Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

dimanche 13 novembre 2016

En regardant des images d'un dictionnaire bilingue illustré


Le train de trafic à courte distance. J’entends, courte distance, courte durée, perspective interrompue, escale précipitée. Éclipse. J’entends, éclipse de passion, éclipse de mouvement passionnel, éclipse de crépuscule. Crépuscule littéraire, j’affirme le déclin. Lueur atmosphérique du mécontentement. Résidus en rotation autour de mon système planétaire. Le train de trafic à courte distance. J’entends, trafic interrompu. Je reste silencieuse, dans ce wagon. La conduite d’échappement. J’entends, échappement, conduite inappropriée, inadéquation passionnelle. Paradigme inconciliable. Tu m’es antipathique, anti-inflammatoire, antiaérien, anticorps. Précession de corps, sous l’effet perpendiculaire. Perpendicularité, à l’ombre de notre corrélation. Collision de deux satellites. Big Bang.  

Maëly Massereau

Avec des ex- des anti- des post- et des pseudo-


Exaltation de ton étreinte postglaciaire assurément antinomique. 
Apparence pseudomorphose pré-coïtale à l’antipode de sa triste finalité. 
Excellemment d’une déflagration post-tactile. 
Décision a posteriori anti-conforme aux sentiments. 
Expérience anti-inflammatoire post-traumatique.

Maëly Massereau

vendredi 4 novembre 2016

Nikita Fauveau

t'es
anticommunicatif
t'excèdes
d'antisentiments
conversations postales
conversations post-âmes
conversation postillons
postérieur contre postérieur
t'utilise tes anticorps
anticorps anticorps anticorps
contre mon corps
j'ai besoin
besoin d'antibrouillard
besoin d'antibrouillage
dans l'antichambre
appel aux anticasseurs
n'ayant pas trouvé l'anticipation
je cherche les antichocs
anticoagulants anticoagulants anticoagulants, vite !
peut être j'exagère
peut être je t'exaspère
mais je sais avec exactitude
que j'ai besoin
besoin qu'on m'examine
j'ai besoin que tu m'examines
J'ai besoin

besoin d'être
examinée.
réveil post-opératoire
compte-rendu postcombustion ;
un pseudo-parasite
me parasite
pseudo-séropositivité
pseudo-maladie
le médecin me dit
"Madame, votre duo est pseudo-adhésif
et la réalité, anti-aérienne"
relevé post-traumatique ;
besoin d'anticorrosifs
d'antidépresseurs
d'antidouleur
anti-odeurs
antiregards
antibruit
antivoix
antimots
antipassé
compte-rendu postmortem
sur un post-it, liste des antibiotiques ;
2 antidérapants
1 anti-éblouissant
3 antisouvenirs
à prendre 1 fois par jour, au lever, pendant le petit-déjeuner.
Les ex sont ex-aequo.

samedi 22 octobre 2016

J'irais bien en Bretagne

J'irais bien en Bretagne, travailler mon mémoire
Jouer avec les algues, comme si c'était des poils
Me mettre au vert un peu, festoyer, pas qu'un peu
J'accuse la Pervenche, le poignard à la main
Zigouillé dans le hall sieur Sable d'or les Pins
Station balnéaire pour les malencontreux
Casino tiens-toi bien, tu fais des malheureux
On va vider tes caisses et repartir blindés
Le bas d'caisse ras d'la fesse, sans avoir avancé
Plus que quatre semaines, même pas trois mots notés
Encore bien bourracho, maintenant au pajot !

Co-création de Caroline Laville et Chloé Ghesquier

Signé Anaïs Brilland

"Pas le temps d'écrire lorsqu'on est malade 
Pas le temps de souffrir le regard fade."

Bonus : (parce que je suis inspirée)

"Dans cet aéroport les gens se stressent
Dans cet arrêt au port, les gens m'oppressent"


mardi 11 octobre 2016

Francine Abada

Pour moi écrire un texte rien qu'en alexandrins
C'est comme lorsqu'un chien tente de pisser debout
La tâche, en apparence semble facile, ma foi
Mais le pauvre clébard se sentant diminué
Par la grandeur du maître ne tente pas sa chance
Mais moi lorsque j'écris, je prend des airs de grande
Et je fais semblant d'être comme un fin écrivain
Et comme par magie, les vers sortent d'eux-mêmes 
Et je peux maintenant vous dire, mes chers collègues 
Qu'écrire est comme un jeu
Et lorsque l'on se prend pour quelqu'un qu'on n'est pas

Il arrive parfois que tout le monde y croie

jeudi 6 octobre 2016

Quelques alexandrins de Maely Massereau

Ô garçon callipyge, autour de ton silence
"Je distille mes larmes pour oublier tes charmes" (Flavien Berger)
Ton regard alliciant où l'amour s'égarait
Et puis vint le moment d'un tendre au-revoir
Pour peu qu'elle nous revienne, insouciante allégresse

Pouvoir te figurer, là tout nu sur mes draps

Chloé Gesquier, d'après des extraits des Choses de Perec


Une guerre d'usure commençait. Dans leurs mémoires embrumées, les souvenirs surgissaient. Ils l'avaient toujours connue. Petite et blanche, discrète et chaleureuse. Jamais ses charmes ne les lassèrent, même après tout ce temps passé. Ils leur semblaient parfois qu'ils avaient grandi et vieilli avec elle.
Ils en aimaient les images qu'ils gardaient, le calme et la sérénité qu'elle procurait, l'amour et la joie qu'elle suscitait tout au long des saisons et des années.
Mais le temps est passé, les charmes ne sont plus, les belles images disparues. Il n'en reste que des ruines, l'absence de vie et de chaleur, l'apparition de fissures et d'usure.


Chloé Ghesquier

Inès Prenant, d'après des extraits des Choses de Perec

Ils parlèrent vaguement de fabriquer des poteries rustiques. C’était sans doute le seul
domaine où leur sensibilité avait tout appris. C’était leur passion première ; ils s’y
donnaient chaque soir, ou presque. A partir du mois d’Avril, ils s’échappèrent à Tunis. Ils
essayèrent de trouver, dans les ruines, dans les horizons, des splendeurs qui les auraient
inspirés. Jamais ces charmes ne les lassèrent. Après quelques mois d’une insouciante
allégresse, sans production, il devint évident que ces échappées champêtres
n’atteignaient que rarement le stade de vrais projets. Ces embryons de départ n’allaient jamais
bien loin. Ils s’interrogèrent. Il leurs fallut longtemps pour s’apercevoir que les fonctions les
plus banales de la vie étaient les plus inspirantes. Ils se consolèrent de leur mieux. Puis, il
leur plu d’imaginer les possibilités de rentrer à Sfax et de vivre enfermés dans leurs
demeure deux ou trois fois par semaine. Et c’était sans doute le seul endroit ou ils
produiraient vraiment. Ils avaient connu Tunis, non pas comme forme balbutiante, mais
d’emblée avec ses chefs-d’œuvre et sa mythologie. Il leurs semblait parfois qu’ils avaient
grandi avec lui. Et suite à ce voyage, quelque temps plus tard, ils se félicitèrent de leurs

multiples productions.

mercredi 5 octobre 2016

Julie Tavernier, d'après un extrait des Choses de Perec

Jamais elle ne fermait un livre. Sans cesse trônait à ses côtés un ouvrage plié sur sa moitié, interrompu au cœur de l'histoire. Ils l'avaient toujours connue ainsi. Il n'y avait pas un seul dimanche sans la voir, cheveux humides à la racine, secs aux pointes, repliée sur une page trop souvent cornée, habituée au matelas usé par le temps, genoux ramenés contre elle, se mordant méthodiquement l'intérieur de la joue.
Ces instants de calme étaient précieux, hebdomadaires - si ce n'est quotidiens, apaisants. C'était sa première passion : le calme.
Avec le temps on se demandait même si elle ne s'abandonnait pas à ces instants de lecture dans un endroit spécifique comme seul prétexte pour qu'un message passe. Il fallait alors comprendre qu'elle réclamait un temps où personne ne la demanderait, sachant qu'on l'observait pour un service précis.
Cependant on l'observait souvent parce qu'elle était fascinante dans cet univers stérile, elle apparaissait comme un être innocent et vide, cherchant à remplir sa vie du récit des autres, elle s'imaginait dans les rues de New York, sous la torpeur des tropiques, habitant la rue Mouffetard, jouant avec ses sœurs dans le jardin des Plantes... Mais quand elle refermait les pages tout s'écroulait sous le poids des photos, des objets achetés vingt ans auparavant, des couleurs des murs, du vieux fauteuil du salon, du guide touristique sur la table basse - promesse d'un voyage épuisée par les années.

Alors les livres ne se refermaient pas.

lundi 3 octobre 2016

Arthur Saguez, d'après des extraits des Choses de Perec

Ils couraient sur ces soirées qui tombent vite dans la nuit. Ce soir ils sont dix.
Le dîner fut rapide et sans débat, une soirée provinciale où tout le monde contait l'horizon. 
Première canettes, premier sourire.
L’alcool ne coule plus à flot, c’est le métal qui tombe, lourd sur le béton.
Les théâtres, les temples, les palais sont vides, seuls la rue, oasis moderne grouille de visages vides et de gorges pleines. 
Troisième canette, l’impossibilité de rester entre eux. Seuls ! Les dégoûte mais dehors il faudra oublier,                    éviter,         frapper,      boire,   et voir.
Les courants entre eux divergent et dix verges c'est énorme ; les rues mornes sont vides d'amis. La possibilités d'en trouver les dégoûte. A quoi sert-il d'avoir des amis si on ne peut pas se faire d'ennemis. 
Froideur
La nuit a galopé jusqu’à eux, et maintenant les immeubles ne touchent plus leur ciel. L'ambition du bar leur semblait réalisable et c'est là seulement là que les dents se desserreront et que les langues claqueront au rythme des verres cassés, même si l'ennui et le sentiment de discorde les piquaient. Car en fin de compte , ils étaient amis                                                                                         
                                                                                  où en tout cas pas ennemis. 






Le temple sert à faire le vide.
Le palais sert à faire lever l’ambition .
L'' oasis sert à faire cailler la solitude
pour obtenir des amis.
L' oasis est une substance 
extraite des la solitude des jeunes
ruminants.
La solitude est une partie de l’’esto-
mac des ruminants :
(abandon, oubli, pardon, froideur). 

                                                                                                                   Arthur Saguez 

jeudi 29 septembre 2016

Camille Jollain, inspirée par Perec qui écrivit Les Choses

Leurs échappées champêtres étaient fréquentes, ils partaient à la redécouverte de cet espace
qu'ils connaissaient par cœur. Leurs escapades furent pendant de longues années un
échappatoire à tout ce bourdonnement, ils fuyaient les mêmes rues mornes, les mêmes souks
grouillants et incompréhensibles, car c'était dans les panoramas, dans les horizons qu'ils
retrouvaient leur sensibilité. Tout au long des saisons, sous le soleil, sous la pluie, sous la
neige, ils marchaient pendant des heures dans cette vaste nature. À la recherche du calme et
de paysages merveilleux, ils déambulaient dans la montagne à travers les arbres, sous leurs
pieds le crépitement des branches les faisait frissonner. Ils se contentaient toujours de choses
simples pour être heureux. Après quelques dizaines de kilomètres parcourus, ils arrivaient à
leur repère ; une oasis de paix loin de la ville bruyante. Ils découvrirent cet endroit en haut
d'un piton lors d'une randonnée un mois d'avril, il y avait très longtemps. Pas très loin de là, ils
aimaient s'amuser dans les restes d'un palais, d'un temple, on ne sut jamais. Ils y passèrent
des heures et en connaissaient les moindres recoins, jamais ils n'y emmenèrent quelqu'un
d'autre, c'était leur secret. Ils aimaient la conquête de l'espace, du temps, ils étaient fascinés
par la splendeur des arbres. À l'automne, ils avaient un rituel, ils venaient le samedi, à six
heures du soir, ils s'asseyaient en haut du piton sur un rocher, toujours le même et observaient
les couleurs de la nature qui étaient d'une splendeur chaleureuse. Jamais ces charmes ne les

lassèrent et ils y demeurèrent toujours aussi spontanément sensibles qu'aux premiers jours.

Adèle Delefosse inspirée par des extraits des CHOSES de Perec

 Les longues soirées d'hiver s'étiraient. Ils pensaient chacun de leur côté, oubliant sans cesse qu'ils étaient deux. Ils restaient respectivement enfermés dans une bulle de grisaille, n'arrivant pas à s'en détacher. Au dehors tout était gris, triste et morne. Le soleil leur manquait. Parfois ils échangeaient un coup d’œil furtif, observant l'autre pour tenter d'y chercher du réconfort. Mais ils étaient incapableS d'ouvrir la bouche et d'amorcer ne serait-ce qu'un semblant de conversation.

Ils restaient emmitouflés dans la couverture de laine, écoutant le silence de l'appartement. Petit à petit, leurs corps s'enfonçant dans le canapé, ils se rapprochèrent jusqu'à se toucher. Ils sentirent leurs respirations et battements de cœurs mutuels. Il posa sa tête contre son épaule. Finalement ils n'étaient pas si mal dans cet appartement tous les deux.  

