Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

lundi 18 février 2008

Claude Lothier

D’entrée de jeu, ce soir, on a tous pensé qu’il faudrait éviter d’y aller de main morte. Hélas beaucoup se sont fait porter pâles, nous qui pensions qu’on allait jouer à guichets fermés. Mine de rien on note pas mal de désertion. Inutile de chercher midi à quatorze heures la bonne raison des uns est la préparation de la fête, il faut bien que jeunesse se passe. D’autres ont tenu à prendre la photocopie en assurant qu’ils allaient écrire chez eux, prétextant avoir du pain sur la planche. On ne peut pas être à la fois au four et au moulin. On peut craindre qu’ils aient soudain l’impression d’avoir un métro de retard.
La nuit porte conseil pensent-ils. Ils ignorent sans doute qu’à chaque jour suffit sa peine. A leur place je n’en mènerais pas large.

J’espère qu’ils auront la frite ce soir. Il faut espérer qu’ils ont le vin gai. Plus on est de fous plus on rit. Bonne soirée pour jeter sa gourme. L’occasion fait le larron. À condition de ne pas avoir froid aux yeux. Et comme ça, du jour au lendemain, ce sera le jour et la nuit. Pourtant, il y a fort à parier que certains auront à pleurer toutes les larmes de leur corps. C’est tout vu. Il faudrait leur dire de ne pas se mettre martel en tête. Une de perdue dix de retrouvées. C’est comme si c’était fait. L’incident est clos, je suis fort comme un bœuf, je ne vais pas me jeter dans la gueule du loup.
Je me souviens d’une fête, il y a peut-être trois ans où ils étaient tous tirés à quatre épingles. Jolis comme des cœurs. Costumes, cravates, borsalinos, robes de soirée, tout le monde s’était mis sur son 31. On pouvait dire que ça valait le jus. Le dessus du panier. On pouvait croire que chacun roulait sur l’or. Un vrai panier de crabes.

- Vous habitez chez vos parents ?
- Vous essayez de me faire mordre à l’hameçon mais je ne l’entendrai pas de cette oreille, regardez-vous, vous êtes maigre comme un clou et vous me promettez la lune, vous croyez peut-être que c’est moi qui ferai bouillir la marmite, mais vous vous mettez le doigt dans l’œil, ce n’est pas parce que vous avez pu croire qu’on était suspendu à vos lèvres, je vous préviens ce sera un mauvais moment à passer, vous allez cesser de vous prendre pour le nombril du monde, et de vous comporter partout comme en terrain conquis, on n’entre pas chez moi comme dans un moulin, qui s’y frotte s’y pique, je vais appeler les choses par leur nom, vous m’en direz des nouvelles, et d’ailleurs vous êtes trop gros, gros comme une maison et vous avez l’esprit mal tourné.
- Taisez-vous donc, vous parlez pour ne rien dire.
- Excusez-moi, je ne fais pas partie des meubles. Tous les moyens ne sont pas bons. Je vais vous mettre quelque chose dans le tuyau de l’oreille vous vous le tiendrez pour dit. Vous vous croyez sorti de la cuisse de Jupiter, vous venez de baisser considérablement dans mon estime.
- L’incident est clos.
- Regardez-moi ça, sage comme une image tout d’un coup. Mais vous savez je sais lire entre les lignes. Avant l’heure c’est pas l’heure, après l’heure c’est plus l’heure.
- Inutile de vous fâcher tout rouge vous dis-je.
- Et vous, cessez de regarder par le petit bout de la lorgnette, il y a longtemps que j’ai vu clair dans votre jeu. Vous feriez mieux de vous faire porter pâle.
- Là vous vous faites des idées. Si vous croyez que je vais prendre mes jambes à mon cou, vous allez tomber sur un os.
- Paquet de nerfs.
- Personne n’est parfait.
-

Archives du blog

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Perspectiviste acharné depuis 1995 /unremitting perspectivist