Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

dimanche 31 octobre 2010

Faisan faignant ou fainéant ?

Les faits sont là, le fait de faire un fait entraîne une polémique qui fait rage.

Le faire-part, fait part d'un fait.

Un phénomène féérique parfait est fait de fée.

Le faisan préfère le fait d'être un faignant que d'être malfaisant.

Emilie Marécal a exposé les faits


samedi 30 octobre 2010

Croiser le fer et le faire

L'autre jour lorsque j'utilisais mon fer à repasser qui me sert pour de nombreuses affaires. Mon ami entra dans la pièce et m'expliqua toute la difficulté qu'il avait pour se faire des amis. Ce n'est effectivement pas une mince affaire surtout quand on est très affairé. Il me soutenait que c'était une affaire de caractère. A mon tour je lui affirmai qu'il ne fallait pas faire le fier s'il voulait se faire des amis. Il réfléchit un instant et en conclut qu'il pouvait faire quelques efforts. Pour clore cette discussion, il me demanda de ne pas m'en faire et qu'il finirait par réussir son affaire. J'approuve d'un signe de tête tout en continuant de passer le fer.


Marion Parpirolles passe le fer

Faire le bien

"faire le bien
qu'y faire
faire le nécessaire"



Faire le bien
et bien le faire
Le faire est bien
et bien le faire fait
effet de bien faire
L'effet de bienfait
fait faire le bien
De fait, fais-le bien!

Benoît Gaignard
a gagné à en faire plus

"aller-retours"?

Quelque part entre 23 heures 30 et 4 heures du matin, je suis fait comme un rat, faite comme un rat ? Faite comme une rate alors... Bon sang, mais pourquoi je réfléchis à ça ? Je suis coincée dans une ruelle immonde qui sent la pisse et je m'en fais pour une possible erreur grammaticale. Je n'ai strictement rien fait pour mériter ça. C'est vrai, «Je m'baladais sur l'avenue, le cœur ouvert à l'inconnu, j'avais envie de dire bonjour à n'importe qui... ». Enfin, je faisais une promenade dans les rues, prête à faire de nouvelles rencontres, j'avais envie de faire risette à tout le monde... Et voilà. La nuit tombe, et avec elle les rideaux métalliques des échoppes du quartier. Quelques néons clignotent encore ; tels des tuberculeux expulsant leurs derniers râles. Rouge, vert, une pointe de jaune dans la vitrine du club, une guirlande électrique, comme à Noël, sauf que sur la vitre, ce n'est pas du givre mais de la crasse. Résidus de fumée et traces de boissons font un écran aux lucioles de verre.

Je fais de mon mieux pour garder les yeux ouverts et l'esprit clair. Ma hanche me fait souffrir, j'ai la jambe froide mais le front brûlant. Un courant d'air fait des aller-retours à travers le grillage, m'empêchant de m'abandonner à la tiédeur nocturne. Des filles de joie aux mines sinistres déambulent dangereusement sur leurs talons aiguisés. Leurs tenues de vinyle coloré me feraient presque rire, je ne sais pas pourquoi ; ma raison doit commencer à se faire la malle. Les néons continuent de crépiter et se reflètent sur les flaques dans le bitume sans pour autant en troubler la surface lisse et immobile.

En fait, la nuit est vivante. Elle fait seulement sa fausse modeste, n'accroche qu'un bijou à sa cape, mais un précieux. Elle fait comme si de rien n'était. Moi aussi, mais pour l'instant, je fais la grimace. Je n'ose pas me plier vers ma hanche pour voir de quoi il retourne. Je sens juste mon jean qui colle à ma peau, figé par l'hémoglobine déshydratée. Il paraît qu'il ne faut pas s'en faire du mauvais.

Qu'est-ce que je fais là? Pourquoi a-t-il fallu qu'ils croisent le fer au moment où je passais ? Je suis tombée comme un fétu de paille, j'ai chancelé et je me suis effondrée contre cette poubelle de fer blanc. Depuis lors j'attends. Je fais acte de présence entre le plastique noir et le parpaing tagué. Jusque là aucun animal n'est venu faire ses besoins sur moi. Je fais la prière ne jamais avoir à subir ça. Un chien, heureusement vide, fait les cent pas devant moi, il hésite à s'approcher pour faire de moi son repas mais s'éloigne. Je dois faire peur à voir. J'avais un oncle féru d'archéologie avant, il s'est noyé dans une tasse de chocolat.

Deux types complètement faits passent en se chamaillant. Me faites pas rire les gars, ça fait mal. Il n'y a pas grand-monde de conscient dans le coin, et aucun ne fera quelque chose pour moi. Plus avenants, on fait pas. Il doit y avoir de la brume, parce que je ne vois plus très clair. Demain, je mettrai une perruque et je fabriquerai un tipi pour les enfants que j'aurai un jour. On est déjà demain ? J'ai faim, enfin je crois. Commence à faire froid, c'est pas logique, le soleil est allumé.

Je ne sais pas quoi faire. Je fais semblant de dormir, en attendant que le temps passe.

J'aurais dû faire du cinéma.

Rose Mansion ne fait pas semblant


jeudi 28 octobre 2010

Questions qui posent des questions

Bien sûr qu'on ne répond pas aux questions qui posent des questions .
Ce n'est pas seulement un bon signe, cela prouve que l'on ne veut pas entendre ces questions.
En effet, un autre homme était en train de reposer la question.
Comme il l'avait fait tant de fois pour ça, on ne répond pas aussi.
Quant à la fin de cette histoire, j'imagine qu'il ne revient pas.

Qi Zhuo

Doute nocturne

A la tombée du crépuscule, quelqu'un était passé près de la fenêtre, quelqu'un ou quelque chose, une ombre suffisamment inquiétante s'était introduite dans son esprit pour la faire se lever de son lit et constater le calme de la rue. Elle alla reprendre sa place auprès de son traversin, la couette relevée jusqu'à la joue, dans des draps qui la rassuraient, qui devaient la rassurer.

La demi-heure qui suivit fut un véritable cauchemar dans lequel elle ne trouva pas le sommeil, constamment dérangée par cette pensée qui lui restait, cette ombre, pourtant si fugace, s'était bien imprimée dans sa tête. Depuis son plus jeune âge, elle avait tendance à trop s'inquiéter, la faisant s'imaginer les plus folles et plus longues histoires sorties d'un doute, d'une inquiétude, d'un extrait de sensation. Rien ne la détournait de son récit jusqu'à ce qu'elle se rendît compte par elle-même de la futilité de ses angoisses. Comme elle l'avait tant de fois fait auparavant Sophie regarda l'heure qui ne s'arrêtait pas, tout allait toujours trop vite, le temps ne lui laissait pas le loisir de se défaire de ses troubles. Seules deux choses lui permettaient de se rassurer : l'arrivée du matin et les compiles de Bernard Lavilliers. Avant de se livrer à un tel acte de dépravation, elle voulait vérifier une nouvelle fois, bien que l'ombre ne se soit plus manifestée, si tout était calme dans la rue. Ça l'était.

Ce n'était pas seulement un bon signe, cela prouvait aussi qu'elle était la seule à s'inquiéter, ses voisins dormaient tous, pas un chat, rien qui ne pouvait attester d'un quelconque bruit ou mouvement. Loin quelque part dans la ville, peut-être que quelqu'un, comme elle, scrutait sa rue, dans l'espoir de trouver une réponse à des peurs idiotes.

Plus tard, beaucoup plus tard, lorsque la compile de Bernard Lavilliers fut finie (car ces compiles durent longtemps) elle avait réussi à s'endormir. Ce qu'elle craignait le plus était sur le point d'arriver, comme pour se moquer des problèmes qu'elle rencontrait pour s'endormir ; une envie de pisser fulgurante allait la forcer à se lever 40 minutes seulement après qu'elle fût emmenée par les bras de Morphée, laissons-les lui, la pauvre.


Mathieu Laffargue

mercredi 27 octobre 2010

Ainsi commencèrent plusieurs fins toutes seules


C'est chaque fois la même chose informe, indélicate et tout autant formelle et sensible qu'une science définie.

Ainsi commencèrent plusieurs fins toutes seules.

Car on était si bien dans l'herbe, surtout le soir, qu'en plein après midi, sous les nuages, un peu, on disparaissait.

Alors dans un élan titanesque une petite tortue, extérieure à la pauvreté,

de ce désir vague et en même temps inflexible, s'assouplit sans instant à nos différents dégoûts certains.

Une fois passée la sensation de mon retour je file droit vers cet avenir neutre, encore.

Plutôt curieux pour quelqu'un qui ne fonctionnait qu'avec l'indifférence de ces choses brisées, sans pour autant

qu'ils vont finir par se fâcher. Calme ça tout de suite, arrête.

Quoi qu'il en soit, celui qui va se promener court à son arrêt qui lui le salit, l'autre, sans continents. Ça..


Chaque phrase possède son miroir en quelque sorte. En un point, la phrase reprend ce qui l'a précédé en inversant chaque définition des mots ou ensembles de mots.

Quentin Aubé

J'aimerais éviter de me souvenir

J'aimerais éviter de me souvenir de lui, si tu veux bien Isa... son nom m'évoque des images... enfin une bouffée d'images, et... c'est que... toute seule, je suis incapable de pouvoir les assagir.

Je t'assure... certains souvenirs ne devraient jamais remonter à la surface. On a beau, pourtant les enrouler d'une corde, serrer de tous ses poings sur le nœud pour être sûr de les emprisonner, fermement. A l'autre bout de cette corde, il y a une pierre. On prend le tout, le corps, la corde et la pierre et on le jette à l'eau.

« En voilà un dispositif pour noyer ses souvenirs! »

- Oui, il n'a servi à rien, ce matin, dès que je me suis réveillée, j'ai tourné ma tête vers la gauche, c'est qu'il avait l'habitude de dormir de ce côté-là, il disait que c'était plus pratique pour aller aux toilettes la nuit.

Chaque réveil depuis quatre ans, je ne pense qu'à tourner les yeux vers la gauche. Chaque matin, de chaque jour que Dieu fait, je répète cette foutue habitude.

Alors laisse-moi, laisse-moi éviter pour le moment de parler de lui, de l'accident et pourquoi j'ai survécu et pas lui.


Perrine Clément



mardi 26 octobre 2010

Les mots

Dans un élan titanesque du haut de leurs élastiques gigantesques les mots s’élancèrent pour venir y déposer leur encre sur ces pages. Ils avaient failli ne pas arriver jusque là. Ils voulaient faire partie de l’histoire. Et de ce désir vague et pourtant inflexible car acharné, ils prirent part à l’histoire et commencèrent à enfiler leur costumes. C’est ainsi que commencèrent à s’écrire une série de lignes. L’un était blanc, l’autre était noir. Les deux personnages étaient comme complémentaires, l’un mettait l’encre noire et l’autre formait les creux. Ils formaient à eux deux leur propre langage.

Ce qu’ils craignaient le plus n’était pas la qualité de leur performance mais la page blanche. Oui c’était plutôt le manque d’inspiration du metteur en scène qui les inquiétait. Pour quelqu’un qui ne fonctionnait qu’avec ce pouvoir de les faire apparaître ou disparaître de la scène se disaient-ils, ce serait un comble de ne pas être inspiré et ne pas les laisser jouer leur rôle de mots. La demi-heure qui suivit fut un véritable casse-tête ! Heureusement le metteur en scène avait tout une série de phrases par lesquelles il pouvait commencer … :

«

« A la tombée du crépuscule... non non non pas ça

« C’est chaque fois la même chose je n’ai pas d’inspiration… oh non pas ça non plus (ne mets pas en avant tes préoccupations)

»

Les mots commencèrent sérieusement à s’inquiéter mais ils avaient confiance, ils savaient qu’elle faisait du mieux qu’elle pouvait. Ce jour-là n’avait pas été facile pour elle. Alors ils étaient indulgents et puis de toute manière elle s’y donnait à fond. Rien ne la détournait de son récit.

Entendant cette discussion qu’elle entretenait avec sa page, ses mots et ses ratures un homme vint et lui dit : « Moi je crois savoir où tout ça va te mener...

Entendant la discussion l’un de ces deux mots s’évanouit : évanouissement du mot noir

Quand à la fin de l’histoire j’imagine que vous êtes en train de la lire.


Fin.


Anaïs Ciaran


C'est chaque fois la même chose

La grand-mère : 70 ans

Le grand-père : 73 ans

L'enfant 1 : 45 ans

L'enfant 2 : 20 ans

Les quatre personnages sont présents, la grand-mère est en train de remuer la marmite qui est encore sur le feu de la gazinière, dos à la table où sont assis le grand-père, l'enfant 1 et l'enfant 2. Une voix narrateur qui se trouve être celle de l'enfant 2 se fait entendre au-devant de la scène, comme s'il s'agissait de pensées intérieures. Les personnages entrent en action seulement lorsque la voix se tait.


Voix (narrateur) de l'Enfant 2 - C'est chaque fois la même chose : il faut y aller pour "midi, midi et quart, pas plus tard, parce que après le grand-père va grogner"; et puis si on veut "qu'il y ait encore d'la sauce au fond d'la cocotte"... La grand-mère ne plaisante pas trop. Alors on fait notre possible pour arriver à l'heure ; le dimanche midi, "midi et quart", pour revivre le même repas de famille. Inlassablement la même pièce : mêmes décors, personnages, dialogues. Pas que cela soit vraiment désagréable mais seulement toujours pareil. Mais eux, cela leur fait plaisir.


La grand-mère - (apportant une marmite fumante sur la table) Alors, vous vous servez pendant qu'c'est chaud... ( elle pose la marmite et reste debout bras sur les hanches, satisfaite du travail de cuisine effectué mais fatiguée et lasse)

Le grand-père - Assis-toi la grand-mère, t'as pas b'soin d'rester d'bout! (La grand-mère s'assoit. En s'adressant à l'enfant 1) Et le travail, alors, ça va ? Tu te plains pas trop quand même ?! (la grand-mère soupire, regard réprobateur vers le grand-père. Il se tourne vers elle) Oh, c'est bon, elle sait bien que j'la taquine! (la grand-mère hausse les épaule. Un temps.) Eh bien nous, tu sais, avec tout l'boulot qu'on a dans l'jardin ; on a désherbé toute la butte de terre à côté d'la vallée... (la grand-mère relève la tête de son assiette et coupe la parole au grand-père)

La grand-mère - Oui, et ben lui, forcément, il a arraché toute mes fleurs...

Le grand-père - (en haussant légèrement le ton et essayant de se défendre) Hé ! Et si c'est pas moi qui binais et qui passais l'motoculteur, qui c'est qui le f'rait?! C'est pas toi avec ta patte folle!

L'enfant 1 - Ça suffit, arrêtez de vous engueuler! (un temps)

Le grand-père - Et toi, tu y arrives à ton étude?

La grand-mère - Approche ton auge, on ne va pas laisser un p'tit bout d'viande comme ça!

Mais si, c'est bon, allez ! Encore un p'tit peu... voilà.

Le grand-père - Laisse-la don(c)! Tu vois bien qu'elle en veux po!

La grand-mère - Eh bien ça s'ra pour les fois où elle mange moins. (s'adressant maintenant à l'enfant 1) Et toi, là, du fromage ?! T'en veux ? Et ben, l'grand-père, lève-toi don(c).

L'enfant 1 - Il entend pas tu sais...

La grand-mère - Ah! Ça nan, il bougera pas! Il fait semblant d'pas entendre va ! (s'approchant du grand-père, le regardant bien en face et d'un ton très agaçé, tout en décortiquant bien le mot) Le fro-ma-ge!! (à l'enfant 1 et L'enfant 2) Il me fatigue...

L'enfant 1 - (au grand-père, qui est en train de chercher le fromage dans le frigidaire) Bon, et sinon, la chasse alors ? T'as ramené quelque chose? (le grand-père n'entend pas et ne se retourne pas. Plus fort) Hein ? (Il se retourne, questionnant du regard. L'enfant 1 répète plus fort en décortiquant) La cha-sse !!?

Le grand-père - (comme pris de court) oui... ben... j'ai tué deux lièvres mais j'en devais un à Léon alors il m'en reste un. Et pi, on a quand même dû aller jusqu'à "la marre des six ch'mins" pour les faire sortir les sales bêtes d'leur trou.

L'enfant 2 - (sur un ton neutre) J'aime pas la chasse.

La grand-mère - Oui, tu peux ben l'dire que c'est des sales bêtes, parce que c'est qui qui va devoir les vider pour faire du pâté ?!

Le grand-père - (il se lève et prend son assiette vide qu'il va déposer dans l'évier, d'un ton enjoué) Allez, hop ! Terminé pour moi, j'vais d'l'autre côté voir mon ballon.

La grand-mère - (lasse, à l'enfant 1) Tu vois, il quitte la table, comme ça. Il s'en fout d'nous!

L'enfant 1 - Oh, laisse-lui sa télé, çà l'rend content.

La grand-mère - (à l'enfant 2) Bon, et toi, la p'tite, tu veux un p'tit choco ? Allez, c'est pas gros... ou un Figolu ? T'es sûr ? Un fruit alors !? Çà fait couler un fruit. Moi tu vois, j'prends un Flanby, ça fait couler et puis ça m'lave les dents en même temps. Nan, t'es sûr?


Emilie Dorange

lundi 25 octobre 2010

Loin, quelque part dans

Loin, quelque part dans la ville, un grondement sourd se fit entendre, un lourd fracas se répandit dans cette légèreté urbaine soumise aux lueurs du soleil couchant. La demi-heure qui suivit fut un véritable entremêlement de stupeur, de surprise et d'horreur. A tout instant quelques-uns de ces citadins alors figés par leur incompréhension, reprenaient finalement leur danse ridicule. Avant de se livrer à une telle crise de panique, d'autres semblaient s'abandonner à la fatalité de leur sort, puis, comprenant l'intensité de la crise qui allait les traverser, ils prenaient part à cette chorégraphie chaotique. Ce qu'ils craignaient le plus n'était pas ce qui était arrivé, car beaucoup d'entre eux n'étaient pas en mesure de se le représenter, non, ce qu'ils craignaient le plus c'était ce qui allait arriver - à la tombée du crépuscule, quelqu'un avait disparu, et presque tous les jours désormais, ils en ressentiraient l'absence.
Il en eut été bien sûr tout autrement, si chacun n'avait pu sentir le poids de la culpabilité.

Hugues Loinard, comme les autres, a fait un choix parmi les débuts de phrases gracieusement mis à sa disposition.

samedi 23 octobre 2010

La gourmandise des mots

Il ne souhaitait qu'une chose, être encore assis à la table du diner.
Ah, il aimait la bonne cuisine, les bons p'tits plats maison, les délicieuses odeurs qui proviennent du four,
les divines profiteroles de mamie et les exquises tartes aux fraises du pâtissier du coin. (moi aussi d'ailleurs).
Ce n'est pas seulement un bon signe, cela prouve que les fast-food n'ont pas tout gagné !
Seules deux choses lui permettaient de se lever, la bouffe et le sexe, sans ça il n'avait aucune autre passion !
On peut se demander, malgré tout, que faisait-il du reste de la journée ?
Près de l'endroit où se trouvait sa maison, il y avait un potager. Il y cultivait toutes sortes de fruits et légumes.
On était si bien sur l'herbe, surtout le soir, à la tombée du crépuscule...

(enjeu : utiliser le plus de début de phrases données)

Noémie Gras

La ville de Tarder

Plus tard, beaucoup plus tard, lorsque nous tardions à ne plus tarder, un homme nous demanda le chemin pour Tarder.
Je lui demandai : Que vas-tu faire à une heure si tardive ?
Il me répondit : Je rejoins un ami à tarder.
Je le questionnai : Sans vous offenser, votre ami est gravement attardé ?
Il rétorqua : Mais non ! Il est à Tarder !
- Oui, j'ai bien compris !
le ton monte...
- Mais non, vous ne comprenez pas !
- Attendez, à cette heure si tardive vous allez voir un ami attardé.
- Tout à fait !
- Alors, ce n'est pas trop grave ?


La ville de Tarder. (enjeu : répéter le plus de fois le préfixe "tard")

Noémie Gras

lundi 18 octobre 2010

dimanche 17 octobre 2010

Cette boue semble sale mais en fait...

Cette boue semble sale mais en fait, elle l'est. De ce désir vague et en même temps inflexible, les habitants de cette cité utopique avaient fait un idéal. Ce n'est pas forcement un bon signe, cela prouve seulement que l'héritage de Beckett ne s'est pas perdu en attendant l'autre. Il en eut été tout autrement si en lieu et place d'un toc de rangement, la fille du gouverneur eut été allergique au paraben. D'ailleurs, une carte postale en vente au palais présentait la ville à ses débuts, encore grouillante de bestioles et de bestiaux.

On était si bien sur l'herbe, surtout le soir, lorsque les prés fatigués par le soleil laissaient s'appesantir les brins moites et tièdes. C'est chaque fois la même chose, l'herbe se fane, se ramollit, s'affale paresseusement en attendant la nuit. Au matin, dans un élan titanesque, elles renaissent, dupes et tendres, encore effleurées de rosée, prêtes à souffrir, sans le savoir sans doute, une autre journée de labeur improductif. Quoi qu'il en soit, celui qui va se promener ne peut pas penser au ciel en même temps qu'à ses pieds. Il suffit de regarder l'horizon pour effacer d'un battement de cils, ceux de son cœur en son torse et de ses pieds sur le bitume. Les pas s'arrêtent derrière le regard. Lui, continue, sans limite. En apparence au moins.

Presque tous les jours désormais, chaque brin d'herbe était traqué, les cailloux tamisés, la moindre trace de vie animale capturée et classifiée. Une fois le travail fini, tous les autres membres de l'espèce se devaient d'être exterminés. Une sorte d'arche de Noé à l'envers. C'est ainsi que commença la période de la chasse aux chats, aux chiens et jusqu'aux purs-sangs anglais du comte de Beille. Avant de se livrer à une telle battue, il avait fallu faire l'inventaire. Comme il l'avait fait tant de fois, le peintre officiel avait peint chaque espèce de sa main adroite dans des livres reliés de lin. Ce que les aquarelles ne montrent pas, c'est la sauvagerie des « chasseurs de poils », comme ils aimaient à se faire appeler. Le coup qui s'abat et la lame qui tranche, le sac qui peu à peu se remplit et se tache. De ces entreprises aventureuses et charitables, c'est à peine si l'héritière entendit l'écho. Génial et cabotin, riche de cette indomptable malice, son permissif paternel avait eu la présence d'esprit de lui cacher dès l'apparition de ses premiers trouble, l'existence d'être potentiellement créateurs de désordre.

Plus tard, beaucoup plus tard, lorsque la nature eut totalement péri, la jeune fille fût autorisée à circuler libre et seule aux abords du domaine. A la tombée du crépuscule, quelqu'un l'aborda. Ne me demandez pas pourquoi, je ne saurai vous le dire, son nom lui était connu, son visage familier. Depuis son plus jeune âge il l'avait accompagné. Au bout d'un mois, il avait réussi à obtenir d'elle qu'elle ne supporte plus de vivre que dans des pièces aux coins parfaitement orthogonaux. A tout instant quelques-unes de ces pensées s'insinuaient plus profondément en elle. Impossible pour elle, longtemps après, d'ôter de son crâne cette folie rectiligne qui ne laissait rien dépasser d'elle-même.

J'aimerais éviter de me souvenir de ce qu'il advint d'elle. Près de l'endroit où se trouvait sa chambre, elle s'était pendue, un fil à plomb à ses côtés. La ville devenue cité fantôme n'avait plus de raison de continuer à vivre sa catatonie aseptisée. Elle mourut en même temps que l'infortunée crinoline.

J'attends l'heure où tous seront debouts, contemplant l'asphalte craquelée, hérissée des épines d'une nature rancunière ; cherchant en vain une raison à cet ordre de façade et plus encore à ce qu'un jour, il dissimula.

Rose Mansion a utilisé certains débuts de phrases mis à la disposition de tous pour avancer le plus imaginaire des récits.


Une collection de débuts de phrases pour ne pas rester devant une page blanche

C'était la fin du séjour, un peu avant ...


Bien sûr qu'on ne répond pas aux ...


Les pas s'arrêtent derrière la ...


Plus tard, beaucoup plus tard, lorsque ...


Loin, quelque part dans la ville ...


A la tombée du crépuscule, quelqu'un ...


Elle vient reprendre sa place auprès ...


Rien ne la détourne de son récit ...


Ils avaient failli ne pas arriver jusque là ...


Depuis son plus jeune âge il ...


La demi-heure qui suivit fut un véritable ...


Au sommet, ils furent harcelés par ...


Au bout d'un mois, il avait réussi à obtenir ...


Il ne souhaitait qu'une chose, être encore assis à ...


Ce n'est pas seulement un bon signe, cela prouve ...


Avant de se livrer à une telle ...


Moi, je crois savoir où tout ça ...


Entendant cette discussion, l'un des ...


Seules deux choses lui permettaient ...


Ce qu'il craignait le plus n'était pas ...


En effet, une autre homme était en train de ...


Quant à la fin de l'histoire, j'imagine que ...


Presque tous les jours désormais ...


Comme il l'avait fait tant de fois ...


A tout instant quelques-uns de ces ...


On peut se demander, malgré tout ...


Il en eut été tout autrement si ...


Ce que l'aquarelle ne montre pas, c'est ...


Par hasard, il se trouve que deux personnes ...


Un soir où, chez des amis de mon ...


Une fois passée la sensation de mon retour ...


Impossible, pour moi, longtemps après, de ..


J'attends l'heure où tous seront ...


Une carte postale, en vente au ...


Dans un élan titanesque ...


Cette boue semble sale mais en fait ...


Quoi qu'il en soit, celui qui va se promener ...


Génial et cabotin, riche de cette indomptable ...


Il serait plus important d'en parler avec ...


Il n'a pas inventé ce nom ...


C'est ainsi que commencèrent plusieurs ...


De ces entreprises aventureuses et charitables c'est à peine si ...


Ils vont finir par se fâcher ...


Près de l'endroit où se trouvait sa maison ...


Il a appris depuis longtemps à être ignoré ...


On était si bien sur l'herbe, surtout le soir ...


De ce désir vague et en même temps inflexible ...


Cela, je ne pourrais le dire ...


Pour quelqu'un qui ne fonctionnait qu'avec ...


J'ai toujours rêvé ...


J'aimerais éviter de me souvenir de ...


Il suffit de regarder l'horizon pour ...


Comment se fait-il que ...


Ne me demandez pas pourquoi ...


C'est chaque fois la même chose ...


jeudi 14 octobre 2010

on porte l'apôtre en porte à porte



-Bien qu'elle fût dans un faux fût, il faut bien user de cette faux bien usée.


-Ce parti-pris prend pied bien qu'il soit parti avec le prix.


-On s'en fout, dans la foulée on l'y fout sans se fouler.


-Apporte ta porte d'appart', on porte l'apôtre en porte à porte.


-Nous sommes sains et saufs, sauf les saints.


-J'ai acheté vingt vins en vain.


Quentin Aubé



"Je suivais du regard cette mouche qui avait sérieusement prit place sur une rigole.
Quand jaillit l'odeur nauséabonde de la bouche d'égout qui me submergea de dégout, la mouche quand à elle était bien à son aise dans cette flotte sinistre.
Un rire aussi étincelant que de l'or brisa le spectacle. La mouche se mit à flotter dans les airs et alla rejoindre sa consœur la mouche au croissant de la bouche d'une dame.
Or, cette dame qui rigole, n'avait pas la carrure de son rire, car la brise qui s'en dégageait n'était pas celle du croissant mais la même que celle des égouts voire pire.
Je compris bien assez vite que la mouche était toujours appâtée par la même odeur..."

Anaïs Ciaran

mercredi 13 octobre 2010

ce petit vent brise sa sieste

Le vieil homme est allongé dans son hamac, il porte un chapeau de paille et tient un livre ouvert sur sa poitrine. Vers dix-sept heures une légère brise lui pousse ses longs cheveux sous le nez, ce petit vent brise sa sieste et fait grincer la porte en bois du cabanon où il range son matériel de pêche.

Il a dormi la bouche ouverte, elle est sèche et sa salive pâteuse, il baisse le bras pour prendre sa gourde laissée en plan sur le sol. L'homme boit une gorgée et puis une autre avant de laisser couler le reste de flotte sur son visage. Il rentre dans son cabanon, pour regarder par la fenêtre étroite où aucun des arbres ne lui bouche la vue sur le bras de mer sous la falaise. Un petit voilier flotte près du rivage, il attend qu'on lui livre un sac de riz et des fruits. Il espère juste que ce ne sera pas cette gourde de livreuse qui se trompe à chaque fois, c'est des bananes et des marrons qu'il veut, pas des châtaignes. Le vieux regarde à présent ses instruments de pêche, ils prennent la poussière, ça fait maintenant longtemps qu'il n'avait pas prévu de plan pour ses journées.

Ce vieux attend, il ne fait plus qu'attendre, il est seul.


Mathieu Laffargue a bien suivi la règle, les mots en italique sont répétés, dans un sens différent.

curieux croissant

"Le curieux croissant, signe de sa ligne polie, le tour de ta bouche. Une tour, croissant alors sous ce signe discret, bouche ainsi toute une ligne de curieux bien trop polis. Cette foule, telle une flotte gauche, foule la gauche d'un bras de mer, sur lequel flottent... MINCE ! les bras minces de ma mère."

Hugues Loinard a répété, mais dans un sens différent, les mots en italique.

dimanche 10 octobre 2010

Tout ce qui reste dans ma gourde, c'est de la soude.

J'étais comme un poulet de batterie, en file indienne. La bouche ouverte, la porte du frigo entrouverte. Un rai de lumière sur le carrelage gris souris. Cette ligne floue est une menace pour la mienne. Cette ligne mince. Le signe curieux de mon état, qui met à jour devant la foule, les dégâts du canon qui me lance. J'avais un plan, pauvre gourde, bien au point, bien poli. Je suis descendue de ma tour pour diriger l'opération. J'avais tout planifié avec soin, sauf la sortie du port.

J'ai passé beaucoup de temps sous couverture, fidèle à mon poste, sans regarder jamais ni croissant ni dessert. Le creux dans mon ventre plan, c'est moi, la partie pour le tout. La brise me courbe, le vent me soulève. Je fais le tour de mon bras avec ma main. Mais je me donne un genre, faux et gauche, grave parfois. Je ne ferais pas de mal à une mouche. Je veux juste aller à la plage, me tremper, alors c'est régime sec, presque dictatorial. Le bras de ma mère n'y suffira pas, je sais que c'est grave, ni la batterie des conseils. Peut-être même que ça me dessert, que ça me conforte dans mon état souverain, assiégé par les canons, le danger va croissant. Je porte à ma gauche, un point de côté, il faut peut-être que je me livre, mince.


Tout ce qui reste dans ma
gourde, c'est de la soude. Je suis partie, je foule le sol, gare aux curieux. L'un d'eux se signe sur mon passage, me lance un regard étrange. Je me réfugie dans la gare, être sain et sauf. C'est à mon tour. Je souris, je file. A la sortie elle se poste, elle va chasser à la mouche, c'est sa plage horaire. Elle porte sa faux, me bouche le passage. Il faut rester poli pour le bien de tous. Faire genre. Le port du masque est obligatoire On commence le soin. Après l'opération, vous ferez un rapport. Il fait jour, la couverture de l'autorité se brise et part en rigole puis en crue. Comme un torrent de flotte qui emporte tout et le soude dans un magma bleu et or. Il m'en reste bien un, un bleu, mais ce n'est pas grave, et d'ailleurs, j'en rigole. A part ça, je ne crois pas avoir jamais été crue.

Rose Mansion

Les mots en italique ont été employés au moins deux fois, dans deux sens différents, telle était la règle.

Liste de mots à employer deux fois, dans deux sens différents

porte

tour

croissant

crue

livre

point

gauche

lance

gare

bras

mince

soude

gourde

plan

état

sauf

brise

vent

or

part

grave

bleu

souris

port

flotte

faux

genre

bien

poli

ligne

jour

file

rapport

partie

curieux

rigole

régime

batterie

canon

folle

dessert

couverture

poste

sortie

mouche

opération

soin

plage

signe

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