, ça n’est pas si grave, c’était Noël quand même, et je n’aime pas moins les gens quand je suis dans le sud.
Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire
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