Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

vendredi 28 décembre 2007

Rose Mansion

Alexandrins

Et voilà plus d’une heure que mon regard est fixe.
Fixé sur cette feuille qui reste blanche et lisse.
Ici et là des taches mais pas l’ombre d’un mot.
Mordillant mon crayon, je cherche le début.
Butant sur chaque son, car aucun ne convient.
Vient ensuite l’impatience et soudain la colère.
Errant loin du papier mon regard lui, s’échappe.
Happé par la lumière qui transperce le verre.
Ergot bien insolent, fuyant toute contrainte
Intimidant le vide, l‘impatience l’anime.
Immolant mon ennui, elle appelle la rime.
Immédiate et bien brusque, elle réveille ma main.
Maintenant qui s’agite et noirCit le papier.
Piétinant de leur verve le plan immaculé.
Les crachats de carbone conquièrent le monde plat
Placé sur mon bureau, maintenant lieu fécond,
Conspirant avec moi pour atteindre Aragon.
Gonflés de notre orgueil nous tomberons de haut.
Obligés de nous rendre, à l’évidence certaine.
Enumérant les fautes qui nous séparent du maître.
Etripant mon papier couvert de hiéroplyphes
(If c’est le nom de l’arbre qui lança ce manège)
Je maudis Aragon d’être né le premier.
Miettes de son talent, ce serait déjà ça.
Saloperie de temps, elles se sont effacées.
C’était inévitable, d’autres après sont passés,
Servant plus ou moins bien, ces restes réchauffés.
Fétichisme à l’envers je jette mon brouillon.
Ions négatifs bien sÜr, il paraît que ça aide,
A calmer les cheveux qu’on ne peut pas lisser.
Cette brève parenthèse est maintenant fermée.
Médisant sur mon compte, j’espère que tout de même
Mémoire vous garderez, du reste mais pas de ça.
Sacrée inspiration, qui nous fausse compagnie.
Nidifiant loin de nous, soudain bien ridicules,
Hululant écarlates, des âneries sans âmes.
Amis, compatriotes, compagnons d’écriture,
Turin c’est une ville que nous visiterons,
Ronronnants de plaisir, écarquillant les yeux.
Zyeuter n’est pas français, veuillez me pardonner.
Mais nul mot n’a l’audace de commencer par lui,
Yeux, ce mot embarrassant, dont j’ai pu me défaire,
Aiguisant bien ma plume en quatre petits vers.
Versifier est un art qui demande du temps.
Tant et tant, presque autant que de l’inspiration.
Scions les viles chaînes qui la tiennent loin de nous.
Nourrissons d’encre noire, l’ivoire mat vide et sec.
Sectionnons le banal, à coup d’alexandrins.

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