Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

lundi 26 novembre 2007

Stéphanie Moreau se perd dans Paris, de Paris à Charenton-le-Pont

C’est drôle de regarder un plan de Paris parce qu’on s’y perd autant que quand on y est.
Impossible de trouver, quand on suit une rue inconnue, un nom de place, de station de métro qui nous dise quelque chose. Aucun endroit où on pourrait connaître quelqu’un, un musée, un bon restaurant, ne serait-ce que le nom de la rue même.
Admettons qu’après une soirée l’ami qui vous avait emmenés en voiture soit trop éméché pour vous ramener.
Vous vous retrouvez, les stations de métro fermées, à pied dans un endroit que vous ne connaissez pas.
Comment rejoindre Charenton-le-Pont, 11 rue de la République, quand vous êtes quelque part entre le XVIIe et le XVIIIe, rue Guy Môquet ?
Vous vous dites : heureusement que le métro existe, car même si celui-ci ne fonctionne pas, vous pouvez toujours avoir un plan qui, même s’il ne vous indique pas les rues, vous indique les stations de métro et donc, la direction à suivre.
Ainsi, si vous étiez dans ce cas, un parisien vous dirait « prenez les grands axes ! » : à droite, rue Marcadet, continuez rue de Custine jusqu’au boulevard Barbès (suivre M. Lamarck- Caulaincourt et Château rouge). Là, vous descendez le boulevard direction l’arrêt Boulevard Rochechouart, puis à droite, le boulevard de la Chapelle jusqu’à M. Stalingrad. A la place Stalingrad (mais, non, c’est station Jaurès), descendez boulevard de la Villette TOUJOURS TOUT DROIT, passez M. Colonel Fabien et Belleville, continuez boulevard de Belleville puis Ménilmontant (vous passez près du Père Lachaise) jusqu’aux environ de Philippe Auguste. Suivez le Boulevard Charonne jusqu’à Nation, c’est tout droit.
Là, c’est plus compliqué.
Suivez métros Picpus, Bel air, Michel Bizot, Porte Dorée en suivant la rue de Picpus.
Vous arrivez boulevard Poniatowski, descendez-le à droite jusqu’à l’avenue de la porte de Charenton, puis tout droit, la rue de Paris et au bout à gauche, la rue de la République, à Charenton, où vous êtes arrivés. Grelottant et dessaoûlé. Il est cinq heures du matin. Le métro vient de rouvrir ses portes.
Si le parisien en question avait été sympa, il vous aurait dit, avant que vous ne rentriez exténués de votre marche nocturne, de prendre un taxi.
Paris, la nuit, c’est beau. Mais c’est long.





Parcours
Des 9 mois où j’ai vécu à Charenton-le-Pont, la banlieue et l’espace sud-est de Paris furent mes lieux de promenade préférés, mon Q.G, mon espace vital. Mon quartier.
Mon trajet quotidien pour me rendre à l’école me faisait prendre le métro : j’entends encore le bruit des portes et la voix éraillée des haut-parleurs.
Ligne 8. Monter à Charenton-Ecoles, direction Balard. Liberté ; Porte-de-Charenton ; Porte Dorée ; Michel Bizot ; Daumesnil ; Montgallet ; Reuilly-Diderot. Descendre, prendre la ligne 1 direction Vincennes : une station : redescendre à Nation. Puis le RER A « Val de Fontenay…..Val de Fontenay ».
Mais bien souvent mon plaisir du soir était de prendre le métro et d’y rester les yeux fermés, descendre à une station décidée au hasard, y prendre ou non une correspondance, en fonction qu’il y en ait ou pas, et finalement me retrouver quelque part dans Paris, à pied, dans un quartier qui m’était inconnu. C’est comme ça que bien souvent je me suis retrouvée dans le quartier sud-est de Paris, trop impatiente de descendre pour goûter à mon aventure.
C’est dans ces cas-là qu’on se rend compte qu’il y a des quartiers où il n’y a rien.
Mon trajet préféré : Gare de Lyon-$Bastille ou Gare de Lyon-Nation. Pour aller au cinéma. Remonter la rue de Lyon ou le boulevard Diderot, de longues rues immenses et larges, pleines de gens qui débouchent sur de grandes places immenses pleines de gens elles aussi. Ma gare de Lyon. Je la connais par cœur.
Souvent aussi, partir de Gare de Lyon pour rejoindre Austerlitz en traversant le pont Charles De Gaulle, tourner le dos à la tour d’une gare pour en rejoindre une autre. Passage piéton pour rejoindre, dans une des petites rues qui n’a pas de nom, un musée dont le nom m’échappe.
Dans ce quartier aussi, Bercy, son multiplexe, son village, le parc Yitzhak Rabin. Du temps où l’un de mes amis habitait rue du Charolais, près de Dugommier, nous partions souvent de là, remontions le boulevard de Bercy jusqu’aux environs du Palais Omnisports. Traversions une partie du parc (rue Paul Belmondo) et s’y installer pour faire un pique-nique, ou continuer cette même rue, qui monte et qui descend en un grand escalier traversant la rue Kessel, pour rejoindre, par la Cour Saint-Emilion, Bercy-Village et son UGC Multiplexe. A y repenser, je me demande s’il y a un cinéma de ce quartier dans lequel je ne sois pas allée.
Pour rentrer, à pied jusqu’au Charolais, ou en métro jusqu’à Charenton. Toujours en finir là. De l’arrêt Charenton écoles au 11 rue de la République.
Mon Paris est plutôt un Paris métro, parce que, bien souvent, on se perd, à pied, dans Paris ; mais c’est un plaisir der s’y perdre, parce que si on s’y perd, c’est qu’on a toujours le nez en l’air !

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