Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

samedi 8 novembre 2008

Etienne Safa

Le dernier Songe.

Le vent apportait des landes arides une odeur de possière, tandis que le murmure d'une cascade lointaine se transformait en une ode naturelle. Il imaginait l'eau agitée de l'étang qui devait certainement se former sous la chute d'eau. Il se voyait au sommet de la falaise, au centre du courant, se dressant sur un rocher éventrant la rivière et projetant son regard perçant dans tous les recoins du paysage. Il était comme piégé entre l'arbre et la terre, aplati par tant de masse, enveloppé de toutes parts dans ce linge naturel qui commençait à se transformer en linceul. Il pensait que ce matin, comme chaque matin, il avait mis son vêtement écailleux puis était sorti de sa tanière pour sillonner son territoire. Il était parti à la recherche de proies potentielles afin de satistaire son appétit qui, comme s'il n'en avait pas assez d'avoir l'estomac dans les talons, était en plus un fin gourmet et difficile qui plus est : ses mets devaient être de bon vivants, clairs et fruités au pelage et légèrement dodus sans pour autant être trop gras ! Il attendit toute la journée avant de voir passer un petit convoi comportant une lapine et ses progénitures... un grondement se souleva de son estomac, annonçant le glas de toute la petite famille. Il s'était assis sur une grosse pierre. Elle gisait sur la berge d'une petite rivière à présent tarie, formant un petit obstacle que le courant aurait contourné gracieusement. Il aurait bien aimé qu'il fasse un peu plus frais. Qu'il pleuve aurait été une bénédiction, mais dans cette région c'était trop demander. L'acoustique des lieux répercutait le chant de la cascade malgré la distance qui les séparait et le faisait résonner dans sa tête, attisant sa soif. Ses yeux étaient à moitié clos, et il commençait déjà à rêver : le murmure de la chute d'eau se transforma en grondement d'orage, et bientôt la pluie déferla sur les landes. Son esprit voguait à présent sur une mer déchaînée, assourdi par le tonnerre et aveuglé par les éclairs, quand soudain tout s'estompa : les eaux s'étaient transformées en un vaste champ d'herbes verdoyantes qui ondulaient doucement. Devant lui se tenait une petite fille aux cheveux roux. Un vent vigoureux mais cependant d'une tendre douceur soulevait ses cheveux et caressait son visage.

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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist