Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

vendredi 9 novembre 2007

Simon Breton d'après Jonathan Safran Foer



Tout est illuminé, éditions de l'Olivier



TEXTE 1
Nous ne parlâmes pas plus cette nuit là. Chacun de nous but trois vodkas coup sur coup en regardant la télévision posée derrière le bar. Elle diffusait le bulletin météorologique. Rien d'autre que le temps de saison pour le lendemain. C'était apaisant, nos recherches seraient du gâteau. Après nos vodkas, nous montâmes dans notre chambre qui jouxtait celle du héros. « Je dormirai sur le lit et tu dormiras par terre » dit grand-père. « Bien sûr » dis-je. Le réveil est réglé pour six heures du matin ». « Six heures ? » m'enquis-je. Pour tout dire, je ne considère pas vraiment 6 heures comme le matin mais plutôt comme tard dans la nuit, c'est pour cela que j'étais un peu inquiet. « Six » dit-il sur un ton auquel on ne répond pas.
Pendant que grand-père se lavait les dents, j'allai m'assurer que tout était en ordre dans la chambre du héros. J'écoutai à la porte pour vérifier s'il ronflait et je n'entendis rien d'anormal, seulement le vent par les fenêtres et le chant des insectes. Je me disais que c'était une bonne chose qu'il dorme bien car il sera en forme demain matin. J'appuyai sur la poignée de la porte pour vérifier si elle était verrouillée. Je l'entrouvris et Sammy Davis Junior, Junior, qui était encore consciente, entra. Je la regardai se coucher au pied du lit où le héros dormait paisiblement. Tout était en ordre, je refermai la porte sans bruit. Je retournai à la chambre que je partageais avec grand-père. Les lumières étaient déjà coupées mais je savais qu'il ne dormait pas. Je l'entendais se tourner et se retourner dans son lit. Il respirait fort. Cela dura toute la nuit. Je savais pourquoi il ne pouvait pas dormir. C'était la même raison qui m'empêchait moi aussi de trouver le sommeil. Cette question qui nous concernait tous deux : qu'avait-il fait pendant la guerre ?
TEXTE 2
Nous avons encore parlé beaucoup pour la nuit. Nous avons regardé nos vodkas sans les boire et nous avons bu les paroles de la dame de la météorologie à la télévision devant le bar. Elle n'a pas dit que la météo serait normale. Ça m'a rendu nerveux que le temps était bizarre. Mais cela n'aurait probablement pas d'affection pour nos recherches. Après, on est descendu au sous-sol dans nos cellules « je reposerai sur le lit et tu reposeras part terre » que j'ai dit à mon ptit-fils. « Bien sûr » il a répondu. « Je ferai mon réveil pour 6 heures du soir ». « Du soir ? » me dit-il en questionnant. Si j'ai dit 6 heures du soir c'est qu'il est presque 6 heures du matin et mon âge réclame du sommeil par beaucoup de quantité. « 6 du soir » dis-je encore sur le ton de la fin de la conversation.
Pendant que mon petit-fils se lavait les pieds, j'allais m'assurer que la chambre du moins que rien était inacceptable. Je me refusais à écouter à la porte mais j'entendais la manufacture de BBB fonctionner à régimes remplis couvrant le bruit du vent et des insectes. Mauvais, me dit mon cerveau, il ne repose pas, tant-pis s'il est moulu demain.

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