Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

vendredi 9 novembre 2007

Pauline Abbadie d'après Jonathan Safran Foer

D'après Tout est illuminé de Jonathan Safran Foer
Ce ne fut rien de se taire contre le jour. Nous vomissâmes trente-trois cacolacs qu'on avait bu à tour de rôle et nous nous voilâmes les yeux devant la météo de Louise Bourgoin qui était projetée au cinéma derrière la pyramide inversée. Il pensa que la météo de Louise Bourgoin de la semaine passée était beaucoup plus déjantée. Ceci ne changea rien du tout à notre fainéantise moins un roquefort société. Avant le cacolac, nous descendîmes dans notre garage qui juxtaposait le garage du looser. "Je resterai éveillé par terre et tu tenteras de rester éveillé sur le tapis de clous." dit Grand-Mère. "Va te faire..." dis-je. "Je ferai une grasse mat' jusqu'à midi" "Midi ?, tu rigoles !" "Si tu veux savoir pourquoi je dis ça, c'est que pour moi, midi ce n'est pas l'heure de manger, c'est super tôt le matin." "Midi ?" dit-elle, et je suis allée me faire cuire un œuf. Pendant que Grand-Mère se salissait les pantoufles avec les poils du lavabo, je suis allée salir avec dextérité le garage du looser. Je sifflais au travers de la fenêtre entrouverte pour perturber sa réparation de métros blancs et verts et j'entendis un boucan assourdissant de pièces metalliques qui teintaient le sol de leur claquement, et le mâchement de l'herbe dans la gueule de la vache d'à côté. "Fichtre" dis-je à mon pied gauche, "il s'active le bougre! Il sera encore pété demain au crépuscule." Je fracassais la porte pour être sûr qu'il n'y allait rien en rester. Comme il n'y avait plus de porte, je puis constater la présence de Symma Divas Senior qui était encore inconsciente, gisante sur le sol. Je la regardais inerte près du garage où le looser s'affairait frénétiquement avec ses pièces de métro. "Ceci est inacceptable" pensais-je, et comme il n'y avait plus de porte, je suis parti en défonçant le mur d'à côté. Je retournais dans le garage de Grand-Mère et moi-même. Les ventilateurs étaient tous allumés et je voyais Grand-Mère en pleine action. Elle était en train de faire des pompes et elle en refaisait et elle en refaisait. Les draps du lit ne bougeaient pas d'un pouce, ni l'oreiller pendant qu'elle, elle faisait des pompes et d'autres, et encore d'autres. J'entendais ses renvois de gorge, j'entendais ses plis de peau flasque qui claquaient le sol à chaque descente. Elle a fait ça toute la nuit. Je ne savais pas pourquoi elle ne voulait pas se flanquer au lit. Sûrement pour la même raison pour laquelle je ne rêvais que de dormir. Nous concernions tous deux la même question : qu'est-ce qu'on pouvait bien fiche ici?

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