Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

dimanche 27 décembre 2009

Rose Mansion se prépare à passer quelques mois à Saint-Petersbourg

Здразствуйте! Вот мой текст, Общая лексика, извините.

Здразствуйте, миня завут роза
я вы не панимаю, я франсуженка.
Извините, где москва?
Эта лошадь или корова?

Смерт Ивана Илитча
эта первый слова я учитьсяю.
Семь, восем, плюс два.
остальное, я не панимаю.

Bonjour, je m'apelle Rose
Je ne vous comprends pas, je suis française.
Excusez-moi, où se trouve Moscou?
Est-ce que c'est un cheval ou une vache?

La Mort d'Ivan Ilitcha
C'est le premier mot que j'ai appris.
Sept, huit, plus deux.
Le reste, je ne comprends pas.

vendredi 11 décembre 2009

Пьесы на русском языке

Cliquer ci-dessous pour entendre les lectures du 3 décembre, en russe évidemment.
(Quelques secondes de patience !)
Merci à Ruben Poulier pour l'assistance technique.

samedi 5 décembre 2009

Я люблю воду

Я люблю воду, и она дает хорошие

У меня душа (сердце) горит

Когда я выскочил из дайвинг совет


(YA lyublyu vodu, i ona daet horoshie

U menya yestʹ dusha (serdtse) szhech

Kogda ya vyskochil iz daĭving sovet)


J'aime l'eau et elle me le rend bien

Je suis toute retournée

quand je saute du plongeoir


Emma Bourgin

samedi 21 novembre 2009

Biographies croisées

Deux biographes s'interrogent l'un l'autre afin d'écrire chacun la vie de son interlocuteur.

R. M. écrit la vie de P. G. :

P. G. une vie en mouvement.


P. est né aux yeux du monde le vendredi 13, lorsque, fièrement assis devant un auditoire d'experts anglophones, il s'est également révélé à lui même. Nul « P...iiiiick!!! » n'a retenti dans cette ambiance guindée. Seul un cri de nouveau né, silencieux car résultant de la compréhension du fait que la parole peut rester sourde, a retenti aux alentours de cet homme de 34 ans à l'envers.

À l'envers, il l'est souvent, quand il fait ce travail qui lui a permis d'évoluer dans le monde, de prendre l'air, de regarder ses pieds et les filles qui courent. Il y 20 ans, il est repassé de la station debout à la station à quatre pattes, puis de la position à quatre pattes à la position couchée, et avant de se coucher, il lisait du Kundera, maintenant, il change.

Mais il mange toujours du tofu, parce que « c'est une base qui absorbe, diffuse et contient plein de saveurs. »C'est pourquoi il est si bon pour la santé, il contient des protéines végétales et est dépourvu de cholestérol, de plus, sa valeur calorique est relativement faible. P. en est l'exemple vivant, le tofu, on en est fou!*

Pour ma part, je pense que ce qui l'a rendu fou, c'est sa chute, de Charybde en Scylla, poussé par des jumeaux infernaux, alors qu'il éventrait des ersatz de fils de Méduse.


Sur un rocher sans méplat, que sa tête heurta

Il chût et ne fut, qu'un pauvre hère déchu

imbibant de son sang, le patriarche présent.


Mais il s'en est bien sorti, la tisane au thym, ça désinfecte. Je sais bien que c'est pour ça qu'il sent le thym ; Il me dit que c'est parce qu'il en met dans le tofu, mais comme il me l'a si bien expliqué, le tofu absorbe tout, alors ça m'étonnerait qu'il y mette du thym si souvent. D'ailleurs, il le dit lui même, « le thym transpire par moi. ». Ce qu'on transpire c'est de l'eau, le secret, c'est sûr, c'est la tisane.

On entend parfois dire que P. n'aime pas les première année, mais c'est faux! Il tente de les faire passer d'un relativisme de façade à un relativisme de fond.

Mais la question qui taraude ce grand angoissé c'est : « Est-ce que je touche, ou est-ce que je suis touché ».

* Ceci est un message de l'AMTB, (association des mangeurs de tofu bio).




Christine BOUTIN (née le 13 09 1492 officiellement à Nantes, 44) : Inventeur du thé.

BIOGRAPHIE :

Christine Boutin, une naissance pas comme les autres :

C'est en plein Atlantique, dans la caravelle Santa Maria, que naquit Christine, fruit de l'union illégitime du célèbre explorateur Christophe Colomb
et de l'une des nombreuses cuisinières du navire.

Christine Boutin, une enfance traumatisée :

Très tôt, elle manifeste un intérêt pour les rognons et se projette à travers le personnage de Jean-Baptiste Grenouille (héros du célèbre Parfum, de Süskind).

Christine Boutin, une « éducation sentimentale » particulière :

C'est avec un dénommé « La Boule » qu'elle apprend à lire à l'aide de cartes à caractère pornographique élaborées par ce dernier dans lesquelles la petite Christine pouvait discerner quelques lettres majuscules de l'alphabet telles que « C », « B », « M », etc. ce qui lui valut d'être le jouet d'ébats marins (« j 'ai du assouvir les désirs de l'équipage »).
Durant les nombreuses escales que le bateau pouvait faire pendant la guerre de 1548, elle apprit aussi un certain nombre de rituels que le prêtre du cargo enseignait aux « petits sauvages » comme elle avait l'habitude de les nommer.

