Un groupe de personnes qui se réunissent un jeudi sur deux pour écrire

lundi 26 novembre 2007

Pauline Abbadie à Barcelone

SI VOUS RESTEZ UNE NUIT ET UNE JOURNEE A BARCELONA :
Si vous venez de Sitgès, vous n'avez pas eu beaucoup de route à faire mais vous êtes sûrement fatigué de la nuit endiablée que venez de vivre et la perspective de trouver un hôtel ou une pension bon marché et libre à 20h, en plein centre barcelonais vous fait sûrement peur, allez sur les Ramblas, du côté du port, vous y trouverez sûrement un hôtel miteux entre le monument à Colomb et le Barrio Gotic, avec un type louche à l'accueil parlant espagnol avec un accent anglais à couper au couteau, et qui bien sûr vous demandera l'argent comptant avant de vous donner la clé de la chambre que vous n'avez pas visitée.
Si auparavant, vous avez fait Sitgès-Barcelone sans passer par l'autoroute mais par la magnifique côte (attention aux estomacs sensibles... gare aux virages), vous vous direz sans doute, à ce moment précis, quand l'anglespagnol vous aura rendu votre clé, que le petit bateau blanc au loin sur l'océan, les cactus jaillissant de la roche brute, le soleil couchant caressant la surface azur de l'eau, vous paraîtront bien face à l'odeur de destop de la douche de palier, le grincement du lit sans couverture propre, la chasse d'eau inactive et le peu d'heures qu'il vous reste à dormir.
Car oui ! Vous êtes à Barcelone, alors ne soyez pas defaitiste ! Prenez une douche et sortez ! Soyez heureux : vous avez quand même un endroit où laisser vos affaires pour la nuit et vous avec... ça vous évite de payer 30 centimes d'euros la minute de parking (gare à ceux qui veulent vous confisquer les clés de voitures!)... et voyez, vous avez même un balcon avec presque vue sur le port, presque vue sur les palmiers, et vue sur l'épicier d'en bas qui vous réveillera à 6 heures du mat, d'accord... mais à cette heure-là, dites vous que vous serez en train de confondre un reverbère avec votre bouteille...
Si vous arrivez de France, bon, vous n'êtes plus très frais, 10 heures de route... mais vous avez été prévoyant, vous saviez que vous alliez arriver à Barcelone avant 17h30, et il est 17h15. Chouette à vous, la recherche de la pension va être fructueuse : bon lit, bon marché ; vous avez le temps et comme vous êtes prévoyant, vous avez déjà les adresses des hôtels à votre budget. Donc comme un français en visite à l'étranger en manque de repères, vous choisissez la pension FRANCIA ! Vous demanderez de temps à autre votre chemin car quelque peu perdu, mais ce n'est pas grave, vous avez le temps, vous êtes à Barcelone, c'est chouette, tous ces klaxons, cette vie, ces voitures qui ne vous voient pas traverser, ces entrelacs de ruelles, que c'est excitant ! Au pied de la pension FRANCIA devant laquelle vous êtes précédemment passé trois fois , vous avez même trouvé deux flics sympas qui vous exonèrent de la taxe de parking en plein air pour un bon quart-d'heure (remerciez les monsieur : sur les rives de la barcelonetta, on ne vous rate pas le pare-brise...). A la pension, qui n'a de français que le nom, Papi vous ouvre...et t-o-u-t d-o-u-c-e-m-e-n-t, il va vous présenter deux chambres : une première avec une petite fenêtre et un lavabo qui fuit, une deuxième avec un grand lit et quatre murs autour et pas une seule ouverture, le vertige vous gagne... Vous n'hésiterez pas longtemps pour la première et donnerez votre carte d'identité à Papi qui vous aura certifié le même prix des deux chambres. Vous rigolerez moins quand une fois les valises montées, la première chambre aura pris 10 euros de plus toute seule. Dans ce genre de situation et quel que soit votre niveau d'espagnol, si vous connaissez quelques noms d'oiseaux, faites en bon usage, reprenez votre carte, vos bagages et votre route. Garez la voiture en souterrain ; si vous trouvez une place à moins de 5 euros l'heure, souriez. Faites un tour des hôtels à pieds avec vos adresses. Essuyez quelques refus poliment puis terminez sur un banc avec un forfait téléphonique surtaxé parce qu'un femme (ou un homme) au bord de la crise de nerfs sera toujours plus joyeuse de réserver son lit par téléphone. Et c'est ainsi que, quatre heures après votre arrivée, vous atterrirez dans le même hôtel miteux sur la Rambla, près du port entre le monument à Colomb et le Barrio Gotic avec l'anglaispagnol à l'accueil, l'odeur de destop sur le palier et le grincement du lit dans la chambre mais vous serez content !!!
Levez-vous tôt le lendemain, bouchez-vous le nez dans la douche à destop et retenez-vous, car rappel : la chasse d'eau ne marche pas, allez au café en bas. Sortez sur la rambla, profitez du soleil neuf de votre lourde journée, allez petidéjeuner au mercado de Santa Creu, vous y trouverez un délice olfactif et gustatif, admirerez les rangées acidulés de jus de fruit frais. Continuez car finalement, la Rambla sera votre axe principal de la matinée. Admirez l'hôpital Santa Creu et filez devant : votre déambulation de ruelles étroites en ruelles étroites vous dévoilera d'un coup d'un seul, le Musée d'Art Contemporain. Remarquez la blancheur de l'ensemble, sa courbe Niemeyerienne et son contraste au bleu gitane du ciel. Faites-vous photographier avec les squatters. Le musée étant fermé (bien sûr, en préparant votre séjour, il vous semblait bien avoir oublié quelque chose), couvrez-vous de honte et allez boire la sangria dans le café de Neus et Juan dans l'auberge espagnole. Filez place Catalunya et montez au dernier étage des galeries Lafayettes barcelonaises. Faites croire au serveur que vous allez déjeuner pour 50 euros sans les vins, il se pressera de vous mettre à la plus belle table donc plus belle vue ; admirez la vue panoramique, faites votre photo et filez à l'anglaise. Sortez par les escalators (même en descente, neuf étages, c'est long).
Continuez sur la rambla ; plus haut, vous aurez les maisons Gaudi ; si vous ne savez plus votre itinéraire, suivez le monsieur tout nu. Vous vous en rendrez vite compte : il n'y aura pas douze heures que vous serez dans la ville qu'on vous en parlera déjà. A n'en pas douter, vous le reconnaîtrez facilement dans le plus simple appareil, seulement vêtu de sandales et d'un sac à dos, et d'innombrables tatouages et autres piercings placés à certains endroits où l'on n'oserait même pas regarder. Vous devrez peut-être vous y prendre à deux fois : le monsieur est tatoué du derrière, et vu sous cet angle, il pourrait presque paraître pour un homme vêtu, par contre, de face, vous serez sûr d'avoir trouvé le bon. L'air décidé, le pas assuré, vous le rencontrerez souvent marchant de long en long sur la Rambla et plus tard, vous vous rendrez compte que ces dessins corporels sont bien plus qu'un sujet de raillerie.
Indignez-vous deux minutes sur le prix exorbitant des entrées des maisons Gaudi et partez en voiture ou en métro au parc Guell. Si vous avez la possibilité de vous changer, préférez les tongs car s'il est inondé, vous serez les deux seuls amoureux les pieds dans l'eau sur les meilleurs balcons.
Le temps presse ! Retournez sur la Rambla, en direction de la Cathédrale du Barrio Gotic, vous n'auriez pu louper ça. Si vous vous êtes fâchés la veille avec votre ami, préferez mesdames, une robe à fines bretelles pour la journée. Vous ne pourrez entrer dans la Cathédrale les épaules dénudées et votre ami sera bien obligé d'enlever son tee-shirt pour vous le prêter gracieusement. Entrez dans le cloître et restez-y une bonne demi-heure en compagnie des oies, laissant le ridicule, torse nu, au regard de la foule. Enfin, faites votre curieux/se à la boutique de souvenirs, vous croiserez peut-être votre voisine de palier ou encore une collègue des Beaux-Arts du Mans.

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