Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

samedi 19 janvier 2008

Agnès Calu

Le problème après avoir poncé huit plaques de bois en biseau sur l’énorme machine de Jean-Claude, c’est qu’on est tout ramolli du corps et de la tête. Bref je me suis méchamment brimée en m’imposant cette règle : rester au premier, ne surtout pas monter ou descendre les escaliers.

L’œuvre qui retient le plus mon attention, bien que pas la plus visible, est une gravure rouge, marron, et noire avec des dessins blancs. Je me souviens avoir regardé la tête blanche qui est dans le bas à droite, un visage à la fois fantomatique, innocent et un peu animal. Un autre problème se profile, Jimmy s’est posté devant cette tête et il a l’air de penser que je le fixe. Je ne souhaite pas froisser Jimmy une nouvelle fois, alors en plus d’être loin, je regarde l’œuvre de façon furtive. Si ce que je décris semble absurde une fois devant l’œuvre, il ne faudra pas m’en vouloir, je suis encore sonnée par les vibrations du cylindre ponceur et en plus Jimmy a limite intégré les motifs du tricot de son pull à l’œuvre. Il faut admettre que les couleurs collent vraiment bien. En plus, tout option design que je suis je ne voudrais pas me frotter à de mauvaises interprétations.

Enfin, mis à part quelques soucis et quelques obstacles choisis pour faire ce travail le moins bien possible et bien que je repousse d’une page mes propos sur l’œuvre, il va bien falloir que je vous parle d’autre chose que de la tête blanche en bas à droite. Bon, alors le plus évident c’est le volcan, élément central (ça me rappelle que j’ai raté de peu l’occasion d’en voir un), oui un volcan noir rocailleux avec des sillons marrons. Mais ce qui attire chaque fois mon regard c’est le rouge du ciel, je ne sais pas avec exactitude de quel rouge il s’agit, ni coquelicot, ni brique, certainement pas aussi rose que le magenta des tubes d’acrylique, plus clair. Les couleurs de ce tableau sont certes assez « japonisantes » comme le disait Alexis tout à l’heure. Oui, j’ai presque triché mais je ne suis pas descendue moi-même. Et puis par ailleurs grâce à ces discussions je sais qu’il y aurait écrit « O Guagua » en bas de l’œuvre et que l’auteur serait un certain « Marc Bruce ». Je ne sais pas si le O guagua est un cri mais ça pourrait être celui du diable qui se dessine dans les volutes de fumée noire qui s’échappent du cratère, mais pas du chien qui me semble bien trop mou pour menacer d’un tel cri. J’aimerais beaucoup vous en dire plus sur l’œuvre, mais je n’y vois pas grand-chose d’autre qu’un visage blafard et un chien, menacés par un diabolique volcan noir sous un ciel rouge ardent et des couleurs très chaudes, (dans le sens véritable où l’air semble lourd et brûlant). Là c’est sûr avec des états d’âmes pareils, Gérard Bonnaud m’aurait collé un deux sur vingt mais bon... Apparemment on a le droit d’écrire tout ce qu’on veut.

Un dernier problème qui n’en est pas un, je n’ai presque plus de place sur cette feuille, vais-je être sauvée par le gong? J’ai sûrement assez de place pour décrire le pull de Jimmy mais si ça coupe tant pis. Ce pull un peu irlandais a une base marron et des petits motifs triangulaires blancs, jaunes et rouges. Par moments même, la tête de son propriétaire est remplacée par la tête blanche et sans mauvaise blague, ça rend pas mal, pas mal du ... [hélas ce texte passionnant a été coupé suite à une panne de papier, afin de garder bonne conscience, nous en sommes restés là, aucun arbre ne mérite de finir en journal d’ado. Par ailleurs le manque de recherche et l’évidente perte de repères de l’auteur ce jour-là, ont été restaurés par une nuit de sommeil puis quelques jours plus tard, une analyse détaillée de l’exposition à laquelle appartenait l’œuvre a été offerte par le commissaire de l’exposition, graveur passionné.]

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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist