Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

samedi 22 octobre 2016

J'irais bien en Bretagne

J'irais bien en Bretagne, travailler mon mémoire
Jouer avec les algues, comme si c'était des poils
Me mettre au vert un peu, festoyer, pas qu'un peu
J'accuse la Pervenche, le poignard à la main
Zigouillé dans le hall sieur Sable d'or les Pins
Station balnéaire pour les malencontreux
Casino tiens-toi bien, tu fais des malheureux
On va vider tes caisses et repartir blindés
Le bas d'caisse ras d'la fesse, sans avoir avancé
Plus que quatre semaines, même pas trois mots notés
Encore bien bourracho, maintenant au pajot !

Co-création de Caroline Laville et Chloé Ghesquier

Signé Anaïs Brilland

"Pas le temps d'écrire lorsqu'on est malade 
Pas le temps de souffrir le regard fade."

Bonus : (parce que je suis inspirée)

"Dans cet aéroport les gens se stressent
Dans cet arrêt au port, les gens m'oppressent"


mardi 11 octobre 2016

Francine Abada

Pour moi écrire un texte rien qu'en alexandrins
C'est comme lorsqu'un chien tente de pisser debout
La tâche, en apparence semble facile, ma foi
Mais le pauvre clébard se sentant diminué
Par la grandeur du maître ne tente pas sa chance
Mais moi lorsque j'écris, je prend des airs de grande
Et je fais semblant d'être comme un fin écrivain
Et comme par magie, les vers sortent d'eux-mêmes 
Et je peux maintenant vous dire, mes chers collègues 
Qu'écrire est comme un jeu
Et lorsque l'on se prend pour quelqu'un qu'on n'est pas

Il arrive parfois que tout le monde y croie

jeudi 6 octobre 2016

Quelques alexandrins de Maely Massereau

Ô garçon callipyge, autour de ton silence
"Je distille mes larmes pour oublier tes charmes" (Flavien Berger)
Ton regard alliciant où l'amour s'égarait
Et puis vint le moment d'un tendre au-revoir
Pour peu qu'elle nous revienne, insouciante allégresse

Pouvoir te figurer, là tout nu sur mes draps

Chloé Gesquier, d'après des extraits des Choses de Perec


Une guerre d'usure commençait. Dans leurs mémoires embrumées, les souvenirs surgissaient. Ils l'avaient toujours connue. Petite et blanche, discrète et chaleureuse. Jamais ses charmes ne les lassèrent, même après tout ce temps passé. Ils leur semblaient parfois qu'ils avaient grandi et vieilli avec elle.
Ils en aimaient les images qu'ils gardaient, le calme et la sérénité qu'elle procurait, l'amour et la joie qu'elle suscitait tout au long des saisons et des années.
Mais le temps est passé, les charmes ne sont plus, les belles images disparues. Il n'en reste que des ruines, l'absence de vie et de chaleur, l'apparition de fissures et d'usure.


Chloé Ghesquier

Inès Prenant, d'après des extraits des Choses de Perec

Ils parlèrent vaguement de fabriquer des poteries rustiques. C’était sans doute le seul
domaine où leur sensibilité avait tout appris. C’était leur passion première ; ils s’y
donnaient chaque soir, ou presque. A partir du mois d’Avril, ils s’échappèrent à Tunis. Ils
essayèrent de trouver, dans les ruines, dans les horizons, des splendeurs qui les auraient
inspirés. Jamais ces charmes ne les lassèrent. Après quelques mois d’une insouciante
allégresse, sans production, il devint évident que ces échappées champêtres
n’atteignaient que rarement le stade de vrais projets. Ces embryons de départ n’allaient jamais
bien loin. Ils s’interrogèrent. Il leurs fallut longtemps pour s’apercevoir que les fonctions les
plus banales de la vie étaient les plus inspirantes. Ils se consolèrent de leur mieux. Puis, il
leur plu d’imaginer les possibilités de rentrer à Sfax et de vivre enfermés dans leurs
demeure deux ou trois fois par semaine. Et c’était sans doute le seul endroit ou ils
produiraient vraiment. Ils avaient connu Tunis, non pas comme forme balbutiante, mais
d’emblée avec ses chefs-d’œuvre et sa mythologie. Il leurs semblait parfois qu’ils avaient
grandi avec lui. Et suite à ce voyage, quelque temps plus tard, ils se félicitèrent de leurs

multiples productions.

mercredi 5 octobre 2016

Julie Tavernier, d'après un extrait des Choses de Perec

Jamais elle ne fermait un livre. Sans cesse trônait à ses côtés un ouvrage plié sur sa moitié, interrompu au cœur de l'histoire. Ils l'avaient toujours connue ainsi. Il n'y avait pas un seul dimanche sans la voir, cheveux humides à la racine, secs aux pointes, repliée sur une page trop souvent cornée, habituée au matelas usé par le temps, genoux ramenés contre elle, se mordant méthodiquement l'intérieur de la joue.
Ces instants de calme étaient précieux, hebdomadaires - si ce n'est quotidiens, apaisants. C'était sa première passion : le calme.
Avec le temps on se demandait même si elle ne s'abandonnait pas à ces instants de lecture dans un endroit spécifique comme seul prétexte pour qu'un message passe. Il fallait alors comprendre qu'elle réclamait un temps où personne ne la demanderait, sachant qu'on l'observait pour un service précis.
Cependant on l'observait souvent parce qu'elle était fascinante dans cet univers stérile, elle apparaissait comme un être innocent et vide, cherchant à remplir sa vie du récit des autres, elle s'imaginait dans les rues de New York, sous la torpeur des tropiques, habitant la rue Mouffetard, jouant avec ses sœurs dans le jardin des Plantes... Mais quand elle refermait les pages tout s'écroulait sous le poids des photos, des objets achetés vingt ans auparavant, des couleurs des murs, du vieux fauteuil du salon, du guide touristique sur la table basse - promesse d'un voyage épuisée par les années.

Alors les livres ne se refermaient pas.

lundi 3 octobre 2016

Arthur Saguez, d'après des extraits des Choses de Perec

Ils couraient sur ces soirées qui tombent vite dans la nuit. Ce soir ils sont dix.
Le dîner fut rapide et sans débat, une soirée provinciale où tout le monde contait l'horizon. 
Première canettes, premier sourire.
L’alcool ne coule plus à flot, c’est le métal qui tombe, lourd sur le béton.
Les théâtres, les temples, les palais sont vides, seuls la rue, oasis moderne grouille de visages vides et de gorges pleines. 
Troisième canette, l’impossibilité de rester entre eux. Seuls ! Les dégoûte mais dehors il faudra oublier,                    éviter,         frapper,      boire,   et voir.
Les courants entre eux divergent et dix verges c'est énorme ; les rues mornes sont vides d'amis. La possibilités d'en trouver les dégoûte. A quoi sert-il d'avoir des amis si on ne peut pas se faire d'ennemis. 
Froideur
La nuit a galopé jusqu’à eux, et maintenant les immeubles ne touchent plus leur ciel. L'ambition du bar leur semblait réalisable et c'est là seulement là que les dents se desserreront et que les langues claqueront au rythme des verres cassés, même si l'ennui et le sentiment de discorde les piquaient. Car en fin de compte , ils étaient amis                                                                                         
                                                                                  où en tout cas pas ennemis. 






Le temple sert à faire le vide.
Le palais sert à faire lever l’ambition .
L'' oasis sert à faire cailler la solitude
pour obtenir des amis.
L' oasis est une substance 
extraite des la solitude des jeunes
ruminants.
La solitude est une partie de l’’esto-
mac des ruminants :
(abandon, oubli, pardon, froideur). 

                                                                                                                   Arthur Saguez 

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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist