Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire
dimanche 14 octobre 2007
Stéphanie Moreau
Je suis arrivée dans cette chambre d’hôpital après le coup de fil de ma sœur. Dans les couloirs, un grand silence, les pas des médecins et des infirmières. Il est là, il est l’autre. Je m’assois au bord du lit où mon père est endormi. En me relevant, je sens le chagrin monter et je racle un sanglot. Je ne veux pas qu’on m’entende. Ma sœur est à côté, alors je ne crie pas. Je hurle de l’intérieur. De le voir là. De nous voir ici. Qui est responsable des cris dans le couloir ? Il fallait bien que ça arrive. La porte est fermée, nous sommes là tous les deux. Près du lavabo, un étrange produit antiseptique. Je me lave les mains. Et m’arrache la peau en les essuyant tant le papier est rêche. Se souvenir de cet instant… Qui a laissé mon père ici comme ça ? Il y a des choses auxquelles je ne penserai plus. Ma voix est comme éteinte, ma porte restera close. Je m’étais certainement endormie, ma mère et me sœur me le font remarquer; c’est lorsqu’elles ont entrebâillé la porte que je me suis réveillée. Et nous sommes parties. Plus tard, « c’est fini ».
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