Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

samedi 26 janvier 2013

Benoît Villemont


Parfois il m'arrive, curieux de la bonne intention, de me coucher trop tôt et de m'ennuyer de m'endormir.

Je ne suis plus debout, les pieds sur la Terre, mais bien allongé, et l'horizon se trouve à la verticale. C'est un autre monde. Là, j'essaye de communiquer avec la Lune autant qu'avec marchand de sable, mais rien à faire. Je crois qu'ils ne m'entendent pas. C'est sûrement à cause de ces gens qui crient et grognent dehors, encore dans la fête à la sortie de la discothèque. J'aimerais passer ma voix par le velux et leur dire comme ils ne se rendent pas compte du fait qu'ils parlent plus fort que moi si bien qu'ils bloquent le dialogue entre moi, la Lune et le marchand.

Mais à bien y réfléchir, ces gens-là n'appartiennent pas à mon monde où toutes les routes mènent aux étoiles, alors pourquoi les entendrais-je ? Celui qui crie, qui grogne, c'est peut-être le velux lui-même, juste au-dessus de mon ventre. J'aimerais bien vérifier, seulement la nuit a ce côté sournois qui fait qu'elle se tait lorsqu'on croit toucher la vérité.

Et dans le silence, la nuit devient doute.

Quels sont donc ces bruits, aussi fins que les étoiles, qui apparaissent et disparaissent aussitôt ? Une chaise qui grince ? Une feuille qui est tombée ? J'écoute. Quel est donc ce souffle qui s’intensifie à vitesse humaine ? Le silence ne respire pas, le noir non plus, alors qui est-ce ? Mon étagère ? Il y a quelque-chose chez moi, et dans le silence, son ombre devient frayeur.

Si j'ai peur, jamais je ne m'endormirai.
Alors mieux vaut penser que

dans cet horizon vertical,

le voleur qui est chez moi n'est rien d'autre que le marchand.

Guidé par la Lune, il range chaque objet de mon appartement,

autant que chaque pensée de ma tête, pour les protéger de son sable

et les préparer au rêve.

Qui êtes-vous ?

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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist