Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

mercredi 12 décembre 2012

Images indécryptables


Ce matin, devant les portes vitrées qui interdisaient l'entrée de mon bureau, je fus tétanisé. Un écœurement invincible me submergea. Le bâtiment imposant et froid me fit l'effet d'un tombeau, comme si chaque jour je venais préparer mes obsèques.  
En ce début de jour, semblable à tous les autres, englué dans le même cocon d'ennui que me conférait mon quotidien, je me sentais incapable de franchir cet obstacle que composait le hall presque infini de ce bâtiment administratif. 
Maintenant, depuis que je travaille ici chaque fois que je franchis le pas d'un de ces bâtiments, tous semblables, j'ai l'impression de retourner en enfer. 
Pourtant je crois me souvenir d'un temps où l'évocation de mon travail avait réveillé en moi des enthousiasmes. Ces souvenirs émergent parfois comme des pointes coupables qui viennent me rappeler qu'un jour j'ai choisi de venir travailler ici, et qu'à cette époque je me faisais une grande joie de ce travail. 
Toujours figé sur place, je suis brusquement tiré de mon état par un choc violent. Une femme passe, elle court et ses talons résonnent dans le hall, semblable aux battements d'un temps terrible qui passe sans rythme ni cohérence, mais ponctue ma vie. 
Soudain de ses bras qui enserrent un monceau de papier, s'échappe une feuille. Eclat blanc-gris solitaire, elle vient se poser à mes pieds. 
 Un instant j'hésite avant de me pencher pour la ramasser. Une fois que je l'ai saisie, je vois qu'elle est couverte de symboles. En fait, après observation le mot qui conviendrait plus, me semble être dessins.
Oui, elle est recouverte de dessins. Cette apparition me fait oublier ma déception. Je m'accroche à ce document et franchis le hall, sans même le percevoir. Je traverse les rangées de piliers, passe devant le bar d’accueil et atteint l'ascenseur, d'une traite. J'ai un pas assuré comme je ne l'ai pas eu depuis de nombreuses années. Je vois seules ces esquisses, Un chapeau, une brioche, une clef, un ver, un ancien fer à repasser, et dans une autre, case des briques, un nœud, un étrange objet non-identifiable. 
Toute mon attention est absorbée par ces signes. Ils m'évoquent au premier abord un rébus. Chaque objet se répète deux fois, mais dans une case différente uniquement. Et ils ne sont jamais positionnés au même endroit.
Je découvre que cette disposition ne peut être un hasard. Il faut bien, que pour avoir glissé sur le sol de ce bâtiment précisément, cet assemblage ait un sens. 
Je n'ai jamais vu de code aussi beau, aussi gracieux. Fasciné je cherche un sens évident, une signification. Mais je ne vous trouve pas. Moi qui suis vu comme un expert dans mon domaine, je n'arrive pas à découvrir le sens de ce document. Je suis incapable d'en percer la signification. 
Je travaille depuis un temps immémorial, comme briseur de code, je suis d’ailleurs un des derniers qui restent encore. Et cet élégant dessin, ce malicieux montage me résiste. 
Et je sais que tant que je ne l'aurai pas percé, je ne saurais avoir de repos. 

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Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist