Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

lundi 18 février 2008

Expressions françaises

Jeudi 14 février le mot d'ordre était généreux : truffer son discours d'expressions françaises.
Chacun ayant à sa disposition tout un lot (lisible ci-dessous) extrait du dictionnaire Robert des expressions et locutions aura gardé la liberté d'en prendre et d'en laisser ou d'en ajouter d'autres.



Couper les cheveux en quatre.
Être à couteaux tirés.
Tirer la couverture à soi.
Sans crier gare.
La critique est aisée (mais l’art est difficile).
On s’y croirait !
Ne pas y aller avec le dos de la cuiller.
Se croire sorti de la cuisse de Jupiter.
Le cul entre deux chaises.
Être comme cul et chemise.
Vous n’avez rien à déclarer ?
Mettre du beurre dans les épinards.
Tiré à quatre épingles.
Passer l’éponge.
L’erreur est humaine.
Les grands esprits se rencontrent.
Baisser dans l’estime de quelqu’un.
Avoir l’estomac bien accroché.
Brûler les étapes.
En tout état de cause.
Mettre quelqu’un hors d’état de nuire.
De toute éternité.
Faire des étincelles.
Au-delà de toute expression.
Passer d’un extrême à l’autre.
Se voiler la face.
Se fâcher tout rouge.
Avoir un faible pour …
La faim est mauvaise conseillère.
Connaître quelqu’un comme si on l’avait fait.
Ni fait ni à faire.
C’est comme si c’était fait.
Rouler dans la farine.
N’y voir que du feu.
Les ficelles du métier.
Porter quelque chose sur la figure.
Donner du fil à retordre.
Les meilleures choses ont une fin.
Faire flèche de tout bois.
Faire une fleur à quelqu’un.
Fort comme un bœuf.
Plus on est de fous plus on rit.
On ne peut pas être à la fois au four et au moulin.
Avoir d’autres chats à fouetter.
En français dans le texte.
Ronger son frein.
Avoir la frite.
Avoir (donner, faire) froid dans le dos.
Ne pas avoir froid aux yeux.
Qui s’y frotte s’y pique.
Il n’y a pas de fumée sans feu.
Avoir le vin gai.
Y aller gaiement.
Frais comme un gardon.
Avoir (mettre) de l’argent à gauche.
Rompre la glace.
A la Saint-Glinglin.
Avoir le couteau sous la gorge.
Jeter sa gourme.
Des goûts et des couleurs, on ne discute pas.
Se ressembler comme deux gouttes d’eau.
En prendre pour son grade.
Veiller au grain.
En prendre de la graine.
Se fendre la gueule.
Vous habitez chez vos parents ?
Tenir en haleine.
Mordre à l’hameçon.
Des hauts et des bas.
Couper l’herbe sous le pied.
Avant l’heure c’est pas l’heure après l’heure c’est plus l’heure.
Il n’y a pas d’heure pour les braves.
Encore heureux !
Histoire à dormir debout.
C’est toujours la même histoire.
Homme à femmes.
Un homme averti en vaut deux.
La partie cachée de l’iceberg.
Je vois cela d’ici.
Se faire des idées.
Mourir idiot.
Sage comme une image.
L’incident est clos.
Innocent comme l’enfant qui vient de naître.
S’inscrire en faux.
Mieux vaut tard que jamais.
Prendre ses jambes à son cou.
Rire jaune.
D’un seul jet, du premier jet.
D’entrée de jeu.
Cacher son jeu.
La semaine des quatre jeudis.
Il faut que jeunesse se passe.
Joli comme un cœur.
C’est le jour et la nuit.
Du jour au lendemain.
À chaque jour suffit sa peine.
Ça vaut le jus.
Être soupe au lait.
Boire du petit-lait.
Avoir un mot sur le bout de la langue.
Tenir sa langue.
Se demander si c’est du lard ou du cochon.
Ne pas en mener large.
Pleurer toutes les larmes de son corps.
Passer comme une lettre à la poste.
Être suspendu aux lèvres de quelqu’un.
Courir deux lièvres à la fois.
Lire entre les lignes.
Tourner comme un lion en cage.
Comme on fait son lit, on se couche.
Être aux premières loges.
Loin de moi l’idée…
Qui veut voyager loin ménage sa monture.
En long, en large et en travers.
Voir quelque chose par le petit bout de la lorgnette.
Se jeter dans la gueule du loup.
Mettre en lumière.
Promettre la lune.
Maigre comme un clou.
Avoir maille à partir avec quelqu’un.
Ne pas y aller de main morte.
Prendre (être pris) la main dans le sac.
Gros comme une maison.
Avoir l’esprit mal tourné.
Une autre paire de manches.
Sous le manteau.
Se plaindre que la mariée est trop belle.
Faire bouillir la marmite.
Tirer les marrons du feu.
Se mettre martel en tête.
C’est toujours les meilleurs qui s’en vont.
Ne pas engendrer la mélancolie.
Avoir un métro de retard.
Faire partie des meubles.
Chercher midi à quatorze heures.
Je vous le donne en mille.
Mine de rien.
C’est un mauvais moment à passer.
Se prendre pour le nombril du monde.
Faire une montagne (de quelque chose).
À la mords-moi le nœud.
À réveiller un mort.
Au bas mot.
Un mot plus haut que l’autre.
Ne pas mâcher ses mots.
Prendre la mouche.
Entrer quelque part comme dans un moulin.
Tous les moyens sont bons.
Les murs ont des oreilles.
Mystère et boule de gomme.
Passer sous le nez.
Regarder d’un œil noir.
Appeler les choses par leur nom.
Vous m’en direz des nouvelles.
La nuit porte conseil.
L’occasion fait le larron.
À l’œil.
Pour les beaux yeux de quelqu’un.
Avoir des yeux pour ne pas voir.
L’oisiveté est la mère de tous les vices.
Rouler sur l’or.
Il y a de l’orage dans l’air.
Dans le tuyau de l’oreille.
Tomber sur un os.
Pour un oui pour un non.
Avoir du pain sur la planche.
Se faire porter pâle.
Panier de crabes.
Le dessus du panier.
Etre dans les petits papiers de quelqu’un.
Paquet de nerfs.
N’avoir pas son pareil.
Personne n’est parfait.
Paris ne s’est pas fait en un jour.
Parler pour ne rien dire.
Les paroles s’envolent les écrits restent.

Claude Lothier

D’entrée de jeu, ce soir, on a tous pensé qu’il faudrait éviter d’y aller de main morte. Hélas beaucoup se sont fait porter pâles, nous qui pensions qu’on allait jouer à guichets fermés. Mine de rien on note pas mal de désertion. Inutile de chercher midi à quatorze heures la bonne raison des uns est la préparation de la fête, il faut bien que jeunesse se passe. D’autres ont tenu à prendre la photocopie en assurant qu’ils allaient écrire chez eux, prétextant avoir du pain sur la planche. On ne peut pas être à la fois au four et au moulin. On peut craindre qu’ils aient soudain l’impression d’avoir un métro de retard.
La nuit porte conseil pensent-ils. Ils ignorent sans doute qu’à chaque jour suffit sa peine. A leur place je n’en mènerais pas large.

J’espère qu’ils auront la frite ce soir. Il faut espérer qu’ils ont le vin gai. Plus on est de fous plus on rit. Bonne soirée pour jeter sa gourme. L’occasion fait le larron. À condition de ne pas avoir froid aux yeux. Et comme ça, du jour au lendemain, ce sera le jour et la nuit. Pourtant, il y a fort à parier que certains auront à pleurer toutes les larmes de leur corps. C’est tout vu. Il faudrait leur dire de ne pas se mettre martel en tête. Une de perdue dix de retrouvées. C’est comme si c’était fait. L’incident est clos, je suis fort comme un bœuf, je ne vais pas me jeter dans la gueule du loup.
Je me souviens d’une fête, il y a peut-être trois ans où ils étaient tous tirés à quatre épingles. Jolis comme des cœurs. Costumes, cravates, borsalinos, robes de soirée, tout le monde s’était mis sur son 31. On pouvait dire que ça valait le jus. Le dessus du panier. On pouvait croire que chacun roulait sur l’or. Un vrai panier de crabes.

- Vous habitez chez vos parents ?
- Vous essayez de me faire mordre à l’hameçon mais je ne l’entendrai pas de cette oreille, regardez-vous, vous êtes maigre comme un clou et vous me promettez la lune, vous croyez peut-être que c’est moi qui ferai bouillir la marmite, mais vous vous mettez le doigt dans l’œil, ce n’est pas parce que vous avez pu croire qu’on était suspendu à vos lèvres, je vous préviens ce sera un mauvais moment à passer, vous allez cesser de vous prendre pour le nombril du monde, et de vous comporter partout comme en terrain conquis, on n’entre pas chez moi comme dans un moulin, qui s’y frotte s’y pique, je vais appeler les choses par leur nom, vous m’en direz des nouvelles, et d’ailleurs vous êtes trop gros, gros comme une maison et vous avez l’esprit mal tourné.
- Taisez-vous donc, vous parlez pour ne rien dire.
- Excusez-moi, je ne fais pas partie des meubles. Tous les moyens ne sont pas bons. Je vais vous mettre quelque chose dans le tuyau de l’oreille vous vous le tiendrez pour dit. Vous vous croyez sorti de la cuisse de Jupiter, vous venez de baisser considérablement dans mon estime.
- L’incident est clos.
- Regardez-moi ça, sage comme une image tout d’un coup. Mais vous savez je sais lire entre les lignes. Avant l’heure c’est pas l’heure, après l’heure c’est plus l’heure.
- Inutile de vous fâcher tout rouge vous dis-je.
- Et vous, cessez de regarder par le petit bout de la lorgnette, il y a longtemps que j’ai vu clair dans votre jeu. Vous feriez mieux de vous faire porter pâle.
- Là vous vous faites des idées. Si vous croyez que je vais prendre mes jambes à mon cou, vous allez tomber sur un os.
- Paquet de nerfs.
- Personne n’est parfait.
-

Rose Mansion

Certains, personne n’est parfait, feraient tout pour faire passer à la casserole la personne pour qui ils ont un faible. Pour ses beaux yeux, pour être dans ses petits papiers, tous les moyens sont bons. Ils seraient prêts à se jeter dans la gueule du loup, quitte à sortir des expressions à la mord moi le nœud du genre : « Vous marinez chez vos harengs? ». Loin de moi l’idée de leur jeter la pierre, la critique est aisée mais l’art est difficile, cependant, qui veut voyager loin ménage sa monture et si vous l’acceptez je vais vous enseigner les ficelles du métier. Vous pourrez en prendre de la graine et m’en dire des nouvelles. Je ne vous promets pas la lune, mais la seule chose dont vous pourrez normalement vous plaindre après ces leçons sera que la mariée était trop belle.

Leçon n°1 : Faire germer le désir
Pour rompre la glace, il ne suffit pas de jouer du pic réservé à cet usage sur la partie cachée de l’iceberg. De même, courir deux lièvres à la fois c’est prendre le risque d’avoir un peu trop de pain sur la planche. Les autres pourront se fendre la gueule mais il faudra que vous ayez l’estomac bien accroché pour tirer les marrons du feu au cas ou vous tomberiez sur un os. Ce qui arrive de plus en plus souvent puisque la mode nous pousse à être minces comme des clous. Même si Brassens finit par compter les côtes de son sac d’os de femme après s’être fait rouler dans la farine, je ne crois pas que l’on boirait tous du petit lait si on devait veiller au grain pour éviter que notre partenaire ne prenne la poudre d’escampette lors du moindre vent même pas à décorner les bœufs. La première leçon à retenir est donc : on ne peut pas être à la fois au four et au moulin.

Leçon n°2 : Soigner les apparences
Pour se faire remarquer dans le panier de crabe, il vaut mieux être sur le dessus. Pour faire bouillir la marmite mieux vaut avoir la frite et mettre du beurre dans les épinards, d’où l’expression « on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre ». Il n’est pas obligatoire d’être fort comme un bœuf, le tout est de savoir tirer les ficelle du métier et de tisser sa toile pour prendre l’autre dans vos filets. Il y a de quoi être fier comme un coq. Il faut mettre les formes, ne pas être soupe au lait, essayez, ça vaut le jus. Ne pas mâcher ses mots c’est prendre le risque de voir votre proie vous mettre le couteau sous la gorge, car elle serait alors à couteaux tirés. Pour tenir en haleine votre future chère et tendre le mieux est de picorer comme un oisillon des aliments qui sentent la rose plus que le fennec. Il faut enfin savoir tenir sa langue, ne pas mettre la rate au court-bouillon. Certains sont timides, certes, mais ne croyez pas que vous rincer la dalle soit la meilleure façon de faire mordre à l’hameçon l’être désiré. Même si vous avez le vin gai, il vaut mieux rester frais comme un gardon que de risquer d’écorcher le renard.

Leçon n°3 : Gérer son temps
Tout cela ne se fera pas du jour au lendemain, aussi ne sert-il à rien de brûler les étapes. Tout d’abord si vous faites la semaine des 4 jeudis assurez-vous que l’objet de votre désir ait un jour de congé différent. Ensuite, arrivez à l’heure aux rendez-vous. Avant l’heure c’est pas l’heure, après l’heure c’est plus l’heure. Ne faites pas poireauter votre proie, il n’y a rien de plus agaçant que de faire le pied de grue. Et évitez l’excuse qui consiste à avoir un retard de métro, à défaut de l’inverse, les métros sont sales comme des cochons mais toujours exacts au rendez-vous, eux. Une fois que vous serez comme cul et chemise vous pourrez commencer à faire des étincelles sous le manteau, allez-y gaiement. Attention cependant, pendant la nuit ne tirez pas la couverture à vous, vous risqueriez de voir l’aimée prendre ses jambes à son cou.


Si vous suivez ces conseils, je vous le donne en mille, vous aurez la possibilité de devenir un vrai homme à femmes, vous vous prendrez pour le nombril du monde et vous vous rendrez compte que c’est toujours la même chose, qu’il ne vous a servi à rien de retourner votre veste pour faire voler les jupes et que ce que vous vouliez, finalement, c’était un peu de compagnie, et que vous auriez mieux fait d’acheter un hamster ou de prendre la mouche quand je vous ai proposé mes conseils. Mais vous avez loupé le coche, vous êtes tombé dans le panneau et j’ai fait mon beurre, vous n’y avez vu que du feu ! Alors, heureux?

Cécile Laporte

Au-delà de toute expression



Il rongeait son frein depuis la saint Glinglin et d'avoir eu un faible pour elle, gros comme une maison, il y alla gaiement et rompit la glace sans crier gare. Il n'y alla pas de main morte et, ayant le vin gai, je vous le donne en mille, parla pour ne rien dire sinon: "vous habitez chez vos parents ?"

En tout état de cause elle ne prenait pas la mouche pour un oui pour un non et faisait flèche de tout bois. Elle était jolie comme un cœur et lui roulait sur l'or. Les grands esprits qui se rencontrèrent là firent des étincelles et, lui promettant la lune, il mordit à l'hameçon et fut aux premières loges quand on se plaignit que la mariée était trop belle.

Des gôuts et des couleurs on ne discute pas, mais pourquoi se voiler la face ? Elle avait l'estomac bien accroché et cachait son jeu car : "qui veut voyager loin ménage sa monture". Il buvait du petit lait suspendu à ses lèvres, lui faisait des fleurs, mettait du beurre dans les épinards et, elle, le roulait dans la farine. Sage comme une image elle n'avait pas non plus froid aux yeux et on entrait chez eux comme dans un moulin. Mine de rien cela ne lui engendrait pas la mélancolie, ayant d'autres chats à fouetter il n'y voyait que du feu et du bout de sa lorgnette la voyait innocente comme l'enfant qui vient de naître.

Mais l'erreur est humaine et d'avoir trop tiré la couverture à elle, elle fut prise la main dans le sac. Du jour au lendemain il passa d'un extrême à l'autre, se fâcha tout rouge et sans mâcher ses mots lui fit passer un mauvais moment. Elle n'en menait pas large et pleurant à réveiller les morts toutes les larmes de son corps, elle se fit porter pâle et su lui faire passer l'éponge. Il se demandait tout de même si c'était du lard ou du cochon, mais l'histoire à dormir debout qu'elle lui lut entre les lignes du métro qu'il avait de retard passa comme une lettre à la poste. elle en prit de la graine et veilla au grain pour rester dans ses tout petits papiers. Lui, avait des yeux pour ne pas voir et il n'y eut pas un mot plus haut que l'autre, bien que sous le manteau elle n'ait pas son pareil pour lui mettre le couteau sous la gorge.

Sans couper les cheveux en quatre, je vous dirai que l'occasion fait le larron et que la faim est mauvaise conseillère.

Simon Breton

Y'a des hauts et des bas. Et aujourd'hui je n'ai pas d'autre chat à fouetter que tes bas vus d'en haut. Je te regarde ronger mon frein, passant ma main sur ton cul coincé entre deux chaises. Cette nuit encore on a dormi debout à l'horizontale et suspendu à tes lèvres je n'ai eu que la force de me jeter dans la gueule du loup.
Merci pour le loup des steppes et merci d'avoir su tenir ma langue. Il aura fallu que je sois loin de tes yeux pour que nos cœurs restent scotchés.
Fais-moi une fleur, ne lis pas entre les lignes. Depuis que nos échanges n'existent plus que comme des lettres à la poste, j'ai une peur bleue que tu me comprennes mal. Tu m'a promis de mettre de l'argent à gauche, c'est cent fois mieux que la lune pour moi qui sais à quelles fins utiles.
J'attends.
Puisque à chaque jour suffit sa peine, aujourd'hui est ton jour. J'ai toujours eu un faible pour l'inaccessible, que les meilleurs s'en aillent s'ils veulent, moi, j'attends que tu arrives. Je vis d'espoir pour ne pas mourir d'impatience. Tu m'as donné de l'espoir à nouveau, autant dire que tu as réveillé un mort.
Désormais, si on veut voyager loin, il faudra ménager nos bitures, aménager nos toitures et toujours marcher avec le feu. J'ai qu'un paquet de nerfs à t'offrir et quelques mouches que tu ne devras jamais prendre. Je vois ça d'ici. Dix mille kilomètres entre nous et les gens sont les mêmes partout.
Marcher avec le feu, lentement, comme une étape qu'on brûle. Tant-pis si les mois deviennent des secondes, tu sais... j'm'accroche, c'est juste un bon moment à passer.
J'voudrais être sincère... mais te dire c'que j'pense vraiment ce serait pas vraiment te faire une fleur. Disons que l'occasion a fait le larron et dans de telles circonstances, refuser de se voiler la face c'est faire le choix de mourir idiot. En plus, je sais que la faim est mauvaise conseillère et j'ai tellement la dalle que je pourrais dévorer un livre d'Hermann Hesse. Loin de moi l'idée d'être un sale type mais pleurer toutes les larmes de son corps c'est dans la limite des stocks disponibles, t'es juste arrivée un peu trop tard. Mais je te le dis, en français dans le texte, « mieux vaut tard que jamais ». C'était dans les conseils que la nuit m'a porté.
À quoi bon avoir des yeux pour ne pas te voir. J'ai eu beau parcourir ton visage en long en large et en travers ce qui reste derrière ton regard est au-delà de toute expression.

lundi 4 février 2008

L'AUGMENTATION

Il s'agissait jeudi 31 janvier 2008 d'ajouter des phrases à un texte donné, entre les phrases et même pourquoi pas à l'intérieur des phrases. Comme d'habitude chacun aura été à même d'en décider comme il pouvait à partir de la page qui lui était attribuée.

Camille Maitrasse augmente Robert Walser

Comme j'ai fait l'important dans le paragraphe que je viens de terminer, et que cela pourrait peut-être dissuader les quelques lecteurs encore actifs de poursuivre leur vaine lecture, à présent, je me calme, je m'adoucis, je me détends, je me relâche et je me fait tout petit, poil au zizi.... Hum, rime très pauvre, facile.
Les magiciens vraiment forts ne sont pas ceux qui jouent à la corde, c'est bien connu, mais c'est bien la corde qui joue avec les forts. Prestidigitateurs? Gentiment dit n'est-ce pas? Et maintenant, il se trouve que dans une salle suspecte où les gens se rencontrent, un brave époux, un poil sénile, était assis en compagnie d'une autre, un poil jeunette, et voulait que le brigand le vît, poil au zizi... Pompompom...

Emma Bourgin

Passage extrait de "Les Sources du Nil, Chroniques Rochelaises"
de Jean Jacques Salgon
(d'abord le texte original puis ma version)

"Plus loin le sentier vient buter sur une sorte de forêt vierge qui borde la N 137. Le lieu est impressionnant de sauvagerie et les arbres immenses ont quelque chose de puissant et de maléfique. Les mauvais génies de la brousse ne sont pas loin. On ressort de ce tunnel végétal un peu étourdi pour déboucher sur un édifice moderne, une sorte de basilique en béton flanquée de son campanile, et qui n'est autre, un panneau nous l'indique, qu'une chaufferie d'une puissance de 4 mégawatts cofinancée par la région Poitou-Charentes, l'ADEME et l'Union Européenne (il ne manque que la banque mondiale)."

Plus loin, le sentier vient buter sur une sorte de forêt vierge qui borde la N 137. C'est sur cette fameuse route que l'on a retrouvé les viscères de Jack le lapin albinos. Le lieu est impressionnant de sauvagerie. En effet, tous les habitants du village se souviennent encore des atroces souffrances qu'a dû subir le pauvre Jack terrassé par un tricycle. Et les arbres immenses ont quelque chose de puissant, malsain, pervers et maléfique. Les mauvais génies de la brousse ne sont pas loin. Ils ont pris plaisir à voir le pauvre animal supplier l'enfant de bien vouloir retirer sa roue de son abdomen. Et, sa roue ayant déjà empiété sur tous types d'élément naturels (fleurs, herbes, champignons ...), ce dernier s'est très vite transformé en une sorte de jardin d'Eden organique. On ressort de ce tunnel végétal un peu étourdi par la quantité de cacahuètes en décomposition consommées lors de son dernier apéro chez Cassegrain son copain (et oui, Jack avait pris la route sans même avoir pu digérer) pour déboucher sur un édifice moderne, une sorte de basilique en béton flanquée de son campanile, et qui n'est autre, un panneau nous l'indique, qu'une butte d'os, d'herbe et de crottes. Ce n'est qu'après ce parcours du combattant que nous avons pris la décision d'emmener cette triste loque animale dans une chaufferie d'une puissance de 4 mégawatts cofinancée par la région Poitou-Charentes, l'ADEME et l'Union Européenne (il ne manque que la banque mondiale).

Estelle Kongo-Bacary augmente W. G. Sebald

A partir du texte de W. G. Sebald, Austerlitz.
(en italique le texte original)

[…]

Les silhouettes et les paysages dont tous les détails m’étaient familiers avaient fait place à un magma indifférencié de hachures noires et menaçantes. Mes yeux venaient à peine de s’ouvrir, ils étaient cernés de croûtes dues à ma conjonctivite. Or, après m’être frotté les paupières, j’avais néanmoins l’impression que je continuais à voir ce qui se trouvait au bord de mon champ de vision avec la même acuité qu’auparavant. Comme s’il me suffisait de détourner l’attention sur les marges pour faire disparaître une faiblesse visuelle que je crus d’abord de nature hystérique. Elles devenaient rouges. Il faut dire que je n’y suis pas allé de main morte, mais j’y suis arrivé.
En dépit de multiples tentatives, mes cils restaient collés. Je me lève, sors de mon lit et me dirige vers la salle de bain afin de me rafraîchir. La lumière ! Enfin !
Les taches grises parurent bien plutôt s’élargir et parfois, quand je fermais et ouvrais alternativement un œil puis l’autre pour comparer, il me semblait que du côté gauche aussi ma vue était devenue moins bonne. Je me résous donc à aller chez l’ophtalmo pour qu’il me donne son diagnostique. Les mots tombèrent : « vous souffrez d’hypermétropie ». Autrement dit, je suis presbyte.
Déjà passablement déboussolé par cette perte d’acuité visuelle dont je redoutais qu’elle ne fut évolutive, je me souvins d’avoir lu un jour que jusque tard dans le XIX ème siècle les chanteuses d’opéra, avant de se produire sur scène, ainsi que les jeunes femmes avant d’être mises en présence d’un prétendant, se voyaient déposer sur la rétine quelques goûtes d’un liquide distillé à partir d’une solanacée appelée Belladone. Cette plante qui faisait briller leur regard d’un éclat langoureux et quasi surnaturel mais qui les empêchait elles-mêmes de presque rien voir.
Ma grand-mère, quant à elle, m’avait dit que quelques goûtes de citron sur l’iris l’éclaircissait et donnait un regard de biche… Souffrance ! Le simple souvenir de cette anecdote me remis les idées en place et me détourna de cette folie.

[…]

Mon état ne s’améliorant aucunement dans les jours qui suivirent, je partis peu avant la Noël pour Londres, afin de consulter un ophtalmologiste tchèque que l’on m’avait recommandé. Le mien ne me convenait plus. Et comme chaque fois que je me rends seul à Londres, un désespoir confus commença ce jour-là à me tarauder. Je ne verrai peut-être plus jamais.
Je regardai alors par la vitre le paysage plat, presque sans arbres, les immenses champs bruns. Les gares où jamais je ne descendrais, la grappe de mouettes qui comme toujours s’étaient rassemblées sur le terrain de football en bordure de la ville d’Ipswich et les match de la Ligue 1 sans le FC Nantes. Mais aussi les colonies de jardins ouvriers, les Oumpa-Loumpas, les arbustes rachitiques et les mannequins dénudées virevoltant sur les podiums pour Fashion TV. Les blocs qui poussent sur les talus, où s’enroulent les vrilles desséchées de la violence. Incarnée.

[…]

Cécile Laporte augmente Dominique Noguez

D'après Amour Noir

C'était une place absolue. Littéralement une plaque tournante (là j'imagine un carrousel au coeur de la place en question... C'est bien dans le ton du texte je trouve.). Je n'arrivais et n'arriverai sans doute jamais à la situer par rapport au reste de la ville, ou simplement aux points cardinaux (un cardinal des cardinaux). Lui il ne devait pas avoir un très bon sens de l'orientation...
Elle mène partout mais les voies qui en partent sont si bien cachées, discrètes, indirectes, insecte, intellect, que l'on ne sait jamais à l'avance, de loin, où elles conduisent. Peut-être serait-ce moins drôle aussi... Si je sais où je vais plus rien ne peut me surprendre. Image en abîme, par là, de Gênes comme base de conquête des mers et des mondes.
Gênes comme base de conquêtes des mers et des mondes... Voilà c'est ce que je voulais dire. Après tout c'est là qu'est né Colomb (1492 découverte de l'Amérique par C.C) Le saint patron de ceux qui se trompent d'itinéraire. Là dessus aucun doute c'était le meilleur... C'est la seule place au monde où l'on soit vraiment déboussolé.

Il n'y avait donc pas de lieu plus adapté à mes malheurs. Une boussole géante, si bien faite que celui qui se trouve dessus perde les points cardinaux? C'est clair il n'y a pas mieux... Je m'assis sur le rebord de la fontaine et restai de longues minutes à penser à Lae. Lè, Lé??? A coup sûr c'est étudié pour que le lecteur ait un doute. Quel drôle de prénom quand même. Quoique cela me fît un pincement assez désagréable au cœur, je n'étais pas mécontent de l'inquiétude où ma disparition avait dû la plonger. Elle en avait fait si souvent autant. Eternel problème des romans à l'eau de rose... Peut-être un peu facile comme appellation non? Cependant elle risquait de prendre mon mot au pied de la lettre, ce serait dommage, et de lire rupture là où il n'y avait que bouderie. Blablabla. Or, si elle m'avait inspiré ces derniers temps de la peur et même de la satiété, Mouais... Du ras le bol quoi, je sentais à cette bouderie que je tenais encore infiniment à elle. Jolie façon de lui montrer... On ne boude bien que ce qu'on aime et par désir d'être encore plus aimé. Musique aigrelette et "THE END".

Delphine Romain augmente Robert Walser

Comme j'ai fait l'important dans le paragraphe que je viens de terminer et que cela pourrait peut-être dissuader quelques lecteurs de poursuivre leur lecture, à présent je me calme, je m'adoucis, je me fais tout petit. Ça m'embêterait qu'ils stoppent leur lecture car ce que j'aurais écrit ne servirait à rien. Les vraiment forts ne sont pas ceux qui jouent les forts, gentiment dit, n'est ce pas? Et d'ailleurs dans ce cas, les vraiment faibles ne sont pas ceux qui jouent les faibles. Et maintenant, il se trouve que dans une salle où les gens se rencontrent, un brave époux était assis en compagnie d'une autre et voulait que le brigant le vît. Il voulait qu'il le vît lui. Lui en compagnie d'une autre que sa femme. Oui car on est dans un lieu de rencontres alors il voulait qu'on le voit en train de rencontrer. Le brigand le voyait mais le brave époux ne voyait pas qu'il le voyait. Et le brigand voyait bien que le brave époux ne voyait pas que lui le voyait rencontrer. Lui qui aurait tant voulu être remarqué avait le regret de se dire qu'on ne le remarquait pas; et pourtant il s'était fait une joie à l'idée d'être remarqué. Mais bon, il était trop occupé à rencontrer pour remarquer que le brigand l'avait remarqué. Quelquechose devait l'empêcher de voir qu'il était vu alors que le brigand, lui voyait bien et rien ne l'empêchait de voir sans être vu. C'est que le brave époux s'était mis pour une fois dans la peau d'un viveur. Enfin, je dis "brave" mais il n'est pas si brave que ça l'époux ! Je ne vais pas changer de nom maintenant, c'est trop tard ! Mais du coup, c'est nul de dire "brave époux" alors que tout le monde a bien remarqué que c'était un...Enfin bref, je disais donc qu'il s'était mis dans la peau d'un viveur. Consciencieusement. Ce brave époux. Et il se serait bien vu l'objet de l'admiration de son ami le brigand. Il l'était mais ne le savait pas. S'il n'était pas occupé à flirter avec l'autre, il l'aurait remarqué. Le brigand donc, admirait le brave époux qui ne voyait pas qu'il était l'objet de l'admiration de celui qu'il voulait qu'il l'admire. Or, le brigand de son côté ne songeait qu'au moyen de devenir un "brave époux". Ça partait d'une bonne intention à part si "brave époux" signifiait pour lui "tromper sa femme". Il demanda à la serveuse: "vous croyez que je pourrais être encore digne d'avoir une femme ?" Question qui reçut de la fille cette réponse : "Eh mon Dieu, pourquoi non ? Vous êtes si gentil. " Cette réponse réconfortante mit le brigand dans une joie extrême et tandis qu'il goûtait à cet extrême plaisir de penser qu'il trouverait encore l'occasion de devenir un brave époux; le brave époux lui qui avait rendez-vous avec une autre, se voyait extrêmement privé de l'attention du brigand, qu'on appellera désormais le "brave brigand". Et le brave époux ne sera plus que "l'époux tout court". Ce dernier ne remarquait toujours pas qu'il avait été vu et qu'il pouvait arrêter son cinéma avec l'autre femme. Or il n'aurait souhaité devant personne plus que devant son ami le brigand, briller un peu avec son autre. S'il redescendait un peu sur Terre il verrait que ça y est! Il avait brillé devant le "brave brigand" avec son autre qui n'est à ce propos pas terrible, terrible. Mais non, il n'était pas décidé à voir qu'il était vu. Et continuait d'espérer que le "brave brigand" le remarque. le brigand se serait dit : "Sa pauvre brave épouse se morfond toute seule à la maison et lui s'amuse ici." Il était maintenant temps que le "brave brigand" devienne un "époux tout court" et aille un peu la rencontrer aussi cette "pauvre brave épouse qui se morfondait toute seule à la maison" vu que son époux tout court s'amusait ici.

Louise Devin augmente Umberto Eco

Ionesco, La princesse Loana


-Qu'est ce que c'est que cet homme là?
-Je l'avais à moitié-presque-quasiment oublié puis-et Gratarolo me l'a fait venir-revenir-survenir à l'esprit-en tête-en souvenir. Avec le métier-le travail-le job que je fais-je pratique-j'exerce, je ne pouvais pas-j'étais dans l'incapacité-j'étais empêché-j'étais interdit de ne pas avoir lu-legere oculis-assemblé les lettres par les yeux « Un monde perdu et retrouvé », un cas classique-normal-traditionnel. Seulement-simplement ça avait été des années-des ans-des paquets de 365 jours auparavant-antérieurement, et par intérêt-importance-sympathie universitaire-scolaire du 3ème cycle. Aujourd'hui-de nos jours-depuis peu, j'ai relu-j'ai réassemblé les lettres de connivence-avec complicité, c'est un délicieux-agréable-adorable petit livre-livrette-livre de poche qu'on parcours-lit-avale en 2 heures-120 minutes. Lurija, donc-celui-ci, le grand neuropsychologue-docteur en sciences de la psychologie dans le cerveau-docteur en neuropsychologie russe-moscovite-slave, a suivi le cas-a étudié le cas-a analysé le cas de ce Zasetskij qui-lui même, pendant la dernière guerre mondiale-en 39 45, est touché-percuté-atteint par un éclat-un reste-une éclaboussure avec dommages-abîmages-casse-dégâts-dégradations à la région-dans la zone occipito pariétale gauche du cerveau-dans son cerveau à gauche. Il se réveille-il sort de son sommeil-il reprend conscience-il ouvre les yeux, lui aussi-pareillement, mais dans un chaos terrible-un sacré bordel-un cataclysme total-un marasme du tonnerre, il ne parvient même pas à percevoir-à se rendre compte-à entrevoir la position-l'emplacement-l'orientation de son corps-de son enveloppe charnelle-de sa tête aux pieds dans l'espace-l'étendue-la surface autour. Parfois-par moments, il pense-réfléchit-songe que des parties de son corps-ses membres ont changé-se sont modifiées, que sa tête-sa boîte sur les épaules est devenue démesurément grande-absurdement gigantesque-a grossi telle une courgette de concours, que son tronc-le carrefour entre tous ses membres est extrêmement petit-très très très réduit, que ses jambes-membres inférieurs-bâtons-échasses-cannes-gigots-quilles se sont déplacées-déboîtées-chamboulées sur sa tête-là haut-au dessus de son corps.

- (il me manque la réplique de son interlocuteur, NDR)

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