mardi 27 septembre 2016

Maely Massereau, d'après un extrait des Choses de Perec


Éclat d'insouciante allégresse. Personne n'avait su comprendre le sensibilité spontanée qu'ils avaient eu l'un envers l'autre. Une mythologie, comme un tourbillon du savoir. Aphrodite, conquête de l'espace avec Dionysos. Sans doute l'absence notoire de raison. Quelle splendeur ! L'amoncellement d'aventures inventées. Parfois, il n'y a rien à comprendre. Imagine. Ils se ravissent, se fascinent, comme une passion fulgurante, pour peu qu'elle soit belle. Au bord des marches, insalubres, et pour s'apercevoir, il faut écouter. Et croire. Du calme de la rue, des caresses, des soupirs... de l'usure, pas sollicitée. Croire que jamais ces charmes ne se lassèrent. Et pourtant, torpeur des tropiques, l'été est fini, et puis, la violence du vide. Il y avait surtout l'absence de cette sensibilité balbutiante. Dans les rues de New York, sur son navire de pensées, elle le regarde et embrasse son esprit obtus. Il divague, mais pas sur le même cours d'eau. Du temps suffire à leur faire oublier. Proximité lointaine. Vide.


samedi 24 septembre 2016

Anastasiia Kondratieva, d'après des extraits des Choses de Perec

 Ils tentaient de survivre dans ce piège répétitif. Il leur semblait parfois qu’ils ne verraient jamais sa fin. Ils voulaient se cacher quelque part tout en étant au vu et au su de tout le monde, ils voulaient s’envoler, s’enfuir de cette absurdité des choses, de ce sentiment effrayant de déjà-vu : les mêmes actions qui les rendaient fous, les mêmes rues souffrant de sombreur, les mêmes paysages agaçants qui par ironie étaient auparavant un régal pour l’œil. 

Jamais le quotidien ne leur paraissait aussi écœurant que maintenant. 

Ils étaient avides de changement. Le monde leur devint si harassant qu’ils décidèrent de créer leur propre univers, leur propre jeu. Le jeu, où ils se sentaient constamment gagnants, le jeu dont eux seuls connaissaient les règles. Ils aimaient le risque, ils aimaient cette inexactitude des choses, ce sentiment d’incompréhension, de surprise, bonne ou mauvaise. Ils aimaient l’inconscience, ils se promirent de ne plus jamais réfléchir à tout ce qui pourrait se passer après. Après n’exista plus. Vivre au jour le jour, l’instant à l’instant : ce fut la règle principale du jeu, la plus stricte loi de leur monde inventé. 

Il leur était interdit de s’interroger sur les possibilités ou plutôt les impossibilités de ce qu’ils vivaient. Ils se heurtaient de toutes leurs forces à cette affreuse vérité qui devrait selon la logique tôt ou tard se faire jour. Ils savaient qu’il suffisait juste de bien s’exercer dans ce mensonge afin de prouver à leurs systèmes cérébraux que tout fut réel même si tout fut éphémère. 

Habitués à vivre dans ce monde inventé, ils ne pouvaient plus imaginer le jour où cette merveilleuse fantaisie disparaîtrait. Ils étaient malades, malades de cette illusion qui leur fit perdre leur conscience, qui leur paralysa cerveau et âme, qui leur changea tous les principes et toutes les convictions. 

Leur monde s’écroula au moment où quelqu’un leur ouvrit les yeux et leur fit comprendre que ce fut tout simplement une illusion, une illusion bien conçue, bien construite, parfaitement intégrée dans la réalité. 

Finalement, quelle est l’illusion ? 


Anastasiia Kondratieva 

vendredi 23 septembre 2016

Lucie Cros, à partir d'un extrait des CHOSES de Perec

Deux ou trois fois, je crois.
C'était ce lieu, dans cette rue, dans cet espace, avec ces regards, ces mouvements et ces murmures.
Peut-être, quelques fois.
C'était un temps, une figure, du souffle, un demi-mot. En fait, les mots n'existaient plus.
Peut-être quelques fois. Peut-être.
Cet instant, un moment. La fabrication d'image et de langage. Composition passagère de lumière, que l'on effleure, à peine, de la pulpe de son doigt.
Une fois maintenant, une seule.
Atmosphère : passable, mais à peine chaleureuse. Et ce froid soudain. Le tiraillement dans les os,  l'éclosion et l'explosion de cellules. Les informations se perdent dans la mémoire des autres.
Une fois, C'est certain. Mais quand ?
L'expérience, C'est elle, C'est lui, Cet espace tout entier, dans lequel la consommation d'oubli vient, Pour combler le précipice du vide. 
Pas le temps.
Quand alors ? Était-ce une fois ?  Ou plutôt, une demi-fois ? 
Le temps, pas la. 
Le ventre gargouille,  Il s'étire. C'est la sensation qui s'étend, passe à un autre. Les bruits,  ce que l'on perçoit d'eux, se chevauchent et se transmettent,  d'une bouche à un œil,  d'un œil à un autre,  d'une oreille à ce doigt, d'une main à sa fesse, d'une tension à une autre, d'une mémoire au souffle court.
Combien de fois suis-je venue au monde ? 
Une demi-fois ?  

Peut-être, Il me semble, un quart de fois.

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