Christine Boutin, une vocation innée(branlable) :

Très tôt, elle prend conscience de son don pour le magnétisme et décide, dès l'âge de 20 ans, d'ouvrir un cabinet aux Amériques influencée par le rituel du serpent qu'un indien lui avait enseigné au cours d'un de ses nombreux pieds à terre sur le « nouveau monde ».
Son affaire se développant, elle décide de créer sa propre firme multinationale (FMN) à son effigie en reprenant contact avec « Lipou » alias Lee Petone et à la rencontre de Mme La Mère Poulard au Mont Saint Michel (50).

Christine Boutin ou la passion pour la littérature :

Lors de sa 400ème année, elle rencontre Jean-Paul Sartre à Cuba alors que celui-ci n'a que 15 ans. C'est elle qui lui a donné le goût pour l'écriture.
Traumatisée par la guerre qu'elle vécut, elle écrit quelques poèmes dont le plus célèbre reste celui de 1555 intitulé La Femme Centerre (croisement entre « centaure » et « sans terre ») d'où résonne le fameux vers : ton regard est vide, je m'y perds, j'y tombe comme dans les abîmes.

Christine Boutin, une philosophie positive de la vie :

Malgré son incroyable âge, elle persiste à dire qu'elle ne tient pas à s'encombrer d' « affectif inutile» tel qu'un enfant.
Elle dit détenir son pouvoir de jeunesse éternelle grâce à ses multiples décoctions de plantes issues du « rituel du serpent ».
Elle maintient ne plus compter son âge depuis ses 200 ans.

E. B.

mardi 27 octobre 2009

Vous vous changez, changez de Kelton

Changement d'air
changement de direction
changement de saison
changement de situation
changement d'heure
changement de partenaire
changement de pays
changement de patrie
changement de voiture
changement de chemise
changement de télé
changement de portable
changement de train
changement d'avenir
changement d'avis
changement de coiffure
changement de certitudes
changement de maison
changement de métro
changement de destination

changement
changement

on change bien d'âge ne pourrait-on pas changer de souvenirs cesser de ressasser à chaque saison recommencée les remembrances des jours anciens gravées dans le métal du crâne ? Comment changer ces refrains inépuisés - je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître - vous vous changez, changez de Kelton - tout change tout change - Changez-moi s'il vous plaît ces Aznavour et ces Boris Vian ; ou bien si, écoutez les chansons, gratuitement sur Deezer, lisez bien les paroles, gratuitement et tout aussi immédiatement sur votre écran, vite repaissez-vous de mes souvenirs, de mes refrains qui tournent en boucle, et trouvez-moi s'il vous plaît, puisque l'époque aime la mémoire jusqu'à épuisement, trouvez-moi ce refrain des années 70 vantant le changement de montre Kelton, qui s'en souvient je n'en ai jamais eu tandis que des Swatch oui mais de chanson avec les Swatch non.
Récompense assurée.
Trop tard, cliquez ci-dessous :


Claude Lothier


Changements : C'était mieux avant par Rose Mansion


C'était mieux avant, je n'avais pas peur d'après.

C'était mieux avant, j'étais malade, mais c'était mieux.

C'était mieux avant, j'avais juste à apprendre, rien de vraiment utile, mais je savais.

C'était mieux avant, je ne bougeais pas, maintenant je titube.

C'était mieux avant, je pouvais encore dire: « J'ai pas fini ma croissance. ».

C'était mieux avant, je savais où j'allais, dans le mur, mais je savais.

C'était mieux avant, j'avais encore 20 ans, quand on m'appelait madame, je pouvais me rassurer toute seule.

C'était mieux avant, ils me connaissaient, maintenant ils croient seulement.

C'était mieux avant, je pouvais dire: « J'ai réussi »; désormais, il faut que je réussisse.

C'était mieux avant, il me restait encore des recettes à tester dans mes livres de cuisine.

C'était mieux avant, l'absinthe, c'était de la vraie.

C'était mieux avant, les rails n'étaient pas protégés.


samedi 24 octobre 2009

Changement, par Maëlle Simon

engloutissement d'un grain de riz par le sac
engloutissement dans une bouche de métro
engloutissement de mauvaises pilules successives
engloutissement d'une culture par une autre
engloutissement de mots qui ne font plus sens
engloutissement de ce texte indigeste
engloutissement dans nos draps
engloutissement du linge par la machine à laver
engloutissement du fric par la caisse
engloutissement engourdissement
engloutissement alourdissement
engloutissement d'un monde poussiéreux par l'aspirateur
engloutissement sans sens
engloutissement du petit par le plus grand contenant
engloutissement qui ne peut plus contenir
engloutissement éclatement
engloutissement jamais plus
engloutissement

Changement, par Agathe Lacoste

Rencontre, une première fois, tout seul au milieu d'autres seuls. Ou presque.
La communication s'installe.
Se voir tous les jours, réfléchir ensemble.
Se voir tous les jours, ne plus partager.
S'entrevoir tous les jours et s'en détester.
Oublis entre fous rires niais.
Changement.
Rencontre.
S'apprendre.
Aimer.
Trouver et construire.
Et là, perdre.
Désormais construire sans.
Ça marche plus ou moins.
C'était mieux avant ?
Différent.


Changement, par Cécile Laporte

Communiqué du 11 Avril 2029
Citoyens, citoyennes,
En vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous instaurons aujourd'hui la règle du changement journalier. Le progrès réside dans le changement. Dorénavant, ce afin de servir le désir progressiste de notre gouvernement, chaque jour sera sujet au changement. Chaque règle établie jusque là devient obsolète. Revoyons toutes les bases de notre société.
Ainsi, chaque jour vous changerez de nom, vous changerez de famille, de lieu d'habitation, de travail. Vous changerez vos habitudes de vie, vos amis.
Tout citoyen se soustrayant à cette obligation se verra puni d'une amende sévère pour avoir fait obstruction à la bonne volonté du régime qui souhaite améliorer la vie de ses citoyens.

Pour le changement et le progrès.

Le parti progressiste.


Extrait du Times, 12 avril 2029

Pour répondre au communiqué d'hier, un homme a écrit à la bombe noire sur la façade de l'assemblée "Pour le progrès changeons de Régime et de gouvernement".


mercredi 14 octobre 2009

Le médiateur urbain selon Rose Mansion

Petit Manuel à l'usage des futurs médiateurs urbains


Votre mission, Ô combien importante dans notre société en pleine destruction, sera d'être le lien social, la conscience amicale des citoyens qui s'ignorent.

Quelques règles de base:


-Soyez souriants, mais pas trop, sinon on va croire que vous voulez vendre quelque chose ou défendre les pauvres petits enfants avec nos sous.

-N'essayez jamais de mettre en relation des êtres dont les convictions sont clairement et radicalement opposées : Supporter de l'OM et du PSG, fans de Lorie et de Craddle of Filth, membre de la jeunesse UMP et militant écologiste...

-En cas de conflit, fuyez, notre association rejette toute responsabilité en cas de dommages matériels ou humains lors de l'exercice de vos fonctions.

-Soyez polis, on n'est pas chez Doucet!

-Ne vous étonnez pas si vous avez des réponses du style : « J'ai pas le temps! », « J'ai pas de monnaie. », « J'ai déjà parlé à votre collègue ce matin. » Ces personnes pensent sans doute que vous œuvrez pour une quelconque œuvre caritative dont l'utilité est moindre comparée à celle de votre mission.

-Si les gens auxquels vous tentez de parler sont : au téléphone, branchés sur leurs MP3 ou sur une autre source sonore, quelle qu'elle soit; abstenez vous de la leur arracher en la piétinant par la suite pour le bien de la cohésion sociale. Vous êtes des pionniers, ne l'oubliez pas. Les gens ne sont pas habitués, ni conscients de l'utilité de votre tâche, il ne comprendraient pas votre action.

-N'interrompez jamais une conversation contenant les mots : « permanente, laque, coupe, shampoing ou couleur. ». Les coiffeuses ont un rôle prépondérant dans notre quête de la communication citoyenne, il n'est nul besoin de leur expliquer qu'elles doivent parler.

-De même, ne vous approchez pas si vous entendez des expressions telles que : « Non, j'hallucine!!! », « Ah nan mais trop, quoi! », « Sérieux? C'est grave de la loose! ». Ces conversations sont sans doute d'une importance capitale.

-Si les gens s'enfuient à votre approche, il vous est interdit de leur faire un croche-pied ou de les frapper avec votre sac pour les forcer à s'arrêter. En tout cas, si vous le faites, assurez-vous de ne pas aller jusqu'à mettre en péril leurs capacités d'élocution.

-Ne vous asseyez pas dans la rue avec un cahier pour écrire en attendant que des gens arrivent, ils risqueraient de vous regarder bizarrement.

Bon courage!


samedi 10 octobre 2009

Médiateur urbain : Karine Blin

médiateur urbain…


Fatiguée, elle vient d’aller prendre son bébé à la crèche. Elle pense déjà à ce qu’elle pourrait bien préparer pour dîner. Passage obligé à Monoprix. Le bébé pleure, elle tente de le calmer mais sans succès. Avec urgence elle choisit quelques légumes frais et entame une longue file d’attente à la caisse numéro 2. Le bébé s’est enfin calmé. Soulagement. A la sortie du Monoprix, comme à chaque fois qu’elle n’a pas le temps, elle croise une collègue, une pipelette qui ne se lasse jamais de raconter mille chiantises auxquelles il faut, bien sûr, sourire et feindre un certain intérêt. Comment s’en dépêtrer? Se demande-t-elle en cherchant un stratagème discret. Heureusement, son débit de paroles démesuré s’arrêta net :

suite 1: elle vit arriver avec un air qu’elle sentit menaçant un homme grand, vêtu bizarrement, plutôt avec un mauvais goût certain. Il les aborda avec un franc bonjour, et dit tout calmement et bien distinctement « ça fait déjà plusieurs fois que l’on vous voit en train de papoter au nez de gens qui n’en ont que faire et qui ne savent comment vous le faire savoir gentiment ! En tant que médiateur urbain je dois vous interrompre et vous demander de cesser cette pollution auditive car elle s’étale beaucoup trop dans le temps et a toutes sortes de répercussions infécondes. Je vous remercie de votre compréhension et vous prie de maintenant dire au revoir. La ville vous remercie de votre collaboration. ». Après ça, bien obligée de tourner les talons, la mine fermée; désarçonnée par cette intervention qu’elle espérait ne pas revivre encore, elle s’en alla sans plus qu’un au revoir discret, presque muet.

Ou suite 2: quand elle entendit son portable sonner. Le « je te laisse » qu’elle émit fut comme une libération. Le tram vient de passer, on va être en retard ti moun, dit-elle à mi-voix à son enfant. Assise à l’arrêt, la poussette à ses côtés, 11mn d’attente. Une femme à vélo traversait la place, la suivant du regard ses yeux tombèrent sur une autre femme, stéréotype même de la cinquantenaire BCBG brillante des chaussures au fard à paupières en passant par la ceinture et le sac évidemment. Cette caricature ambulante marchait d’un pas décidé, surement pressée elle aussi. Cette image la laissa songeuse, elle se mit à repenser à une autre femme à la même allure, à ce même maquillage pseudo-chic et ne put s’empêcher d’avoir des regrets. Il s’agissait d’une de ses belles cousines. Celle-ci l’avait beaucoup inquiétée lorsqu’elle était encore enceinte, et lui ayant transmis son stress à travers de trop nombreux récits plus catastrophiques les uns que les autres. Cela allait des malformations qui n’avaient pas été décelées aux échographies, en passant par des placentas qui ne nourrissaient plus le bébé, aux poumons trop peu développés des prématurés… toutes ces histoires l’avaient angoissée durant sa grossesse. Sortie de ses pensées par l’arrivée du tram bondé, elle prit place et se replongea dans ses souvenirs. Elle avait envie de revoir cette belle cousine et de lui dire le fond de sa pensée. Puis, en un mouvement elle saisit son portable et l’appela. Sans aucune introduction, ni quelconque politesse elle lui dit qu’elle ne voulait plus jamais avoir affaire à elle et que sa maladresse n’avait d’égal que sa stupidité et ô combien elle avait été blessée de ce comportement. Les gens interloqués d’entendre une telle discussion regardèrent tous le médiateur assis là et enfin il se décida à aller la voir. Une fois la conversation terminée, il lui dit de ne plus reproduire d’échange aussi virulent dans un lieu public sinon les médiateurs urbains devraient agir en conséquence. Il la salua et retourna à sa place, encore une intervention bienveillante du médiateur urbain.

vendredi 9 octobre 2009

Le médiateur urbain de Maëlle Simon

Le médiateur urbain.

Elle part. « Oui, on se voit plus tard » dit-elle à ses collègues, qui entre deux gestuelles de clopes, se parlent « taf ». « Ok, salut ». Elles sont submergées, ça se voit. L’heure de la reprise a sonné. Lui, (ce jeune garçon) qui semblait comme mis entre parenthèses, a finalement bien vu ces femmes filer et prit son sac Adidas, pour se caler à leur place. Son regard vogue dans le vide. Mais son oreille capte un air de guitare, d’un homme assis là-bas. Puis sonne la cloche, puis sonne encore le tramway. Un laps de temps. Un verre se casse. « Eh bien voilà ! Eh ben voilà ! » Dit-on. Cela interpelle le serveur et les tables avoisinantes.

Les autres qui n’ont pas l’air en lien, l’air de rien, s’appliquent à changer de trajectoire pour éviter la rencontre. D’autres se concentrent à baisser les yeux ou regarder à côté et prétextent un « je ne sais quoi, je ne sais qui » pour esquiver l’autre.


mercredi 27 mai 2009

45 minutes d'écriture dans le tramway d'Eperon à Antarès

Eperon-Cité Plantagenêt

Le pipe show ou la chaude pisse est à l'affiche ce soir, la dame en noir et bleu a d'ailleurs déposé ses sacs à mes pieds comme s'il s'agissait d'une invitation ! Il ne faut pas l'influencer sinon la manipuler.


République

Destination Antarès, les portes s'ouvrent, des gens de toutes les couleurs, ils puent d'ailleurs !


Préfecture

"Pourquoi Sarko n'aura jamais de cheveux blancs? Parce que Carla Bruni ! héhé !!": de Fifi Brin D'acier. Ça s'agglutine et nous imaginons quels accessoires pourraient rendre plus agréable le tramway. 


Leclerc Fleurus

La brochette en face de moi, toute serrée, ils sont trop chou, de plus en plus rouges voire même de plus en plus gonflés.


Arrivée Gare

Départ de Fifi. Les gens se cramponnent avec un air triste et des yeux malheureux. Personne ne tente de tenir en équilibre façon exercice surfing.


Zola

Ouverture côté droit (pas gauche, ça slalome un peu) Ça freine brusquement, ça détend et ça re-roule.


Viaducs

L'homme au sac à dos jaune s'infiltre furtivement à travers les portes transparents qui s'ouvrent devant lui. Il passe le seuil et se fond le plus rapidement possible dans la masse comme s'il voulait que personne ne l'ait remarqué.


Jaurès Pavillon

La femme aux lunettes sur la tête nous observe nous, avec nos crayons et nos notes suspectes, elle s'interroge, mais que font-ils? Elle regarde tout autour d'elle avec inquiétude.


Saint Martin

Ouverture côté gauche (slalom)

Madame le contrôleur est entrée. Mine de rien elle se faufile dans une angle et observe. En fait il y en a 4 avec leurs airs supérieurs de gens importants.


Pont Lieu

Elle nous observe toujours la p'tite avec ses lunettes!


Durand Vaillant

Une grosse machine devant moi, près de sa braguette, sûrement pour distribuer les amendes ! 


Goya

La p'tite avec son voile semble complètement apeurée, comme agressée par notre présence, elle se cramponne et fixe le sol.


Glonnière-Centre sud

Claude prend des photos. Une demoiselle s'agrippe à la rampe centrale comme si elle en était proche, comme si elle la chérissait.


Jules Ramus

Concession automobile, tout le monde s'en va ! On oublie les immeubles, c'est petites maisons et verdure.


Guetteloup

Brice, un rond-point près des 24 ! Le mur des 24 ! Des bruits d'essaims d'abeilles et un hélicoptère. Nous traversons le tunnel sous le Mans direction Antarès, son terminus au milieu de la nature. Merci, tout le monde descend. 


Lola Dubois





- 1 mississipi, 2 mississipis, 3 mississipis, 4 mississipis, 5 mississipis, 6 mississipis, 7 mississipis, 8 mississipis, 9 mississipis, 10 mississipis, 11 mississipis, 12 mississipis ...


- LA REPUBLIQUE ! ... constitutionnelle ...


- La Préfecture a subi l'assaut des manifestants hier 13 mai 2009 à 14h07, les vandales usaient de pierres et de bâtons de bois comme d'armes ...


- Maintenant, pour le moins cher, vous savez qu'il faut aller chez ... Leclerc-Fleurus // Maintenant, pour le moins cher, vous savez qu'il faut aller chez ... Leclerc-Fleurus // Maintenant, pour le moins cher, vous savez qu'il faut aller chez ... Leclerc-Fleurus


- Tum-tan-tadam !


- Ecrivain né, provocateur franc, Brumaire porte son sceau ...


- Construits par les Romains ? non, pas vraiment, mais c'est pas loin.


- La demeure secondaire de monsieur J.


- Béni, divin, céleste, mais aussi parfois pêcheur, le Martin est assez discret dans le monde d'aujourd'hui.


- 4400 mètres au-dessus des eaux ?!


- Brave, preux, courageux, chevalier sous l'égide du temps blasonné avec un D.


- Autant peintre que graveur il me semble, mais j'ignorais qu'il habitait ici ...


- YES ! Il avait pas sa carte ! (c'est ce qu'il cria à côté des contrôleurs ...)


- César somble ému avec un R.


- Bergers, bergères, attention à vos moutons !


- Râts et Âne.



Etienne Safa





Eperon cité plantagenêt

l'arrêt du médecin de maman

l'escroc comme ils disent les autres

MERCI DE VALIDER VOTRE TICKET OU CARTE MOOVEA

le cul sur le bord et dans le tram d'en face

on nous observe,

il part WILBUR WRIGHT

s'envole

tac a tac, tac a tac, tac a tac, tac a tac, tac a tac

la valise sur les pavés.

LE TRAM

éperon

J'ai été à Rennes et je me suis fait niquer mon permis

à la sortie d'un lieu-dit

à 100 mètres du panneau

niquer c'est comme schtroumpfer

c'est le mot qui va partout!

4 maisons!

Deg'

sucette cœur à la fraise

portable rose et ongle peint

république

chut

bah elle est pas là

ce couple – la femme à la minerve

et le monsieur à la canne!

On peut dire un couple de bras cassés...

sans bras cassé mais avec deux pieds gauches.

Préfecture

miam miam

ça sent la pisse de chat

ou la transpiration

c'est moi ou c'est eux ?

Peut-être mon blouson...

Il va y avoir des gogos danseuses

entre Pierre et Terre

l'œil et le buste à la fenêtre.

Leclerc-fleurus

EMO – hémophile, un coup de frein

et je me bleute

trop de monde pas de risques

la foule me retient

et m'entraîne en même temps

La Famille Est A La Maison.

Gare

un pull tricoté

un œil vitreux

le SAMU

l'œuvre de ZOLA

la statue se brise

zola

du premier coup, des yeux bleus

pour aller à la poste

et s'emporte sans porte

viaduc

deux de chaque

c'est possible, la pizza

bien chaude

nan nan c'est deux sacs à dos en un

10 à 20 kilos sur le dos

pire qu'une tortue

l'écolier porte sa baraque

même sans être barak

Jaurès pavillon

l'or logé dans les poches

du compteur d'or parisien

jaune comme le faux

et vert comme l'espoir

un sacré palmier qui donne sur

le st-martin

le pontlieue – comme 20000 mais pont

st-martin

anciennement le 2ème centre ville de la ville

pontlieue, le lieu

devenue carrefour de la mort

pas à cause des accidents

mais grâce aux sociétés

de pompes funèbres.

Pontlieue

Durant-Vaillant

au ciel le cerf-volant

au ciel le ptit garçon skatant

au ciel les sucettes dans tes dents

au ciel les insectes papillonnants

au ciel les mouette d'Ouessant

au ciel le p'tite qui a le lait aux dents

goya

fenêtre ouverte

sur le garage

glonnière centre sud

une veste sur une rambarde

un enfant la laisse

tomber bien bas

et ne s'en aperçoit

qu'une fois rentré chez soi

trop tard

jules raimu

les lèvres en sang

c'est sensationnel

pas de baume à lèvre.

Guetteloup

ça couine c'est les moto-cycle

de guetteloup

ou plutôt le sifflet de la maréchaussée

et le syndicat mixte

entre pierre et plantes grasses

me stop qu'au feu clignotant

de temps en temps

pas trop souvent

Quand un camp de caravanes

s'installe et stagne, les livraisons

de nos cargaisons pourrissent.

Antares

 


Marielle Pottier

mardi 26 mai 2009

Pourquoi les lampadaires sont restés allumés


...Les plus grands journaux européens ne parlaient plus que de ça. Le vénérable Ouest France lui-même se penchait sur ce que l'on avait alors coutume d'appeler : le mystère des lampadaires jaunes
Jeudi 23 avril 2009, au Mans, l'inutilité et l'absurde avaient donné la main au gaspillage pour engendrer un événement des plus étranges. Pendant une journée entière, les éclairages publics étaient restés allumés. Ils n'avaient pas fait grève un instant. Les hypothèses n'avaient pas manqué. Sabotage, invasion de vers luisants, installation lumineuse d'un de ces tarés d'élèves des Beaux-Arts dans le cadre d'un atelier appelé "transformer", ou bien encore, extension des festivités de la nuit des chimères pour fêter la candidature surprise de Mr Boulard aux européennes. Mais aucune de ces hypothèses ne tenait la route. La population était perplexe, et la municipalité muette. Personne ne se risquait plus à émettre la moindre hypothèse car il semblait que toutes les pistes avaient été épuisées. Une éventuelle hallucination collective aurait pu être une explication rationnelle mais les preuves matérielles collectées par les nombreux témoins infirmaient cette proposition. Bien plus tard, la rédaction du Maine avoua qu'en ces temps de crise la situation du journal était difficile et qu'ils avaient eu l'idée, grâce à des complicités dans l'équipe d'entretien, de créer un sujet porteur à se mettre sous le clavier. Mais cette explication n'a pas convaincu tout le monde et depuis cet évènement, toute une horde de fanatiques de l'étrange se donne rendez-vous chaque année le 23 avril, dans l'espoir d'assister une nouvelle fois aux désormais célèbres 24 heures du Mans.

Rose Mansion




Le Passant des Lumières

Pourquoi les lampadaires sont-ils restés allumés ?

J'ai entendu une discussion au coin d'une rue, je vais essayer de vous la retranscrire ; une voix disait : 
« Regarde là-bas !
- Quel étrange personnage ! dit l'autre un peu moqueuse
- Je l'ai vu passer plusieurs fois tout-à-l'heure, il tourne en rond depuis un bon moment …
- Il est perdu, tu crois ?
- Il semblerait … en tout cas, il n'a pas l'air de savoir où il va.
- Nous devrions peut-être l'aider ?
- Je ne pense pas qu'il comprendra.
- Un étranger ? fit la voix d'une voix étonnée
- On dirait : regarde sa façon de marcher, il n'a rien d'un citadin !
- Ah ça oui, en effet ! »

C'est alors qu'une troisième voix apparut, plus grave, certainement celle d'un homme d'un âge assez avancé. Il parlait sur un ton assez bougon, 
et semblait avoir des idées très arrêtées :

- Pas de ça mesdemoiselles ! Arriva-t-il
- Oh, mon oncle, nous n'envisagions rien, …
- Rien ENCORE vous voulez dire ! Je vous connais bien, mes petites, vous voyez un bel étranger rôder dans le coin, et vous ne savez plus vous tenir ! Si 
je n'étais pas là, vous seriez probablement déjà en train de l'asticoter !
- Mais non voyons, nous ne pensions qu'à l'aider, assura-t-elle
- L'aider ?! M'est avis que vous le dévoriez déjà des yeux !
- Il faut dire qu'il est bel homme …
- Un bel homme perdu …
- Perdu ? Qu'en savez-vous qu'il est perdu ?!
- Allons, mon oncle, regardez-le, ça se voit !
- … et il tourne comme ça depuis longtemps ?! s'étonna-t-il
- Ôooh oui ! Et nous ne pourrions pas l'aider : il ne comprendrait pas !
- C'est vrai, même pas besoin de vérifier pour dire qu'il ne connaît pas notre langue.
- En effet, ce serait peu probable, comme tous les gens de son espèce d'ailleurs … 
- Ne pouvons-nous vraiment pas l'aider ? s'enquit-elle
- … il y a peut-être un moyen … dit l'oncle d'un air mystérieux »

Et le voilà parti à s'enquérir auprès des autres pour leur demander leur avis. Il s'ensuivit une longue discussion dont je n'ai pas tout relevé, et 
surtout qu'il serait impossible de retranscrire tant les mots des uns et des autres s'enchevêtraient … eux, par contre, semblaient tout-à-fait se 
comprendre … Quoi qu'ils aient dit, ils décidèrent tous de placer une petite lumière pour le guider jusqu'à bon port, à travers les rues et au-dessus 
des toits, au rebord des balcons et sur les fils de la ville. La lueur perdura dans les hauteurs jusqu'à ce que ce passant étrange ait enfin retrouvé sa 
route, puis elles s'éteignirent, laissant la ville perplexe, dont nombre d'habitants se posent encore la question.
Si vous voyez ça et là les lampadaires rester allumés, c'est qu'IL est en train de passer !

Etienne Safa


Les lampadaires sont restés allumés,
Et le resteront sans doute encore un bon couple d'années.
'Mais pourquoi' me direz-vous mon bon monsieur,
car ici le sommeil des allumés prolifère à longueur de journées,
le soleil n'ayant que faire de tout ces grands fatigués,
a choisi de s'éclipser, je le répète, pour un bon couple d'années.
Le sommeil croyez-moi n'était pas la seule cause de ce triste choix.
Quelques fanfarons mal lunés, de mur en mur, n'arrêtaient pas de se cogner.
De nuit comme de jour, des luminaires encore branchés,
inconcevable, mais jai pourtant entendu dire que Monsieur Magritte,
lui-même, serait à l'origine de cette décision pour le moins éclairée.
Desormais vous pourrez contempler la pointe de vos pieds,
au grand bonheur de vos cabots qui, en levant la patte,
nous le savons, préfèrent la commodité d'un territoire éclairé.


Restez éclairés,
bien à vous,
Justin Delareux.


Pourquoi les lampadaires sont restés allumés dans l'agglo du mans ?
-il y avait une éclipse...
-ça fait plus joli...
-ils ont construit trop de buildings autour...
-les marchands de lampadaires font de la pub...
-il y avait un film de tourné...
-ils se sont rendu compte que le sol datait du néolithique...
-quelqu'un a perdu sa dernière dent...
 
 
 
 Il y eu récemment une éclipse dans l'agglo du Mans, peu après la construction des buildings autour.
Du coup, un homme, âgé de 77 ans, a perdu sa dernière dent. Par respect pour le vieil homme, tout le monde se mit à chercher...
mais un seul homme, un brave, s'est assez servi de sa tête pour avoir l'idée de détecter le chicot au Carbone 14 !
Cet homme était en fait un génie en physique, il se faisait même payer par les marchands de lampadaires pour faire leurs publicités.
Il était donc facile pour lui de retrouver une modeste dent dans l'agglo du Mans. Il le fit sans peine mais découvrit aussi autre chose...
Le Carbone 14 réagissait à des molécules qu'il n'avait jamais vues... même lorsqu'il tourna son film ici !
Après de longues recherches auprès de spécialistes, on a découvert qu'il s'agissait d'un sol datant du Néolithique, 
de pauvres pierres et pavés poussiéreux, où l'on a pu observer, après sa restauration, de belles icônes préhistoriques gravées...
Depuis, l'agglo du Mans est passée rapidement de "cité à tir groupé" à "patrimoine protégé par l'Unesco".
Les habitants pensent que ça fait quand-même plus joli...
 
A Bientôt
 
David Jousse
 

Rose Mansion

« 4000 mètres carrés, un lieu calme, idéal, propice à la guérison, je suis sûre qu'elle s'y sentira bien ». La responsable du centre égrenait les « multiples avantages » de cette prison aux murs coquille d'œuf. Je n'avais qu'une envie, trouver une raboteuse et lui polir la face pour ne plus y voir son sourire figé. « Il y a aussi les bureaux, les ateliers d'artistes, les entrepôts, les banques et la salle des coffres, l'entrée des cours et les parkings. ». Il n'y avait aucune surprise, elle égrenait la description de tous les lieux, jusqu'aux corridors menant aux salles de détente.

Ma mère, les yeux rivés sur la brochure, la feuilletait avec application, elle semblait remplie de la certitude et de la satisfaction d'avoir trouvé un endroit où me caser. J'avais aussitôt changé mon regard de place et enfoui ma tête dans la capuche de mon paletot en cuir brun.

La salle de détente justement, nous y étions.

Le système pileux de mes bras se hérissa instantanément lors de ma rencontre avec la tapisserie. Des fleurs, encore plus moches que grosses, et qui ne s'accordaient même pas avec le lustre néo-médiéval et ses fausses bougies.

« C'est dans cette salle que nous fêtons l'épiphanie, en février. » Nous expliqua la femme au tailleur blanc cassé.

« Je croyais que c'était en janvier. » Fit doctement remarquer ma mère.

« Non, non, il y a déjà le changement d'année, nous préférons que nos pensionnaires ne vivent qu'un événement potentiellement traumatisant à la fois. »

En matière d'événement traumatisant, la première semaine aurait nécessité un quinquennat d'isolement pour être contrebalancé. Je rencontrais des vieilles fantasques, deux adolescents diaphanes et éthérés. Elle, belle comme une publicité de jean pour gosse de riche. Lui, coiffé comme un footballeur de ligue 1. Les deux me toisaient d'un air sceptique et interrogateur. J'enfouis ma tête dans ma capuche - ce mouvement était maintenant devenu un réflexe - et je m'éloignai, en prenant soin de garder le même air indifférent que j'avais avant de les rencontrer sur mon chemin. Je rasai les murs couleur pâté de foie et m'assis sur le lino mauve, bien cachée.

Je fus en revanche particulièrement attentive à Patrick, un américain névrosé, qui m'expliquait l'intérêt tout particulier qu'il avait pour les systèmes de fermeture de toute sorte. On l'avait envoyé ici parce qu'il avait passé une semaine à calculer s'il était possible d'aller aussi vite en slalomant entre toutes les portes de chez lui en courant ; qu'en faisant le tour normalement, mais en marchant normalement.

« Mais ça ne marchait pas... Et donc, si je ne faisais qu'ouvrir des serrures, je prendrais quand même un retard de 0,333 seconde... »

Je pris un plaisir sincère à l'écouter développer ses théories et lui proposai même d'autres expériences potentielles, pour quand nous serions sortis. Car pour ma part, c'étaient plutôt les systèmes d'ouverture qui m'intéressaient, vous allez me dire : « ouverture, fermeture, il y a un lien.» Mais ouverture, ça signifie que mon but c'est l'extérieur. Sortir, pas rentrer.

D'ailleurs demain, on sort. Adieu la vieille et ses tailleurs à la Laura Bush; la pouffiasse en grève de la faim et les errants au regard vitreux. On s'en va. En plus, il me semble que dehors, il y a des couleurs vives.

Choses en souvenir de Sei Shônagon 3

Choses dont on attendait beaucoup et qui se révèlent décevantes.


Le nouveau disque qu'on vient d'acheter, dont on avait entendu quelques chansons qui sont finalement les seules qui nous plaisent.


Un gâteau que l'on sait délicieux, mais qui nous écœure après seulement quelques bouchées parce qu'on n'a plus faim.


Le coucher un soir de tempête, parce qu'on entend pas autant qu'on aurait voulu le vent qui souffle.


Une paire de chaussures magnifiques dont on rêve depuis longtemps, qu'on obtient enfin et qui nous meurtrit les pieds dès qu'on les enfile.


Une carte postale d'une personne qui nous est très chère et sur laquelle il n'y a écrit que: « Salut Rose, ici il fait super beau, et on s'amuse beaucoup! J'espère que toi aussi. A bientôt. »


Une sortie champignons où on ne trouve qu'un cèpe.


Un gâteau parfaitement cuit et appétissant dont la moitié reste attachée au fond au démoulage.


Une fête de Noël où les gens se crêpent le chignon.


Un coup de téléphone à un ami proche durant lequel on s'ennuie.


Un film de James Bond dans lequel il ne dit pas « Je m'appelle Bond, James Bond. »


Une journée qui commence avec le soleil et qui vire immédiatement au gris, gris qui se maintient jusqu'au soir, lui.


Un bain chaud et parfumé dans lequel on se sent comme une infusion de tilleul au bout d'une minute.


Récupérer ses photos de vacances, après le développement et s'apercevoir qu'il y a la marque de son doigt sur la moitié d'entre elles.


Décider de faire l'effort de se vernir les ongles et n'obtenir qu'un résultat médiocre parce qu'on a pas l'habitude de le faire.


S'approcher d'une fleur magnifique et se rendre compte qu'elle ne sent rien.


Lire un vieux livre qui nous plaît et s'apercevoir que quelques pages ont disparu.


Décider de trier ses affaires pour mettre de l'ordre et n'avoir pas terminé à la fin de la journée, être obligé de se coucher dans une chambre encombrée de désordre.


Programmer un dîner aux bougies pour cause de panne de courant et se rendre compte à 20 heures 42 qu'il est rétabli.


Mettre la cassette dans le magnétoscope, regarder une minute de ce qu'on avait enregistré la veille et... se rendre compte qu'on n'avait pas rembobiné avant de lancer l'enregistrement.



Petits plaisirs culinaires


Ne pas utiliser de spatule pour vider la pâte du gâteau dans le plat, afin de pouvoir en garder plus pour nettoyer le saladier.


Tailler le gâteau pour lui donner la forme voulue et manger les morceaux qui restent.


Manger les petits grumeaux de chocolat en poudre à la surface du lait froid.


Rajouter du beurre sur la tartine grillée parce que celui qu'on avait mis au départ est déjà fondu.


Piocher, après le petit-déjeuner, dans le sachet de muesli les noisettes qui surnagent, tout en sachant que le dernier bol du sachet sera moins savoureux que les autres.


Râcler à la petite cuillère la couche plus blanche sur la surface du pot de miel.


Finir le dernier morceau de pain, un peu rassis, avec un morceau de comté.


Entamer la pâte à tartiner.


Manger un yahourt avec une cuillère plongée dans le miel ou la pâte à tartiner.


Aller dans le jardin manger des fraises le matin au réveil.


Tomber sur le cœur de salade en se servant.


Manger le moreau de pâte qui reste une fois qu'on n'en a plus assez pour faire une forme complète à l'emporte-pièce.


Retourner chez sa grand mère et lui demander de faire des crêpes.


Prendre une petite cuillère pour racler les bords de la bassine en cuivre après la cuisson de la confiture.


Découvrir une recette de meringue qui permet d'en obtenir une qui ne colle pas aux dents.


Faire un petit creux dans la boule de pâte brisée qui reste après avoir posé le reste dans le plat pour la quiche, y mettre du sucre roux, malaxer un peu et la manger.

Réussir son caramel du premier coup.


Parvenir à retrouver par ses propres moyens le goût d'une pâtisserie qu'on avait achetée.


Découvrir que finalement on aime un plat, alors que depuis son enfance on croyait le détester.


La première fois qu'on réussit à apprécier le café.


La première fois qu'on réussit à apprécier le café sans le sucrer.


La première fois qu'on réussit à ne pas rater la première crêpe.


La première gorgée de bière, non, je plaisante. En plus, je ne l'ai jamais lu, ce livre.


Rose Mansion

Marion Parpirolles

textes de Bertolt Brecht "Histoire de monsieur Keuner


Texte d'origine

Il est bon ami comme il est bon ennemi. Très grand et lourd, il est cependant aussi très rapide. Sa trompe amène à un énorme corps même les plus petites nourritures, même des noix. Ses oreilles sont mobiles: il n'entend que ce qui lui convient. Il vit aussi très vieux. Il est également sociable, et cela non seulement avec les éléphants. Il est partout aimé autant que craint. Un certain côté comique fait qu'il peut même être vénéré.

Texte retravaillé:

Elle était mauvaise amie comme elle était mauvaise ennemie. Très petite et souple, elle sera cependant aussi très laide. Ses cheveux recouvrent un énorme cou même les plus grandes étoffes sont minuscules. Ses narines sont figées : elle ne sent que les odeurs agréables. Elle meurt très jeune. Elle n'est pas réellement bavarde sauf avec les siens. Elle est partout haïe autant qu'idolâtrée. Certains côtés acariâtres font qu'elle peut même être snobée.





Texte d'origine

Ce qui est bien, ce n'est pas que les hommes soient différents, mais c'est qu'ils soient semblables. Les semblables se plaisent. Les différents s'ennuient.


Texte retravaillé:

Ce qui mauvais, c'est que les animaux ne sont pas semblables, mais c'est qu'ils soient différents. Les différents se plaisent. Les semblables s'ennuient.






Texte d'origine:

Quelqu'un racontait de Keuner jeune qu'il l'avait entendu dire, un matin, à une jeune fille qui lui plaisait beaucoup: "J'ai rêvé de vous cette nuit. Vous étiez très raisonnable".


Texte retravaillé:

Un homme lisait de Keuner vieux qu'il l'aurait vue, un soir, à une vielle femme qui le rebutait énormément: "J'ai pensé à vous ce matin, je vous trouvais peu de raisons".

Archives du blog

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist